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Homélie pour le Jeudi-Saint A (09 Avril 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et Soeurs,

 

Nous sommes le premier jour du Tridium pascal. Et les quatre évangélistes ont raconté cette dernière soirée. Mais ils l'ont fait d'après des traditions différentes. Selon l'une de ces traditions, dont Jean est le grand témoin, le dernier repas fut un repas d'adieu, au cours duquel le Maître, dans un discours empreint de gravité et d'affection, fit aux disciples ses ultimes recommandations, leur donnant rendez-vous dans la maison du Père, et leur livrant son testament spirituel, en un geste symbolique mais très significatif : - le lavement des pieds (La Diaconie).

 

L'autre tradition, dont les évangiles synoptiques se font l'écho, place l'essentiel de cette soirée et du dernier repas dans un rite, une action cultuelle : - l'institution eucharistique (Le Sacerdoce).

 

Mais en fait de compte, les deux traditions se réfèrent au même événement, à savoir le don que Jésus a fait aux siens de sa propre vie. La première tradition parle de la réalité du don, de l'amour qui va jusqu'au sacrifice de la vie; la seconde rapporte le rite chargé de signifier cette réalité. La première entraîne les disciples, à travers l'exigence du service et du sacrifice. La deuxième, au contraire, fait mémoire du rite institué par Jésus avant de mourir, rite qui montre le Seigneur déjà présent dans la communauté actuelle. En effet, en disant ces paroles : « Faites cela en mémoire de moi », Jésus ne demande pas seulement de reproduire un rite; il invite les siens à entrer dans son sillage, à communier vraiment à son don, en se faisant eux-mêmes, serviteurs les uns des autres et en donnant leur vie pour leurs frères.

 

Une discussion, en effet, s'était élevée au cours du repas, entre les disciples. Il s'agissait de savoir lequel d'entre eux pouvait être tenu pour le plus grand. Jésus qui les écoutait, leur dit enfin : « Les rois des nations leur commandent en maîtres, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs. Entre vous, rien de tel. Mais que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert ».

 

Ces paroles que Luc fait dire au Maître, en cette dernière soirée, mettent en lumière l'aspect existentiel de la Pâque de Jésus - le signe de la venue du Royaume et de la nouvelle proximité de Dieu, ce n'est pas seulement un rite, ce sont de nouvelles relations entre les hommes : « Lequel, en effet, est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Or moi, je suis au milieu de vous à la place de celui qui sert » (Lc 22, 24-27).

 

Il s’agit des relations, non plus de domination mais de service mutuel, où se révèle la tendresse du Père. Oui, en Jésus, Dieu s'est approché des hommes, non en seigneur et en dominateur, mais en serviteur et en frère.

 

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Homélie pour le Dimanche des Rameaux A (05 Avril 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et sœurs,

 

Alors que nous commençons la dernière semaine de la vie de Jésus en ce dimanche des Rameaux, notre attention se tourne vers cette figure du chef serviteur qui est toujours au service des collaborateurs qu’il dirige, ce qui implique qu’ils sont eux-mêmes une fin, plutôt qu’un moyen. Oui, Jésus est le modèle du leader serviteur. Il existe de nombreux exemples de ce  leadership de Jésus dans les évangiles qui méritent d'être examinés et imités. Par exemple, au cours de la semaine qui vient Jésus accomplira l'acte d'un serviteur en lavant les pieds de ses disciples.

 

Mais tournons-nous d’abord vers un autre serviteur dans le livre d'Isaïe.  Dans ce passage d'Isaïe, nous lisons les réflexions d'un prophète qui cherche à comprendre les réalités douloureuses de l'exil et se pose constamment cette question : Quelle est la signification de la souffrance ? C'est l'une des questions auxquelles est confrontée la condition humaine. En guise d'introduction à la Semaine sainte, ce texte fournit une aide pour comprendre le cheminement de Jésus vers la résurrection à travers la croix. Ce serviteur souffrant, selon le passage d'Isaïe, offre son dos à ceux qui le frappent.  Il proclame qu'il n'a aucune raison d'être humilié, malgré les abus, parce que Dieu vient à son secours.

 

Jésus aussi s'est volontairement vidé de lui-même, prenant la forme d'un esclave, né à la ressemblance humaine. De fait, il est assimilé à ce serviteur souffrant dont parle le passage d'Isaïe. Il s'est humilié et est devenu obéissant jusqu'à la mort sur une croix. Jésus n'est pas une victime passive, car il entre pleinement et volontairement dans sa mission.  Celui que nous appelons Dieu et Seigneur est pleinement révélé dans le crucifié. Celui qui s'est humilié et a pris la forme d'un esclave nous montre qui est Dieu et comment Dieu agit. Le caractère essentiel de Dieu est celui de l'amour qui se vide de soi plutôt que de rechercher le pouvoir et la gloire.

 

Que dire donc de l’histoire de la passion que nous connaissons déjà par cœur ? Comment proclamer la Bonne Nouvelle alors que pour beaucoup, elle est peut-être devenue simplement la nouvelle d'hier ?

 

Notons que devant la croix il n'y a qu'une mince ligne entre fidélité et trahison.  Judas et Pierre regrettent profondément leurs trahisons de Jésus et pourtant leur vie prend des directions complètement différentes. L'exécution de Jésus est un complot de lâcheté. Caïphe et ses conspirateurs ont prédéterminé l'issue du procès.   Ils organisent de faux témoignages, mais ne trouvent toujours pas de moyen de condamner Jésus. En fin de compte, il faut l'implication directe de Caïphe pour porter des accusations de blasphème, mais le grand prêtre ne peut pas mettre quelqu'un à mort. Pour arriver à ses fins, Caïphe se tourne vers Pilate dont le travail principal était de maintenir la paix. Il tente de désamorcer une foule de plus en plus enragée, mais il finit par céder à ses passions plutôt qu'à la justice.

 

Voici quelques constatations à faire ensemble :

  • La conspiration autour de la mort de Jésus est un rappel des implications radicales de suivre Jésus jusque sur la croix. Ni Barabbas ni Simon de Cyrène n'auraient pu prévoir le rôle qu'ils joueraient dans cette histoire. Nous savons encore moins comment leur implication dans la passion a affecté leur vie.
  • Que ce soit en tant que spectateur innocent ou criminel emprisonné, le chemin du Fils de Dieu peut croiser le nôtre aux moments les plus inattendus.
  • Voyant que le corps de Jésus meurt, le centurion reconnaît en Jésus le Fils de Dieu. Le centurion n'a pas été témoin des miracles de Jésus, ni de son sermon passionné au sommet de la montagne, ni de la transfiguration éblouissante. Pourtant il a reconnu le Fils de Dieu en Jésus.

Tout au long de cette semaine, méditons le prix payé par Jésus pour sauver notre humanité. Et posons-nous des questions du genre : L'humilité et le service sont-ils évidents parmi nous?

 

Bonne semaine sainte.

 

 

 

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Et si on célébrait Pâques malgré le confinement ?

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Voici quelques consignes  pour nos paroisses (Notre Dame de Poix-de-picardie et St Pierre et Paul de Liomer) :
 
- Aucune messe publique (dominicale et/ou en semaine) avec une assemblée, de quelque taille qu’elle soit, ne pourra être célébrée. 
 
- Les églises seront cependant ouvertes à partir de midi (12h) les dimanches de Rameaux et de Pâques et/ou durant le Tridium pascal, avec moins de 20 personnes en prière individuelle et à distance les unes des autres.
 
- Une messe des Rameaux, sans participation des fidèles, sera célébrée par le curé à 11h dans l'église de Beaucamps-le-vieux. Ceux et celles qui le désirent pourront mettre, depuis chez eux, leur rameaux sur leur fenêtre à cette heure précise pour une bénédiction (Notre Dame de Poix-de-picardie et St Pierre et Paul de Liomer). 
 
- Cette messe ne sera pas diffusée sur le Net. Mais l'homélie sera publiée comme d'habitude. 
 
- Les cloches pourront être sonnées là où c'est possible, le dimanche des rameaux à 11h. Et durant le Tridium pascal à 19h(Jeudi-samedi saints). PS: pas de cloches le vendredi-saint. 
 
Et vous chers parents, dès maintenant:
 
Missionnez les enfants pour qu'ils fabriquent des décorations que vous installerez le weekend de Pâques. Si possible un "Alléluia" à décorer pour être arboré sur une des fenêtres, avec votre cierge à la veillée pascale. 
 
N'hésitez pas à laisser vos intentions de prière sur le répondeur du curé. 
 
Nous espérons que ces propositions pourront aider les familles à vivre ce temps de semaine sainte en confinement, comme une occasion de se rapprocher du Christ, avec leurs enfants.
 
Merci à tous et à chacun, et en union de prière. 
 
Père Daleb Mpassy (curé)

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Homélie pour le 5e dimanche du Carême A (29 Mars 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et Soeurs,
 
Voici que celui qu’il aime est malade, mais,  au lieu de se précipiter la-bas, Jésus prend son temps. Il veut nous conduire plus loin que l'événement. Pour les amis et la famille de Lazare, Jésus arrive trop tard. Il aurait pu le guérir, s’il avait été présent. Que peut-il faire maintenant qu’il est mort ?
 
Seigneur, si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. N’est-ce pas également ce que nous souhaitons ? Au cœur du récit de Jean, ce n'est pas le miracle qui importe, mais le dialogue ente Marthe et Jésus qui lui dit : Je suis la Résurrection et la Vie. La réponse de Marthe est un modèle pour les croyants : Oui Seigneur, je croix que tu es le Christ, le Fils du Dieu qui doit venir dans le monde ! Croyons-nous vraiment cela ?
 
La question que Jésus pose à Marthe, il la pose aussi à chacun d’entre nous. Jésus peut faire revivre les blessés de la vie. Il ne s’agit pas ici de la mort biologique, mais de la mort spirituelle. Le corps est mortel, mais il y a aussi en nous l’Esprit de Dieu qui donne Vie. Ézéchiel l’avait déjà dit dans la 1ere lecture. À son peuple découragé en exil à Babylone, Dieu voulait susciter une espérance. Cette espérance n’a pas été déçue, car Dieu n'est pas du côté de la mort, mais de la vie.
 
Nous faisons l'expérience de la mort de plusieurs façons au cours de notre existence. Nous sommes parfois comme un peuple en exil ou comme Lazare : morts.  Jésus s’adresse à nous dans notre quotidien. C'est maintenant que Dieu veut nous remettre debout et nous laisser aller libres. Si nous croyons en lui, même si nous sommes morts de quelque façon, nous pouvons vivre. Nous pouvons sortir de nos tombeaux que sont nos peurs et nos enfermements. Nous devons être comme Lazare, mais aussi comme Marthe qui proclame sa foi. 'est un appel à la solidarité et à l'action. Lazare ne peut sortir seul du tombeau : il faut l'aide des autres. Nous devons enlever la pierre qui enferme Lazare et délier les liens qui l'empêchent d'aller. Et Lazare s'appelle aujourd'hui de notre nom et du nom de tous ceux qui nous entourent. Avec l’aide de Jésus, nous pouvons enlever la pierre qui bloque le chemin et les liens qui nous retiennent. Il se peut que la pierre soit très lourde.  Il se peut que nous nous demandions s’il est utile de faire ce travail, la décomposition de la vie étant si avancée. Il se peut aussi que nos paroles et nos gestes soient perçus par Lazare comme une invitation à faire un premier pas. Personne ne le fera à sa place, mais il a besoin de nous. Le premier pas ayant été fait, nous devons achever le travail : enlever les bandelettes qui paralysent et laisser aller Lazare libéré.
 
Sortons du sentiment d’impuissance. Rien n’est facile, rien n’est magique. Il faut la participation mutuelle et c’est un effort quotidien. N’attendons pas. La résurrection n’est pas une affaire d’avenir. Pour le croyant habité par l’Esprit elle est déjà en train d’être vécue, elle est en cours de réalisation. Déliez les Lazare de notre monde et laissez-les aller.

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Homélie pour le 4e dimanche du Carême A (22 Mars 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et Soeurs,

 

Les premiers évangiles racontent que Jésus a accompli des guérisons et notamment rendu la vue à certains aveugles. Que ce bienfait soit limité à quelques-uns, cela montre à suffisance que si l’intégrité physique est importante, elle ne constitue pas tout le salut de l’homme. Oui, en plus Jésus ne discute jamais sur « le problème du mal » et ne cherche à culpabiliser. Quand il voit des malades et handicapés, il ne disserte pas sur le « pourquoi ? » mais il est interpelé lui-même et voit comment apporter soulagement et réconfort.

 

Au temps de Jésus en effet, chaque malheur était, selon les Juifs, le résultat d’un péché, les disciples interrogent donc Jésus à ce sujet.  Pour les disciples et pour les pharisiens, le pécheur, c’est l’aveugle, cet homme qui ne peut être un Juif véritable puisque son handicap lui interdit la participation entière au culte du temple : il n’est en effet admis qu’à se tenir à la porte. Si ce n’est lui-même, c’est alors ses parents. Et pour les pharisiens, le pécheur, c’est également Jésus puisqu’il n’observe pas les règles religieuses du sabbat, il ne pratique pas bien les rites de sa religion.

 

Cependant, à la question: Est-ce l’aveugle de naissance qui a péché, ou bien ses parents? Jésus, d’un revers de main, rejette cette façon de voir les choses.  Dans la 1ere lecture, c’était clair déjà.  Dieu ne regarde pas comme nous qui jugeons selon les apparences. Dieu regarde le cœur. Finalement, les vrais aveugles sont ceux qui voient, mais qui ne discernent pas et qui ne croient pas.

 

C'est pourquoi Jésus prend l'initiative de la rencontre. En appliquant de la boue sur les yeux de l'aveugle, il voudrait symboliser la création. Jésus recrée l'aveugle qui voit la lumière. Jésus lui a donné la lumière extérieure pour le conduire progressivement vers la lumière de la foi. Il éclaire la nuit qui aveugle. Jésus nous sort de nos ténèbres pour nous illuminer de sa lumière de Pâques. Ainsi, l’acte thérapeutique prend tout son sens. L’homme qui fait confiance à Jésus, qui admet les ténèbres dans lesquelles il est plongé de naissance, qui se laisse travailler par lui et va se plonger dans la piscine du baptême, devient un homme éclairé, illuminé, nouveau. Il va commencer à comprendre que Jésus est plus qu’un médecin, il est « la Lumière du monde ».

 

Paul en 2e lecture explique ce qui doit être le fondement de la vie chrétienne. Nous comprenons mieux cette lecture quand nous notons que le baptême était appelé jadis une illumination.  Les chrétiens sont appelés à éclairer le monde par leurs actes de lumière : Courage, bonté, justice, vérité, espérance, et cela même dans les épreuves. Ce qui va bien avec ce temps de confinement que nous vivons tous. Oui, le nouveau voyant a traversé les épreuves des incompréhensions, des critiques, de l’abandon familial, de la condamnation des autorités. Ce feu a purifié et approfondi sa foi.

 

C’est en Jésus que nous pouvons trouver la lumière qui éclairera nos existences souvent plongées dans la nuit. Ainsi, la véritable cécité consiste à refuser de voir, à être aveugle à la lumière de Dieu.  N’avons-nous pas besoin que Jésus nous rende la vue intérieure ?

 

Suivre Jésus, c’est être obligé de tenir compte des plus faibles de la société, de voir ceux et celles qui tombent, ou encore ceux et celles qui sont marginalisés par les nouvelles valeurs à la mode.

 

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Corona virus: Des indications pratiques aux fidèles laïcs du Diocèse d'Amiens

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

A l’attention des coordinateurs et des membres des ECP du diocèse d’Amiens

Des Laïcs en Mission Ecclésiale

Chers Amis,

Nous vivons des heures très insécurisantes. Et vous êtes là. Je voudrais vous en remercier et vous redire toute ma confiance.

Pour gérer une situation évolutive, il faut faire preuve de générosité, de souplesse, de discernement et de fermeté. Il faut s’engager sur ce qui dépend de nous sans nous inquiéter de ce qui n’en dépend pas. Ce n’est pas toujours simple, car nous entrons tous avec ce que nous sommes dans ce moment de crise.

Pourtant, j’en ai plusieurs échos directs ou indirects, vous avez répondu présents et vous êtes très précieux. Merci d’être avec vos pasteurs. Il n’y a rien de pire que la solitude dans ces moments-là.

Ensemble, il nous revient de gérer la situation jour après jour. Des indications pratiques vous seront régulièrement transmises.

Notre objectif, dans cette situation inédite aux mesures drastiques, est de continuer à animer spirituellement et fraternellement les communautés du diocèse, en étant tout particulièrement attentif à ceux qui sont plus isolés. 

La situation et les responsabilités qui sont les nôtres appellent un enracinement approfondi en Christ, force, salut et vie, dans la grâce de l’Esprit Saint. Je ne peux que vous inviter à redoubler de rigueur dans votre vie spirituelle. Alors que nous ne pouvons plus célébrer de sacrement publiquement, plongez plus qu’autrefois – ce petit pas supplémentaire que vous pouvez faire – dans la prière et la méditation de la Parole de Dieu.

Quelques indications concrètes pour les jours à venir :

-          Il n’y a donc plus de célébrations ou rassemblements publics dans les églises (y compris les messes de semaine) à l’exception des obsèques.

-          Pour les obsèques, on sera attentif à respecter la limite de 100 personnes et la mise en place des « gestes barrières ». A chaque fois, cela demande un échange avec la famille pour pouvoir mettre cela en œuvre.

-          Les baptêmes des trois semaines à venir sont normalement reportés.

-          Les réunions pastorales sont réduites au strict nécessaire. Vous saurez discerner avec votre curé ce qu’il est bon de faire pour le bien de la communauté. 

-          Les églises peuvent rester ouvertes. Autant que cela est possible dans votre paroisse, je vous invite à le favoriser et de le rendre visible. Des personnes auront besoin de se recueillir. Offrons-leurs cela.

Je vous redis toute ma confiance. Les indications données ne peuvent tout prévoir ou donner réponse à toutes les situations. Vous saurez discerner avec sagesse et sens évangélique. L’abbé Yves Delépine se tient à votre disposition pour tout conseil ou avis.

Pour finir, je voudrais vous proposer un geste à partager au plus grand nombre : tous les soirs, de 19h à 20h, les chrétiens pourraient à la fenêtre de leur appartement ou de leur maison une bougie ou un lumignon. Signe discret de la lumière du Christ qui vient illuminer nos ténèbres et nous entraine au service du monde. Ce pourrait être aussi pour nous l’occasion de prendre un temps de prière, chacun chez lui mais en communion diocésaine, pour demander au Seigneur de vivre ces jours comme il le désire, et pour intercéder pour nos concitoyens.

Que le Seigneur de la Paix vous bénisse,

Olivier Leborgne,

Evêque d’Amiens

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Homélie pour le 3ème dimanche de Carême A (15 Mars 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et sœurs,

 

Dans l’Ancien Testament, la longue traversée du désert a été pour le peuple d’Israël un temps de tentations et de murmures. Elle a été une épreuve pour sa foi en Dieu. Cette épreuve dont parle le livre de l’Exode : l’épreuve de la soif et du doute.  Dans ce livre, à chaque nouvelle difficulté, le peuple s’assemble autour de Moïse pour rouspéter contre Dieu. En dépit de la manne fournie comme signe de l’amour de Dieu, le peuple regrette le passé. Moïse et Aaron se tournent alors vers Dieu et s’en remettent totalement à lui. Ainsi, dans l’eau qui coulera du rocher au désert, la tradition juive y verra la source de vie. 

 

Ce qui fait, que les premiers chrétiens attachaient vraiment de l'importance à cette rencontre en territoire samaritain, parce qu’elle évoquait l’épisode de l’eau vive. En effet, pour la petite histoire, la plupart des Juifs de Judée et de Galilée refusaient de se mêler aux Samaritains parce qu'ils les considéraient comme hérétiques et impurs. Cette répugnance avait dégénéré en antipathie.  Et voilà que Jésus agit autrement, puisqu’il aborde une femme considérée comme hérétique. Mais Jésus ne l’abordera pas en détenteur de vérité, ni en homme de pouvoir, comme l’aurait fait les autres. Mais plutôt par une demande mettant à nu sa vulnérabilité, puisqu’il a soif.

 

Même si la soif à laquelle pense la Samaritaine n'est pas la soif dont parle Jésus, c’est-à-dire celle qui donne un sens à notre vie, celle qui procure le bonheur.  Cependant, Jésus va la conduire plus loin jusqu’à ce qu’elle laisse sa cruche et tout ce qu’elle symbolise, pour se laisser transformer par cette « Parole » qui est vérité et qui lui révèle tout sur elle. Elle peut maintenant partager sa découverte avec les gens de sa ville. À leur tour également, ils y croient, comme pour dire que la foi guérit toutes les blessures et redonne la dignité humaine.

 

Oui, la rencontre avec Dieu n’est pas réservée à une élite ou à des gens vertueux. Cette rencontre n’est possible que pour ceux et celles qui ont soif : soif de justice, soif de dignité, soif de pardon, soif de paix, soif d’amour, soif de Dieu. C’est ceux-là qui sont souvent blessés par la vie ; les autres n’ont souvent soif de rien. Ils croient s’abreuver à leur propre source, et pourtant, ils sont sur le point de mourir de soif. Pour la Samaritaine, la rencontre avec Jésus est bouleversante.

 

Au-delà de notre soif humaine, ce texte pose aussi la question de la vraie religion ? Est-ce celle des Juifs ou celle des Samaritains ? Celle Chrétienne ou musulmane ? Et dans sa réponse, Jésus exprime que les religions n’expriment pas la foi. Prier, venir à la messe, lire la bible, avoir des images pieuses au mur, jeûner pendant le carême, faire le ramadan, tout cela n’est rien si nous ne sommes pas ouverts et accueillants à l’essentiel. Or l’essentiel c’est l’autre qui nous dit : donne-moi à boire. Et l'eau vive que Jésus ressuscité nous donne continuellement à boire, c’est avant tout sa parole qui fait de nous des êtres vivants de Dieu. 

 

Pendant ce temps de carême, découvrons que même dans le désert de notre vie, l'eau vive peut jaillir, car Dieu est toujours là, présent.

 

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Béatification : La Cause du Cardinal Biayenda avance malgré tout

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

L’archevêque de Brazzaville, Mgr Anatole Milandou, a réuni le comité qui œuvre sur la Cause du Cardinal Biayenda, jeudi 5 mars 2020 à la cathédrale. Mgr l’archevêque s’est rendu au Vatican début février dernier pour s’enquérir de l’état d’avancement du dossier de béatification-canonisation du Cardinal. Archevêque de Brazzaville, il fut assassiné le 22 mars 1977 peu après l’assassinat d’une autre figure illustre du pays, le président Marien Ngouabi.

La procédure de sa cause de béatification (reconnaissance des vertus héroïques et/ou du martyre) traîne. A la faveur de toute venue d’une personnalité vaticane importante au Congo pourtant, le peuple de Dieu a marqué son impatience: à quand la béatification? Sur les réseaux sociaux, on est allé jusqu’à insinuer que la torpeur venait de l’Eglise du Congo elle-même, alors qu’elle a accompli toutes les formalités requises et bouclé son enquête diocésaine.

C’est pour en avoir le cœur net et couper court aux rumeurs que Mgr Milandou s’est rendu à Rome, a rencontré différentes personnalités de la Congrégation pour les causes des saints et aussi le postulateur, le père Carme italien, Romano Gambalunga.
De tous ces contacts, a dit l’archevêque, il ressort que la figure du Cardinal Emile Biayenda a été jugée «belle et digne d’être portée à la connaissance de l’Afrique et du monde, surtout en ce moment où l’Eglise est chahutée».

Mais il reste les détails techniques d’une procédure qui a aussi ses «puristes méticuleux». Ainsi, la partie archives présente encore des faiblesses, en ce qu’elles ne sont pas triées et présentées avec méthode, puis numérotées. «Il nous faut classer les archives pour que ce travail acquière plus d’authenticité. Ce travail, nous devons le faire!», a-t-il martelé.

L’archevêque avait convié à la rencontre de ce jeudi, les personnes qui œuvrent à la Cause de béatification du Cardinal, experts d’Eglise et animateurs d’associations, pour que le travail se fasse dans les règles.

A.S.M.

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Homélie pour le 2ème dimanche du carême A (08 Mars 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Père Daleb Venceslas MPASSY

Frères et Soeurs,

 

La première lecture biblique de ce dimanche nous présente, en quelques lignes, Abraham et son exceptionnel destin. Le patriarche était né à Ur en Chaldée, au sud de l’Irak actuel. Or voilà que cet homme de la ville, ce sédentaire, est appelé par Dieu à un bouleversement radical: de sédentaire, il devient nomade; homme de la ville, il devient éleveur de troupeaux; et enfin, ce polythéiste obéit à Yahvé, la divinité jusque-là inconnue de lui qui lui promet de devenir «une bénédiction». Vous connaissez sans doute la suite de la longue marche de celui qui est reconnu, aujourd’hui encore, comme «le père de tous les croyants», juifs, musulmans et chrétiens.

 

Et c’est environ deux mille ans plus tard que Jésus entreprend une longue marche similaire. Lui qui était, nous dit saint Paul, «de condition divine, il n’a pas estimé qu’il devait chercher à se faire l’égal de Dieu; au contraire, il a lui- même renoncé à tout ce qu’il avait& et il a pris la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes, il a paru dans une situation d’homme; il a accepté de vivre dans l’humilité et s’est montré obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix.» (Philippiens 2 6-8). C’est dans ce contexte qu’il nous faut comprendre le récit de la transfiguration sur la montagne& dont Pierre, Jacques et Jean furent les témoins. A ce moment-là, celui que ses disciples avaient toujours regardé comme un homme extraordinaire, certes, mais enfin un homme, est apparu pour celui qu’il est réellement: divin. En temps ordinaire, sa condition divine était cachée par son aspect humain; mais voilà que, pour quelques instants, pour redonner courage et confiance aux trois amis intimes, il apparaît tel qu’il est, dans sa réalité divine. Cette fois, ce ne sont plus les disciples qui ont à répondre à l’interrogation de Jésus  «Pour vous, qui suis-je? C’est la voix du Père qui répond: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je mets toute ma joie. Écoutez-le.»

 

Les trois amis seront encore près de Jésus, à Gethsémani, alors qu’ils le verront défiguré dans son agonie; mais ce n’est que bien plus tard, après la Pentecôte, qu’ils pourront enfin témoigner d’une foi pleine d’assurance pour proclamer au monde qu’ils ont suivi Jésus, Dieu fait homme, pleinement homme et pleinement Dieu. Et c’est quelques décennies plus tard que Pierre, dans sa deuxième lettre, écrira: «Nous ne nous sommes pas appuyés sur des légendes habilement imaginées pour vous faire connaître la venue puissante de notre Seigneur Jésus-Christ; nous avons vu sa grandeur de nos propres yeux. Nous étions présents au moment où il a reçu honneur et gloire de Dieu le Père; dans sa gloire suprême Dieu lui fit alors entendre sa voix qui disait: «Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui je mets toute ma joie.» Nous avons entendu nous-mêmes cette voix qui venait du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte.» (2e lettre de Pierre 1, 16-18)

 

Il y a donc, d’abord, pour nous aujourd’hui comme pour Pierre, Jacques et Jean, une révélation sur la personne de Jésus. Il est, bien plus qu’un homme, le «Fils bien-aimé.» et cette révélation transfigure sa personne. Mais il y a également dans cet épisode une révélation sur la nature de notre vie de croyants. Trop souvent, nous avons tendance à réduire notre foi à une histoire de comportements d’ordre moral. Or le message de l’évangile ne se réduit pas à une règle de vie. A chacun de nous, comme à Jésus, le Père a déclaré, au jour de notre propre baptême: «Tu es mon enfant bien-aimé.» Saurons-nous refléter sur nos visages et par tout notre être cette conviction, cette prodigieuse dignité?

 

 

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Diocèse de Kinkala: Les premiers mots du nouvel évêque

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Nommé à la tête du diocèse ce 05 mars 2020, Mgr Mathurin IIdevert MOUANGA, nouvel évêque de kinkala a pris la parole.

*Mgr, un nouveau départ s’amorce dans votre vie?
**Oui, c’est un nouveau départ, mais c’est dans la foi et dans l’espérance que nous voulons l’entreprendre parce que nous sommes des chrétiens et nous ne pouvons rien sans la foi. Lorsque nous disons que c’est dans la foi et dans l’espérance que nous voulons l’entreprendre, c’est que nous voulons l’entreprendre avec Dieu d’abord.

*Mgr, le diocèse de Kinkala a une particularité qui fait son défi majeur aujourd’hui: le retour pas tout à fait complet de la paix. Quelle est votre priorité pastorale?
**Il est difficile de dégager déjà aujourd’hui une priorité pastorale, mais il reste tout autant vrai que le diocèse de Kinkala présente beaucoup de défis. Mais les défis sont faits pour qu’on les affronte, pour qu’on les relève. Un épi de maïs on ne le finit pas d’un trait, on le consomme grain après grain. Moi, je viens de succéder à quelqu’un, d’autres succéderont à moi, ils continueront l’œuvre comme disait Saint Paul: que ça soit eux, que ça soit moi, pourvu que le Christ soit annoncé.

*En trois mois, l’Eglise du Congo vient de s’enrichir de deux nouveaux évêques jeunes, pleins d’allant, pleins de dynamisme, qu’est-ce qu’on peut dire de cela?
**Mais c’est déjà Dieu qui est jeune! Le Seigneur reste éternellement jeune. Le Pape François a eu l’occasion de le révéler non seulement aux jeunes mais à toute l’Eglise. Nous espérons que le Seigneur, qui reste Lui-même éternellement, jeune va nous faire bénéficier de cette grâce de la jeunesse pour garder cet allant là et aller jusqu’au bout de là où il veut.


*La reconstruction de Kinkala, en quelque sorte, passe par vous !
**Par moi, ça serait oser de le dire: elle passe par nous, par le peuple de Dieu. Certes le pasteur est devant, il faut qu’il y soit, il a sa place. Mais le relèvement d’un peuple passe par un sursaut aussi de ce peuple-là.

*Merci beaucoup, Monseigneur, et bonne mission pastorale
**Merci à vous et surtout union dans la prière, c’est peut-être le plus grand cadeau que l’on puisse me faire en ce moment-ci.

Propos recueillis par
A.S. MIANZOUKOUTA
et Léandre LECOQ

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