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Homélie pour le 3ème dimanche de Carême A (15 Mars 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et sœurs,

 

Dans l’Ancien Testament, la longue traversée du désert a été pour le peuple d’Israël un temps de tentations et de murmures. Elle a été une épreuve pour sa foi en Dieu. Cette épreuve dont parle le livre de l’Exode : l’épreuve de la soif et du doute.  Dans ce livre, à chaque nouvelle difficulté, le peuple s’assemble autour de Moïse pour rouspéter contre Dieu. En dépit de la manne fournie comme signe de l’amour de Dieu, le peuple regrette le passé. Moïse et Aaron se tournent alors vers Dieu et s’en remettent totalement à lui. Ainsi, dans l’eau qui coulera du rocher au désert, la tradition juive y verra la source de vie. 

 

Ce qui fait, que les premiers chrétiens attachaient vraiment de l'importance à cette rencontre en territoire samaritain, parce qu’elle évoquait l’épisode de l’eau vive. En effet, pour la petite histoire, la plupart des Juifs de Judée et de Galilée refusaient de se mêler aux Samaritains parce qu'ils les considéraient comme hérétiques et impurs. Cette répugnance avait dégénéré en antipathie.  Et voilà que Jésus agit autrement, puisqu’il aborde une femme considérée comme hérétique. Mais Jésus ne l’abordera pas en détenteur de vérité, ni en homme de pouvoir, comme l’aurait fait les autres. Mais plutôt par une demande mettant à nu sa vulnérabilité, puisqu’il a soif.

 

Même si la soif à laquelle pense la Samaritaine n'est pas la soif dont parle Jésus, c’est-à-dire celle qui donne un sens à notre vie, celle qui procure le bonheur.  Cependant, Jésus va la conduire plus loin jusqu’à ce qu’elle laisse sa cruche et tout ce qu’elle symbolise, pour se laisser transformer par cette « Parole » qui est vérité et qui lui révèle tout sur elle. Elle peut maintenant partager sa découverte avec les gens de sa ville. À leur tour également, ils y croient, comme pour dire que la foi guérit toutes les blessures et redonne la dignité humaine.

 

Oui, la rencontre avec Dieu n’est pas réservée à une élite ou à des gens vertueux. Cette rencontre n’est possible que pour ceux et celles qui ont soif : soif de justice, soif de dignité, soif de pardon, soif de paix, soif d’amour, soif de Dieu. C’est ceux-là qui sont souvent blessés par la vie ; les autres n’ont souvent soif de rien. Ils croient s’abreuver à leur propre source, et pourtant, ils sont sur le point de mourir de soif. Pour la Samaritaine, la rencontre avec Jésus est bouleversante.

 

Au-delà de notre soif humaine, ce texte pose aussi la question de la vraie religion ? Est-ce celle des Juifs ou celle des Samaritains ? Celle Chrétienne ou musulmane ? Et dans sa réponse, Jésus exprime que les religions n’expriment pas la foi. Prier, venir à la messe, lire la bible, avoir des images pieuses au mur, jeûner pendant le carême, faire le ramadan, tout cela n’est rien si nous ne sommes pas ouverts et accueillants à l’essentiel. Or l’essentiel c’est l’autre qui nous dit : donne-moi à boire. Et l'eau vive que Jésus ressuscité nous donne continuellement à boire, c’est avant tout sa parole qui fait de nous des êtres vivants de Dieu. 

 

Pendant ce temps de carême, découvrons que même dans le désert de notre vie, l'eau vive peut jaillir, car Dieu est toujours là, présent.

 

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