Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Homélie pour la fête des Défunts B (02 Novembre 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

 Frères et Sœurs,

Nous avons tous, déjà perdu un ou plusieurs êtres chers. Hier, dans la solennité de la Toussaint, l’Eglise nous rappelait que nous sommes tous appelés, au terme de notre vie, à rejoindre le Seigneur, dans la vie éternelle. Au lendemain donc de la fête de la Toussaint, l’Eglise prie plus particulièrement pour ceux qui nous ont quittés afin qu’ils entrent dans la paix et la lumière de Dieu. Ce soir, alors que nous allons confier au Seigneur nominativement chaque défunt de l’année écoulée, je voudrais méditer avec vous sur la question du deuil qui est toujours une réalité compliquée et difficile.

Lorsque nous vivons un deuil, l’amour que nous avons pour celui ou celle qui nous quitte, le chagrin que nous éprouvons, ont pour conséquence logique de nous replier sur nous-mêmes. C’est tout à fait normal et naturel. Nous nous rappelons des souvenirs, des moments joyeux et importants passés avec ceux qui nous ont quittés, parfois aussi des moments plus compliqués.

Il arrive aussi que l’amertume ou le sentiment de révolte que nous avons, se reporte sur Dieu qui, s’il n’est pas responsable du décès, du moins est responsable de ne pas l’avoir empêché. C’est pourquoi je vous invite à méditer l’Evangile que nous venons d’entendre. Dans lequel, Jésus nous parle du jugement dernier. Et en utilisant une métaphore de brebis et de chèvres, il nous montre que ce sera un jugement d'amour. «Vous serez jugé sur l'Amour» nous dit Saint Jean de la Croix. Mais j’aimerais aussi méditer avec vous un autre texte (Luc 7,11-17) qui parle de la veuve de Naïn. Alors qu’une pauvre veuve conduit son fils unique en terre, Jésus qui approche de ce village, s’arrête devant le cortège funéraire, et « est saisi de pitié » devant la détresse de cette femme. Voilà le regard de Dieu sur toutes nos souffrances, et plus particulièrement sur tous les deuils que nous vivons. Dieu jette toujours un regard de pitié et de compassion au sens où il souffre avec nous.

N’oublions pas que Dieu a lui aussi accepté de souffrir pour rejoindre l’homme dans sa souffrance. C’est ce qu’a vécu Jésus sur la Croix. Dieu n’est plus le responsable de la mort, mais celui qui l’a vécue avec nous et pour nous. L’Evangile de ce jour peut donc nous faire peur. Et, on s’interroge, en effet: ai-je bien donné à manger ou à boire à celui qui en avait besoin ? Suis-je allé visiter celui qui était malade, qui attendait une visite ? … N’aurais-je pas loupé beaucoup de choses dans ma vie ? Et je pense en particulier à tous ces rendez-vous manqués, que ce soit volontairement ou involontairement ! Finalement, quelle véritable charité ai-je pratiquée, car la chose essentielle que le récit semble mettre en valeur, c’est bien l’amour ? L’amour de l’autre.

Au cours de cette messe, nous allons demander au Seigneur, avec l’intercession de la Vierge Marie, qu’Il conduise chacun de ceux qui nous ont quittés vers la pleine lumière, vers le repos éternel et demandons à Marie de nous aider à entrer avec chacun de nos défunts dans une relation de Vie, eux qui nous entrainent nous aussi vers la Vie. Amen.

 

Voir les commentaires

Homélie pour le 31ème Dim du T.O B (31 Octobre 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

 Frères et Sœurs,

Les textes bibliques de ce dimanche nous appellent à une vraie conversion : aimer Dieu, et aimer notre prochain. L’un ne va pas sans l’autre. La source de cet amour c’est Dieu lui-même.   Dans l’Evangile, le scribe qui s’avance n’est pas malveillant, au contraire : sa question était classique, un sujet de conversation courant, apparemment : si l’on comptait bien tous les détails de la loi juive, on dénombrait six cent-treize commandements : des problèmes de choix de priorité se posaient inévitablement. D’où la question : « Quel est le premier de tous les commandements ? »  Comme toujours, Jésus répond en se référant à l’Écriture elle-même ; et comme tout bon scribe, il sait rapprocher les textes entre eux. Ici, il en cite deux, extrêmement connus : « Voici le premier : Écoute, Israël : le SEIGNEUR notre Dieu est l’unique SEIGNEUR. Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là »  Le premier n’est autre que le fameux « Shema Israël », le Credo juif en quelque sorte (Dt 6) ; le second est un passage du livre du Lévitique, bien connu des autorités religieuses (Lv 19,18)

Aujourd’hui, nous recevons le grand commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Ce qui nous fait prendre conscience que nous sommes donc créés pour aimer. Dieu qui est amour nous a créés pour que nous puissions, nous aussi, aimer et demeurer unis à lui. Nous ne trouverons la vraie joie qu’en aimant. C’est un seul et même amour qui nous attire vers Dieu et vers les autres.

Pour répondre à cet amour infini de Dieu pour nous, nous ne pouvons pas nous contenter d’une « petite messe de temps en temps, une « petite prière » le soir. L’amour de Dieu doit prendre toute notre vie, de la tête aux pieds, du matin au soir. Cet amour doit prendre en compte notre vie intime mais aussi nos responsabilités et engagements collectifs. L’amour du prochain doit être compris à la lumière de l’Évangile. Pour Jésus, c’est clair, le seul véritable amour c’est de donner sa vie pour ceux qu’on aime. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » c’est-à-dire d’un amour respectueux du bonheur de l’autre comme si c’était le nôtre. « Aimer c’est tout donner et se donner soi-même ».

En ce jour, la Parole de Dieu nous interpelle tous. Elle nous invite à changer notre regard sur Dieu et le prochain. Le Christ veut nous entraîner tous à sa suite. Il veut nous apprendre à voir tous nos frères et sœurs avec le cœur même de Dieu. Célébrer l’Eucharistie c’est communier à l’amour du Christ pour le Père et pour chaque être humain. C’est se mettre en disposition d’aimer. En ce jour, nous te prions Seigneur : Envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre. Amen

Voir les commentaires

Homélie pour le 30ème Dimanche du T.O B (24 Octobre 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et Sœurs,

Dans l’Évangile de ce dimanche, c’est la promesse de Jérémie qui se réalise : cela se passe à Jéricho, la ville la plus basse du monde (400 mètres au-dessous du niveau de la mer. Cette ville représente le monde du péché, éloigné de Dieu. Jésus entre dans cette ville et en sort aussitôt. Il vient dans ce monde du péché pour nous en sortir. C’est une manière de dire qu’il peut venir nous chercher très loin et très bas. Et c’est la rencontre avec l’aveugle Bartimée. Comme aveugle, sa situation l’a marginalisé par rapport à la société. Il n’a rien et n’est rien. Il ne vit que des piécettes que les gens veulent bien lui donner sans prendre le temps de poser leur regard sur lui. De fait, quand il appelle Jésus, les gens veulent même le faire taire : “Tais-toi, nous accueillons un personnage important… Ne viens pas nous déranger”. Mais lui, insiste de plus belle car il entendu parler de ce Jésus qui guérit les blessés.

Ainsi, nous sommes parfois comme cette foule qui ne veut pas être dérangée par divers sollicitations d’appels à l’aide. Cela nous casse les oreilles. On aurait bien voulu être au calme dans notre confort, loin de la misère du monde. C’est exactement ce qui se passe quand nous ne voulons pas entendre le cri des pauvres, la détresse des exilés, la souffrance des malades, la révolte de ceux et celles qui se sentent trahis, les pleurs des orphelins. Ces dernières semaines, avec le rapport Sauvé, on nous a parlé des enfants victimes d’abus. Des situations dramatiques restées sous silence pendant des années. Parce qu’il ne fallait pas en parler. Aussi, n’oublions pas ceux qui sont harcelés, ceux qui sont réduits à l’état d’esclave. C’est dire que, comme cette foule, nous avons la tentation de faire la sourde oreille car nous nous sentons désarmés devant les blessures et les injustices de notre temps.

Et pourtant, Jésus nous demande de convier tous les blessés de notre temps. Aujourd’hui comme autrefois, il nous demande de les appeler. Il veut leur permettre de rencontrer la chaleur et la lumière du visage divin. Nous ne sommes pas le Sauveur, mais nous pouvons permettre la rencontre de Celui qui est la source de toute paix et de toute joie. La médiation que Jésus nous confie, c’est d’être les témoins authentiques de l’espérance qui nous habite. Comme Jérémie en son temps, nous sommes envoyés pour être les messagers de cette espérance. Ne nous laissons pas aveugler par les médias qui ne pensent qu’à déverser des mauvaises nouvelles.

Le Seigneur est là pour nous guérir de nos aveuglements, pour nous ouvrir à l’amour de Dieu et à celui de tous nos frères. Laissons Bartimée nous apprendre à avoir cette confiance inébranlable en Jésus. Des gens chercheront peut-être à nous en dissuader. Les mêmes pourront nous y encourager plus tard. Arrêtons-nous chaque fois que nous rencontrons un homme, une femme ou un enfant qui crie sa peine. Prenons le temps d’écouter et de regarder. Nous ne pourrons peut-être faire grand-chose sur le moment. Mais si tous les disciples de Jésus prennent ainsi le temps de s’arrêter, s’ils préfèrent la rencontre personnelle des frères à toutes les grandes idéologies, ils changeront le monde. Demandons au Seigneur de nous guider sur ce chemin de conversion.

 

Voir les commentaires

Homélie pour le 29ème Dimanche du T.O B (17 Octobre 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et Sœurs,

En ce dimanche, nous entrons dans la semaine missionnaire mondiale. C’est aussi la journée mondiale du refus de la misère. Or nous vivons dans un monde qui est dominé par la recherche du pouvoir et du prestige. Comment être alors messagers du Christ si nous n’allons pas à contre-courant de cette mentalité ?

Les disciples eux-mêmes se sont laissé prendre au piège. Nous voyons qu’ils n’ont rien compris. Jésus vient de leur annoncer sa Passion, sa mort et sa résurrection. Et c’est à ce moment que, de ce groupe, deux hommes se détachent, Jacques et Jean. Pour être rassurés, ils demandent à Jésus de siéger à sa droite et à sa gauche dans son Royaume. Les autres disciples s’indignent : “Pourquoi pas nous ?” Mais Jésus ne s’indigne pas. Il sait ce qu’il y a dans le cœur de l’homme. S’il intervient, c’est pour les amener et nous amener à changer de perspective. Il dénonce les rapports de force et de supériorité. Le pouvoir comme écrasement des autres ne doit pas avoir sa place parmi les disciples. Le plus grand, c’est celui qui se fait serviteur et même esclave de tous.

Tout cela nous invite à réviser notre manière de vivre à l’intérieur de notre société. Nous pensons à tous ceux et celles qui s’engagent au service des autres. Pour certains, cela passe par un engagement politique ou syndical ; d’autres trouvent leur place dans une association humanitaire ; d’autres encore sont engagés au service de leur paroisse. C’est donc l’occasion de se demander : « Dans quoi je suis engagé ? » On ne peut pas être disciple sans engagement à quelque chose. À travers nos engagements, nos gestes de partage et de solidarité, nous participons à la mission du Christ qui s’est fait serviteur.

En effet, toute la Bible nous dit que Dieu se met au service de l’homme. Il est celui qui a vu la misère de son peuple. Il se fait petit, humble et serviteur pour nous aider à mieux accepter le Salut qu’il nous offre. Nous chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes tous appelés à participer à ce sacerdoce du Christ. Nous sommes envoyés dans le monde pour être présence du Christ Notre priorité doit aller vers ceux et celles qui sont douloureusement éprouvés par la maladie, la souffrance et les misères de toutes sortes. Cependant, trop souvent, nous cherchons Dieu dans le ciel. Et pourtant, il se présente à nous à travers le visage du petit, du pauvre, de l’orphelin, de celui ou celle qui souffre de la solitude. Et nous passons à côté de lui sans le reconnaître ; c’est ce qui se passe quand nous le cherchons dans le bruit, dans la toute-puissance et la majesté.

Demandons à l’Esprit-Saint de nous apprendre à reconnaître le visage du Christ à travers ceux et celles que nous rencontrons sur notre route.

Voir les commentaires

Homélie pour le 27ème Dim du T.O B (03 Octobre 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et Sœurs,

L’Évangile de ce dimanche nous montre deux manières de se comporter à l’égard du Christ : D’un côté, nous trouvons celle des petits enfants ; Jésus les donne en exemple pour leur manière d’accueillir le Royaume de Dieu. Ce Royaume est offert à tous. Pour l’accueillir, il suffit de se laisser aimer par Dieu comme seuls les petits enfants savent le faire. Face à eux, l’Évangile nous montre ceux qui ne cherchent qu’à piéger Jésus. Ils n’hésitent pas à utiliser la ruse pour l’enfoncer. Ces deux attitudes, celle des petits enfants et celle des pharisiens nous interpellent : comment accueillons-nous la Parole de Dieu ? Avec droiture et générosité ? Ou dans l’indifférence et le refus ?

Cette différence dans l’accueil de la Parole de Dieu est illustrée par la question des pharisiens à Jésus : “Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?” Jésus les renvoie à la loi de Moïse qu’ils connaissent par cœur. Ils savent qu’elle permet de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. Jésus leur répond que si Moïse a fait cette concession, c’est à cause de l’endurcissement de leur cœur. La Bible prend les gens là où ils en sont pour les amener progressivement vers la Révélation dans le Christ Jésus. Dans sa réponse, Jésus prend le parti de Dieu. Il les renvoie au livre de la Genèse (1ère lecture) : “Il les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux mais ils ne font qu’un.” Et Jésus ajoute : “Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.” Cet enseignement du Christ est très fort ; il défend la dignité du mariage. L’homme et la femme qui se marient sont appelés à former une communauté de vie, de partage et d’amour. À travers leur manière de s’aimer et d’aimer leurs enfants, ils disent quelque chose de l’amour passionné qui est en Dieu. Or c’est précisément cela qui a été voulu par Dieu depuis les origines. Il a voulu que leur amour soit un écho de celui qui est en lui.

C’est vrai que tout cela ne va pas sans difficulté. Il suffit de voir tous ces couples qui n’arrêtent pas de se déchirer et qui finissent par se séparer. Nous voyons aussi des vies de familles très déroutantes : certaines se contentent d’être des familles “hôtel restaurant” ou des “familles dortoir”. Elles sont une simple juxtaposition de personnes ; il n’y a pas de vrai dialogue sur les questions essentielles. L’union de l’homme et de la femme nous dit quelque chose de l’alliance entre Dieu et les hommes. Nous recevons cet Évangile comme un appel à défendre la famille sans relâche. En ce dimanche, nous nous tournons ensemble vers notre Dieu qui est source de tout amour. Dieu nous aime tous inconditionnellement quelle que soit notre situation et quels que soient nos torts. Il vient nous chercher là où nous en sommes pour nous inviter à faire un pas de plus sur le chemin de la vie. Que cette bonne nouvelle nourrisse notre espérance et notre prière !

 

Voir les commentaires

Homélie pour le 25ème Dimanche du T.O B (19 Sept 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

 

Frères et Sœurs,

Chacun des trois textes qui nous sont proposés en ce dimanche nous montre deux logiques qui s’opposent. À travers ces trois lectures, c’est Dieu qui nous parle ; le juste qui souffre (1ère lecture) nous renvoie aux chrétiens persécutés qui sont obligés de fuir leur pays. Nous pouvons aussi nous reconnaître à travers l’intriguant dont nous parle saint Jacques dans la seconde lecture. Et dans l’Évangile, le Seigneur nous rappelle que les vrais grands ne sont pas ceux qui recherchent les premières places et les honneurs mais plutôt ceux et celles dont le cœur est ouvert aux autres.

La première lecture est un extrait du livre de la Sagesse. Elle nous renvoie au premier siècle avant Jésus Christ. A cette époque beaucoup de juifs étaient partis à l’étranger. Dans le cas présent, il s’agit de ceux qui vivent désormais à Alexandrie. Ils ont fini par renier leur foi, parce que les grecs les tournent en dérision en prétendant avoir une connaissance particulière de Dieu. Les difficultés et les épreuves de ces croyants sont aussi les nôtres. Nous vivons dans un monde où beaucoup sont devenus indifférents ou hostiles à la foi. Les scandales par les hommes d’Eglise, qui ont été mis en évidence ces dernières semaines ne font qu’alourdir cette souffrance. Mais la parole de Dieu nous dit d’avoir la ferme espérance que le mal et la haine n’auront pas le dernier mot. Toutes ces épreuves qui frappent l’Église sont un appel à nous attacher fermement au Seigneur. Rien ne peut nous séparer de son amour.

Dans la seconde lecture, saint Jacques dénonce « la jalousie et les rivalités ». Selon lui, la soif de s’enrichir justifie l’emploi de tous les moyens, y compris la violence et le meurtre. C’est donc tous ces maux qui sont à l’origine des guerres, des violences et du mal. Et cela reste encore manifeste de nos jours. On peut démontrer que ceux qui fabriquent les armes, doivent les vendre, et pour les vendre il faut des zones de conflits. Logique simple, on crée des zones de conflit, on échange les armes contre les matières premières, et on revient jouer les pompiers en sur-endettant les belligérants, à la fin on est 5 fois gagnant. Malheureusement, après on est compté parmi les pays les plus riches du monde, on a le pouvoir, G20. Et l’Évangile de saint Marc dénonce cette même tentation qui, peu à peu, gagne l’Église ; selon l’expression du pape François, c’est « l’envie mondaine d’avoir le pouvoir », l’envie et le désir « d’aller plus haut ».

En lisant cet Évangile, nous voyons bien que, comme beaucoup d’entre nous, les apôtres n’ont rien compris ; Car leur seule préoccupation c’est d’aller le plus haut possible dans le pouvoir. Ils sont tentés par la façon de penser du monde. Or pour Jésus, c’est l’occasion de faire une mise au point très ferme : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

Cet enseignement de Jésus vaut aussi pour nous tous: « le plus grand est celui qui sert, celui qui est au service des autres. Et non pas celui qui se vante ni celui qui cherche l’argent et le pouvoir ». La vraie grandeur c’est l’accueil et le service des petits. Nous sommes donc appelés à être une Église « au service » des autres, en particulier des plus fragiles. Nous nous rappelons ce que Jésus a dit un jour : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait ». Prions Dieu afin qu’il nous donne force et courage pour rester en « tenue de service ».

 

Voir les commentaires

Homélie pour le 24ème Dimanche du T.O B (12 Sept 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

 Frères et Sœurs,

Dans l’Évangile de ce jour, nous retrouvons Jésus aller à la rencontre de ceux qui ont besoin d’être guéris et relevés. Dimanche dernier, nous avons vu qu’en Décapole, il a guéri un sourd muet ; il lui a permis de mieux communiquer, d’être de nouveau en relation ; il lui a permis de mieux écouter la Parole de Dieu et donc de la partager.

Et bien sûr, cela ne peut pas rester sans conséquences puisqu’au vu de tous ces signes, les gens se posent des questions sur lui, car il parle avec autorité et qui pose des actes forts. Qui est-il vraiment ? Jésus lui-même pose la question à ses disciples : “Pour les gens qui suis-je?” Etonnement car chaque réponse le compare à un homme qui a marqué l’histoire : « Jean Baptiste, Elie, ou l’un des prophètes… » Ensuite Jésus s’adresse à ses disciples : “Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?” La réponse de Pierre semble la meilleure : “Tu es le Christ”. Cette réponse est porteuse de toutes les espérances du monde juif : on attendait un Messie qui libèrerait le pays de l’occupant étranger ; il rétablirait la royauté́ en Israël. Avec lui, ce serait l’avènement d’un règne de Dieu puissant et fort. Mais ce n’est pas de cette façon que Jésus a voulu établir le règne de Dieu : Pour la première fois, il enseigne à ses disciples que le Messie va souffrir pour sauver son peuple. Cette conception d’un Messie souffrant leur est étrangère. Elle choque tellement leur attente que Pierre veut s’y opposer. Mais Jésus maintient fermement que celui qui veut être son disciple doit envisager de le suivre jusqu’à̀ la croix.

 Frères et Sœurs, aujourd’hui, la même question nous est posée à tous et à chacun : qui est Jésus pour nous ? Beaucoup voient en lui un homme généreux, un sage, un homme qui a fait beaucoup de miracles. En fait, on ne sait pas trop ; on n’est pas très certains de sa véritable identité. Comme les disciples, nous avons besoin d’apprendre à̀ écouter Jésus. Lui seul peut nous faire découvrir quelle est sa mission de Messie et comment il peut nous libérer et nous redonner vie.

En nous révélant sa mission, Jésus nous montre un chemin exigeant et difficile. C’est un chemin qui passe par la croix. Suivre la route du Christ n’a rien à voir avec la gloire, le succès, l’affirmation de soi, mais plutôt avec la capacité d’aimer, de servir et d’être solidaire. Notons que notre monde est plus beau parce qu’une mère de famille passe des nuits blanches à soigner l’un de ses enfants malades, un père travaille dix heures par jour pour nourrir les siens, un couple se prive d’un voyage à l’étranger pour venir en aide à un voisin en difficultés financières, des amis supportent un alcoolique ou un jeune sous l’emprise de la drogue, des parents prennent soin d’un enfant handicapé, des enfants s’occupent de leurs vieux parents. Le Christ a donné sa vie pour les autres et il nous invite aujourd’hui à faire comme lui.

Voir les commentaires

Homélie pour le 23ème Dimanche du T.O B (05 Sept 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

 Frères et Sœurs,

La guérison du sourd-muet que nous rapporte l’Evangile d’aujourd’hui se situe au milieu de trois événements qui, tous trois, se déroulent en territoire païen :

  • La prière d’une femme grecque demandant à Jésus de chasser le démon de sa fille,
  • La guérison d’un sourd-muet,  
  • La seconde multiplication des pains.

Tous ces événements, nous ne pouvons pas les dissocier l’un de l’autre parce que ce regroupement dans le temps est volontaire de la part de saint Marc. Ces déplacements en terre non juive ont un sens immédiat pour ceux qui les vivent, et en particulier pour les apôtres, quand on connaît l’antipathie que les juifs de la Terre Sainte avaient de se trouver en terre païenne.

Si aujourd’hui, nous voyons Jésus en territoire païen et non en territoire d’Israël, c’est que sa mission n’est pas réservée à un unique peuple. Elle s’ouvre à tous. C’est dire que ce sourd muet représente tout un peuple pratiquement fermé à la Parole de Dieu, et incapable de proclamer les merveilles de son Créateur. Notons qu’un seul mot résume bien toute l’action du Christ sur ce sourd: « Effata » (ouvre-toi). Oui, par cette parole, Jésus vient nous ouvrir tous à Dieu, aux autres, à tous les autres.

Cet homme handicapé nous ressemble tous et chacun. Même si nous entendons et parlons correctement, il peut nous arriver de nous enfermer sur nous-mêmes. Nous vivons dans un monde super médiatisé, mais beaucoup continuent à vivre dans l’individualisme. Cette attitude nous rend sourds aux drames du monde et au bien commun. D’où tous le sens de cette annonce : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu. C’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il va vous sauver ». Ce message que nous avons entendu dans la première lecture, cette revanche de Dieu c’est celle de son amour. Il ne prend pas sa revanche contre nous mais contre le mal qui nous atteint et nous abime. Sa revanche c’est de supprimer le mal, c’est faire en sorte que les aveugles voient et que les sourds entendent. Avec lui, le mal ne peut avoir le dernier mot. Mais nous constatons que Jésus utilise des gestes familiers pour cette guérison : mettre les doigts dans les oreilles pour les déboucher, prendre de la salive pour délier ce qui est retenu. Des gestes corporels qui nous associent à Dieu et qui déjà préfigure la liturgie des sacrements : « signe visible d’une réalité invisible ».

En ce jour, nous te supplions, Seigneur : Touche nos oreilles pour qu’elles entendent. Touche nos lèvres pour qu’elles proclament ta louange. Dans ton Eucharistie, le sacrement des sacrements, touche tout notre être, notre corps, pour que nous vivons par toi et pour toi. Amen

Voir les commentaires

Homélie pour le 22ème Dimanche du T.O B (29 Août 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

 Frères et Sœurs,

Les chefs religieux reprochent aux disciples de Jésus de “prendre leurs repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.” Dans le contexte sanitaire actuel, nous savons que ce geste est indispensable. En raison de la pandémie, il faut absolument tout faire pour se protéger et protéger les autres contre la maladie.

Mais dans l’Évangile de ce jour, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Pour les scribes et les pharisiens, c’était un geste religieux qui était transmis par la tradition des anciens. Jésus ne leur demande pas d’abandonner ces pratiques ; mais il ne veut pas que celles-ci les détournent de l’essentiel : la Loi de l’Amour. Il leur rappelle que ce qui rend impur c’est ce qui sort du cœur de l’homme. Pour Jésus, la lutte contre l’impureté est avant tout une lutte intérieure ; c’est au-dedans de nous, au plus profond de notre cœur qu’il faut combattre les gestes impurs de l’égoïsme, de l’orgueil, de la violence, de l’injustice, de la calomnie et du mensonge.

Le problème c’est que ce culte purement extérieur ne correspondait pas à une attitude intérieure vraie. Et Jésus ne manque pas d’en faire le reproche : “Ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi. Il est inutile le culte qu’ils me rendent. Les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains.” Puis Jésus va encore plus loin dans sa réponse : “Vous laissez de côté les commandements de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes.”

Toutes ces pratiques traditionnelles sont inscrites dans le livre du Lévitique. Les chefs religieux y étaient très attachés. Pour eux, c’était important. Mais Jésus leur reproche de ne s’attacher qu’à cela et d’oublier le livre du Deutéronome, en particulier l’extrait que nous avons entendu dans la 1ère lecture. Nous y découvrons des paroles qui sont celles d’un Dieu libérateur. Elles sont adressées à un peuple qui était esclave en Égypte. Sous la conduite de Moïse, Dieu les a libérés de cette situation dramatique. La Bible nous raconte comment ils ont traversé la Mer Rouge et marché dans le désert pour se rendre vers la Terre Promise. En leur donnant sa loi, Dieu leur offre un passeport pour la liberté. En effet, ne dit-on pas souvent que seuls les peuples libres ont une loi. Aujourd’hui cela pose problème dans notre société, entre Loi du Pass sanitaire et liberté individuelle au point de nous détourner de l’essentiel : La Loi de l’Amour.

En ce jour, le Christ veut nous voir pratiquer librement ces deux grands commandements : L’amour de Dieu et l’amour de nos semblables. Tout cela se trouve résumé dans le célèbre mot de saint Augustin : “Aime et fais ce que tu veux.

Voir les commentaires

Homélie pour le 21ème Dimanche du T.O B (22 Août 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et Sœurs,

La liturgie de ce dimanche nous adresse un appel très fort à choisir, si nous sommes pour ou contre Dieu. En effet, dès la première lecture, Josué rassemble le peuple à Sichem, le centre religieux d’Israël, et pose la question : «Si vous ne voulez plus servir Jahvé, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir… ». Et il ajoute : « Quant à moi et ma famille, nous servirons JahvéPuis il rappelle tout ce que le Seigneur a fait pour son peuple : «Yahvé notre Dieu est celui qui nous a fait sortir du pays d’esclavage, il a fait pour nous de grands signes et il nous a donné cette terre qui est la nôtre Le peuple a donc le choix de servir le Seigneur ou servir les dieux des nations païennes; mais tous répondent unanimes : « plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur et servir d’autres dieux ». Notons que si Josué impose ce choix, c’est parce qu’il est conscient des infidélités de ce peuple. Car ces tribus sont restées marquées par les récriminations du désert. De plus, dans le vécu, elles sont attirées par les idoles païennes.

Il est donc fort de constater que jadis, ce peule pourtant infidèle, avait choisi de ne pas abandonner le Seigneur. Mais  aujourd’hui, quelle sera notre réponse à nous ? Nous avons, nous aussi à choisir, entre autre :

  •  D’un côté la prétention de juger les autres et de les condamner ; la liberté de vivre, sans contrainte, dans les plaisirs et les richesses matérielles parfois obtenues injustement,…
  • D’un autre côté, l’humilité de la sagesse de Dieu, la petitesse de la tendresse de Dieu qui offre la joie du service ;

Pouvons-nous dire, nous aussi : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur »? Le dire, c’est consolider notre alliance avec Dieu. Et c’est dans ce sens que saint Paul utilise, dans la seconde lecture, l’image du couple humain unit par le mariage pour caractériser l’amour de Dieu pour l’humanité. C’est un amour qui fait sans cesse le premier pas vers l’autre, un amour qui pardonne, et qui va jusqu’au don de sa vie pour l’autre. C’est pourquoi, Jésus propose également aux gens qui sont face à lui, de choisir : “Voulez-vous partir vous aussi ?”.

La réponse de Pierre a été spontanée : “Seigneur, à qui pourrions-nous aller ? Tu as les Paroles de la Vie éternelle”. Actuellement, comme au temps de Josué, plusieurs personnes se retirent de l’Église et refusent de suivre le Christ. Les raisons sont multiples : selon eux, le Seigneur est trop exigeant et ils ont des choses plus importantes à faire. Cependant, il est bon de constater que malgré ces départs, l’Eglise demeure Une et Sainte. C’est donc l’occasion de nous interroger sur notre propre fidélité. On ne peut rester fidèle que si on aime. C’est dire qu’un choix aussi fondamental que celui de laisser Dieu entrer dans notre vie doit être refait régulièrement et doit être accompagné d’actions concrètes d’amour, de charité et de partage.

Voir les commentaires