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Homélie pour le 2ème dimanche du carême A (08 Mars 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Père Daleb Venceslas MPASSY

Frères et Soeurs,

 

La première lecture biblique de ce dimanche nous présente, en quelques lignes, Abraham et son exceptionnel destin. Le patriarche était né à Ur en Chaldée, au sud de l’Irak actuel. Or voilà que cet homme de la ville, ce sédentaire, est appelé par Dieu à un bouleversement radical: de sédentaire, il devient nomade; homme de la ville, il devient éleveur de troupeaux; et enfin, ce polythéiste obéit à Yahvé, la divinité jusque-là inconnue de lui qui lui promet de devenir «une bénédiction». Vous connaissez sans doute la suite de la longue marche de celui qui est reconnu, aujourd’hui encore, comme «le père de tous les croyants», juifs, musulmans et chrétiens.

 

Et c’est environ deux mille ans plus tard que Jésus entreprend une longue marche similaire. Lui qui était, nous dit saint Paul, «de condition divine, il n’a pas estimé qu’il devait chercher à se faire l’égal de Dieu; au contraire, il a lui- même renoncé à tout ce qu’il avait& et il a pris la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes, il a paru dans une situation d’homme; il a accepté de vivre dans l’humilité et s’est montré obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix.» (Philippiens 2 6-8). C’est dans ce contexte qu’il nous faut comprendre le récit de la transfiguration sur la montagne& dont Pierre, Jacques et Jean furent les témoins. A ce moment-là, celui que ses disciples avaient toujours regardé comme un homme extraordinaire, certes, mais enfin un homme, est apparu pour celui qu’il est réellement: divin. En temps ordinaire, sa condition divine était cachée par son aspect humain; mais voilà que, pour quelques instants, pour redonner courage et confiance aux trois amis intimes, il apparaît tel qu’il est, dans sa réalité divine. Cette fois, ce ne sont plus les disciples qui ont à répondre à l’interrogation de Jésus  «Pour vous, qui suis-je? C’est la voix du Père qui répond: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je mets toute ma joie. Écoutez-le.»

 

Les trois amis seront encore près de Jésus, à Gethsémani, alors qu’ils le verront défiguré dans son agonie; mais ce n’est que bien plus tard, après la Pentecôte, qu’ils pourront enfin témoigner d’une foi pleine d’assurance pour proclamer au monde qu’ils ont suivi Jésus, Dieu fait homme, pleinement homme et pleinement Dieu. Et c’est quelques décennies plus tard que Pierre, dans sa deuxième lettre, écrira: «Nous ne nous sommes pas appuyés sur des légendes habilement imaginées pour vous faire connaître la venue puissante de notre Seigneur Jésus-Christ; nous avons vu sa grandeur de nos propres yeux. Nous étions présents au moment où il a reçu honneur et gloire de Dieu le Père; dans sa gloire suprême Dieu lui fit alors entendre sa voix qui disait: «Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui je mets toute ma joie.» Nous avons entendu nous-mêmes cette voix qui venait du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la montagne sainte.» (2e lettre de Pierre 1, 16-18)

 

Il y a donc, d’abord, pour nous aujourd’hui comme pour Pierre, Jacques et Jean, une révélation sur la personne de Jésus. Il est, bien plus qu’un homme, le «Fils bien-aimé.» et cette révélation transfigure sa personne. Mais il y a également dans cet épisode une révélation sur la nature de notre vie de croyants. Trop souvent, nous avons tendance à réduire notre foi à une histoire de comportements d’ordre moral. Or le message de l’évangile ne se réduit pas à une règle de vie. A chacun de nous, comme à Jésus, le Père a déclaré, au jour de notre propre baptême: «Tu es mon enfant bien-aimé.» Saurons-nous refléter sur nos visages et par tout notre être cette conviction, cette prodigieuse dignité?

 

 

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