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Homélie pour le 2ème Dimanche de Pâques (11 Avril 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Quel contraste entre l’évangile de joie de dimanche dernier et celui d’aujourd’hui. Quel contraste avec les deux premières lectures. À Pâques, nous avons contemplé une pierre roulée, celle du tombeau désormais vide. Aujourd'hui, nous nous retrouvons face à des portes verrouillées, celles de la maison où se cachent les disciples. Ce qui domine la scène c'est la peur. Les disciples ont peur des Juifs, mais ils ont peut-être aussi honte de leur comportement. Pour sortir de ce mépris de soi et recommencer à vivre, ils auraient besoin de se pardonner. Ils ne peuvent pas se pardonner eux-mêmes, car le véritable pardon, se «reçoit », comme un cadeau. C'est pourquoi la première chose que Jésus ressuscité leur dira sera : « Paix à vous » ! C'est par ce pardon que Jésus les libérera de leur culpabilité. «Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. ».

De fait, ils doivent donc ouvrir les portes et partir annoncer cette Bonne Nouvelle que Jésus est vivant, qu’il nous assure tous de sa présence. Or l’un des plus grands signes de la paix c’est le pardon. Délier, remettre les péchés et recevoir le pardon. C’est cela aussi notre mission. Ne pas pardonner, c’est maintenir l’autre dans un état de dépendance et de servitude vis-à-vis de soi. Bien sûr, le pardon est difficile parce qu’il nous appelle à transformer notre vie. Pardonner ne veut pas dire oublier. Pardonner veut dire grandir ensemble. Nous devons donc apprendre à nous mettre à l’écoute de l’autre et à l’écoute du Tout autre.

C’est en ce sens que Jean nous présente Thomas, non pas comme un incrédule, mais bien comme un modèle de foi. Son expression : « Mon Seigneur et mon Dieu » est la plus belle profession de foi du disciple. Ce cri de foi lui vient de ce qu'il se sent connu de Jésus. En effet, Jésus reprend toutes les paroles de Thomas dites huit jours plus tôt à la face des autres disciples, comme s'il avait été là. Cette connaissance est celle qui n'existe que dans un amour profond. Nous sommes invités à croire d’après le témoignage des premiers témoins, c’est-à-dire celles et ceux qui ont connu Jésus de Nazareth et qui, après sa mort, l’ont reconnu vivant.

Croyons et laissons Pâques  venir nous rendre la liberté du cœur en exorcisant toutes nos peurs : la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être capable de, d'échouer.... En ce dimanche de la miséricorde, découvrons que « pardonner véritablement c'est permettre que l'autre puisse mettre son doigt dans nos plaies ». Dans ces plaies que peut-être lui-même a provoquées en nous. La résurrection n’est possible qu’à ce compte. Alors, n’attendons pas d’avoir des preuves avant de commencer à croire. Et pour la petite histoire : C’est à Sainte Faustine (1905-1938), une religieuse polonaise de la Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde que le Seigneur Jésus confia une grande mission : transmettre au monde entier le message de la Miséricorde Divine. Le Christ lui dit : « Je désire que le monde entier connaisse ma Miséricorde »

 

 

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Homélie pour le dimanche de Pâques (04 Avril 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

Contrairement aux évangiles synoptiques de Pâques qui commencent à l'aube, le récit de Jean commence dans l'obscurité, l'absence de lumière.  Jésus est mort crucifié et il est ressuscité. Nous observons Marie, Pierre et un disciple non nommé, découvrir que la tombe de Jésus est maintenant vide. Est-ce le signe visible que Jésus a vaincu la mort ? Ou bien, faudra t’il encore les apparitions ?

Marie-Madeleine est venue au tombeau pour embaumer le cadavre. En visitant le tombeau placé sous haute surveillance, elle s’exposait. Mais son amour est plus fort. Reste à savoir si elle pourrait rouler la pierre et entrer dans la tombe. Quand elle découvre que la pierre a été enlevée, elle saute aux conclusions. Sa perception de ce qui s'est passé est que quelqu'un est entré et a volé le corps. Elle court pour dire à Pierre ce qu'elle croit, être arrivé. Notons que Pierre, bien qu'il ait renié Jésus, n'a pas abandonné les disciples. Ses larmes n’étaient pas des larmes de crocodile, Pierre a donc été sincère dans sa repentance.

Ainsi, Pierre et un autre disciple courent au tombeau.  L’autre disciple est plus rapide, tandis que Pierre est lent : « diversité de dons, mais un seul esprit ». Le disciple non nommé, peut-être le plus jeune, arrive le premier. Mais il attend que Pierre, le chef, arrive. Il permet à Pierre d'être le premier à entrer. À l'intérieur, Pierre découvre que la tombe est en effet vide. Et à la différence de Lazare couvert d’enveloppes funéraires, ici les draps sont toujours dans le tombeau. Les détails sont intrigants. Jean décrit l'emplacement des enveloppes, mais note également que le tissu qui avait recouvert la tête de Jésus a été bien roulé et placé dans une autre partie de la tombe.

Et là, Jean nous dit que l’autre disciple a vu et a cru.  Cela était-il suffisant pour croire ? La tombe vide et les autres faits étaient perceptibles par les sens ; mais la résurrection, même si elle a des effets qui peuvent être testés par l'expérience, requiert la foi si elle veut être acceptée. Or il n'y a eu aucun témoin à la résurrection au petit matin de Pâques, seulement des disciples qui n'ont trouvé que le tombeau vide. Seulement des disciples à qui il se fera voir. Il y a bien là une expérience qui bouleverse la vie. Car c'est une expérience de foi et non une découverte intellectuelle. Des signes de résurrection, il y en a des milliers chaque jour dans notre vie, dans la vie de ceux que nous rencontrons.  Jésus est vivant. Et Jésus nous pose la même question qu’aux disciples en ce matin de Pâques : Que cherchez vous?  Cherchons-nous vraiment Dieu ? L’avons-nous rencontré ou reconnu ? Si nous croyons que Jésus est ressuscité, qu’attendons-nous pour l’aimer dans le prochain? S’il est ressuscité, qu’attendons-nous pour le crier aux autres? Accepterons de laisser le message de l’Évangile envahir notre vie ?

 

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Homélie pour le Vendredi saint (02 avril 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

La Passion du Seigneur nous offre de méditer sur le mystère de la souffrance. Dieu souffre atrocement pour enfanter la vie. Chaque vendredi Saint, Jésus nous commande de vivre le mystère de sa Croix au centre de notre foi. Par la mort de la Croix, il a pris sur Lui les souffrances de l’homme pour nous inviter à donner un sens divin à toutes nos souffrances humaines.

En effet, cette randonnée du mont Calvaire nous mène jusqu’au pied de la Croix. Heureusement pour nous que nous ne serons pas seuls à cet endroit, car « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère » (Jn 19, 25). Et aux côtés de Marie se trouvent « le disciple que Jésus aimait ». Il faut noter qu’il fallait beaucoup d’amour pour se retrouver là au pied de la croix. Mais nous pouvons nous y tenir aussi. Car la force de l’amour brave la souffrance et nourrit l’espérance. C’est une véritable histoire d’amour qui se vit sur la Croix. L’amour de Dieu pour l’humanité, mais aussi l’amour humain envers Dieu, en Jésus, cet être aimé. C’est dire que, le mont Calvaire est le mont des amants. Ainsi, tout amour qui ne prend pas son origine de la Passion du Sauveur est frivole et périlleux.

Célébrer la Passion du Seigneur, ce n’est pas se faire violence une fois par an pour aller assister passivement à un spectacle tragique. Mais célébrer la Passion du Seigneur, c’est essentiellement vivre une conversion. Une maman me disait un jour au Congo : « pendant les fêtes pascales, je cherche à ne plus penser à moi et à m’occuper de Jésus. Je ne veux pas lui parler de mes problèmes, j’aurais l’impression de lui en rajouter sur les épaules, lui qui souffre tant. » Cette parole touchante était, à mon sens, le signe d’une délicate amitié avec le Seigneur. Pourtant si nous venons célébrer la Passion de Jésus, ce n’est pas simplement à la manière dont on va consoler un ami. Car des consolateurs, Jésus n’en a pas besoin aujourd’hui. Ce qu’il veut, c’est que nous comprenions nous aussi, comme la foule, que ce sont nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé ; ce qu’il veut, c’est que nous fassions le lien entre sa vie et notre vie. Inutile donc de penser que nous allons lui en rajouter par nos problèmes : au contraire, notre conversion, c’est de reconnaître que nous sommes impliqués dans la Passion de Jésus. C’est pour nous que le Christ a souffert (1P 2,21). Sa Passion, c’est sa Passion d’Amour pour nous, pour chacun et chacune.

Frères et sœurs, nous sommes exactement dans la posture de Pierre hier soir, au dernier repas : « Laisserons-nous le Seigneur nous laver les pieds ? Allons-nous enfin lui présenter tous nos fardeaux et nos péchés en reconnaissant qu’il les a déjà portés par anticipation ? ». Célébrer la Passion du Seigneur, au fond, c’est se laisser sauver par Jésus. Quand nous allons venir en procession dans quelques instants pour vénérer la Croix de Jésus, ouvrons notre cœur et déposons au pied de la Croix ce qui nous empêche d’accueillir son amour. Alors la Passion d’Amour de Jésus ne sera pas vaine pour nous. Alors, oui, cette année, nous aurons pleinement célébré la Passion du Seigneur.

 

 

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Homélie pour le Jeudi-Saint (1er avril 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

Les quatre évangélistes ont raconté cette dernière soirée, du Jeudi saint. Mais ils l'ont fait d'après des traditions différentes. Selon l'une de ces traditions, dont St Jean est le grand témoin, le dernier repas fut un repas d'adieu, au cours duquel le Maître, en un geste symbolique - lave les pieds de ses disciples. L'autre tradition, dont les évangiles synoptiques font écho, parle de cette soirée en ne mentionnant que le dernier repas comme - institution de l’eucharistie.

Sans se contredire, les deux traditions se réfèrent au même événement, à savoir le don que Jésus a fait de sa propre vie aux siens, dans le service et dans son être. En disant ces paroles : « Faites cela en mémoire de moi », Jésus ne demande pas seulement de reproduire un rite; mais il invite les siens à communier vraiment à son don, en se faisant eux-mêmes serviteurs, les uns des autres et en donnant leur vie pour leurs frères. La tradition nous rapporte qu’une discussion, en effet, s'était élevée au cours de ce repas, entre les disciples. Il s'agissait de savoir lequel d'entre eux pouvait être tenu pour le plus grand. Et Jésus qui les écoutait, leur dit enfin : « Les rois des nations leur commandent en maîtres, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs. Entre vous, rien de tel. Mais que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert. Lequel, en effet, est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Or moi, je suis au milieu de vous à la place de celui qui sert » (Lc 22, 24-27).

Ce soir-là, Jésus accomplit donc une tâche très souvent assurée par les esclaves. Aussi, en se levant de table, il « dépose ses vêtements, et prend une serviette qu’il noue autour de sa taille ». Cette tenue était celle que revêtaient les esclaves pour accomplir leur fonction. Mais voici que Pierre le regarde et réagit : « Toi, Seigneur, me laver les pieds ? » Pierre a un sens de la hiérarchie, selon lequel il y a des gens en haut et des gens en bas. (…) Il a un sens de ce que sont nos sociétés et parfois même notre Eglise: la vision d’une pyramide. Quelques personnes en haut et une foule immense en bas. Ceux qui sont en bas sont ceux qui sont inutiles, les personnes avec des handicaps, les malades mentaux peut-être, les chômeurs, les immigrés, les pauvres, ... Vu sur cet angle, Pierre ne veut pas se laisser laver les pieds par son Seigneur, car ce n’est pas dans l’ordre des choses. L’attitude de Pierre est donc une réaction normale et naturelle.

Mais ce qui est plus surprenant, c’est la réaction de Jésus : « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi ». D’où la question fondamentale à nous poser aujourd’hui : Pourquoi Jésus nous lave-t-il les pieds et pourquoi demande-t-il que nous nous lavions les pieds les uns aux autres ? Serait-ce un signe pour transmettre l’amour, ou un moyen pour enseigner le service de l’autorité, ou encore un moyen pour transformer la pyramide en un Corps.

Notons que quand il s’agenouille devant les pieds de ses disciples Jésus sait que le lendemain il sera mort. Mais il veut avoir un moment avec chaque disciple. Pas seulement pour dire au revoir. (…) Il veut les toucher, toucher leurs pieds, toucher leurs corps, les toucher avec tendresse et amour. Il dit peut-être une parole à chacun, il les regarde dans les yeux. Il y a eu là un moment de communion. Il leur révélait, d’une façon spéciale, son amour pour eux. Mais il leur révélait aussi que chacun d’eux était beau, choisi, et aimé, pour continuer cette mission, qui est la sienne : annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, la liberté aux prisonniers, redonner la vue aux aveugles, la liberté aux opprimés, et annoncer une année de grâce et de pardon. C’est dire que le lavement des pieds et l’institution de l’Eucharistie sont intimement liés. « Nous sommes appelés à manger le Corps du Christ pour pouvoir nous laver les pieds les uns aux autres ».

Lorsque Jésus lave les pieds de ses disciples, il veut montrer que c’est leurs cœurs qu’il veut purifier. Il ne juge pas, ne condamne pas ; il purifie. Il veut seulement que nous soyons un peuple de la résurrection – des personnes debout (…) qui croient au don de Jésus pour pouvoir apporter ce don à notre monde brisé ».

 

 

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Homélie pour ce dimanche des Rameaux (28 mars 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

La lecture tirée du livre du prophète Isaïe évoque un messie assez différent du messie triomphant qu’attendaient les Juifs. En effet, les paroles et les attitudes de Jésus ont dérouté, car elles ne s'accordent pas avec la tradition juive. Elles ont scandalisé parce qu'elles ne correspondent pas à la façon dont beaucoup comprenaient la Loi. Jésus prend soin de faire un geste éclatant au moment où il est persuadé que sa mort violente est proche: il entre en triomphe à Jérusalem. Dans ce geste prophétique, Jésus veut montrer le sens de sa mort prochaine. Il est le roi doux et humble de cœur, qui s’offre à l’accueil ou au refus.

De fait, Jésus s’engage sur le chemin de sa passion en pleine liberté. Pour lui, l'obéissance n'est pas la soumission. Obéir, c'est accorder sa conduite à la volonté de Dieu qui nous veut libres. Nous comprenons là que les critères de Dieu ne sont pas ceux de notre monde. Car quand tout va bien, quand la réussite, le succès et la santé sont au rendez-vous, il est assez facile de chanter la croix de Jésus. Mais quand nous devons porter la croix de l’amour et du don de soi, quand personne ne reconnait nos sacrifices, quand notre travail n’est pas valorisé, quand on se sent rejeté par tous, alors là c’est plus exigeant. C’est dire qu’il y a dans la vie des moments où il nous est facile de nous laisser entraîner à suivre et à acclamer Jésus. Mais saurons-nous reconnaître le visage de Dieu dans notre quotidien ? Le suivrons-nous lorsque ce choix impliquera de porter la croix.

C’est la foi qui doit nous permettre de grandir à travers les situations de détresse, à travers le mal et la souffrance. C’est avec le regard de la foi qu’il nous faut accepter ce qu’est notre vie, le tragique de la mort qui nous guette. Aujourd’hui encore, il suffit d’ouvrir un journal pour être confrontés à des situations d’injustice, soit près de nous, soit un peu partout autour du globe.  Comme Pilate, le reste de l’humanité s’en lave les mains.  Nous nous en lavons les mains, quotidiennement, chaque fois qu’une situation d’injustice ne nous mobilise pas.  Aussi, Judas nous rappelle nos trahisons en amitié, ou en amour. Pierre nous renvoie à nos reniements et à nos abandons, alors que nous nous croyons meilleurs que les autres. Les autres disciples endormis, puis en fuite, ne sont-ils pas le reflet de nos assoupissements et de nos manques de courage quand il s’agit de nous prononcer, ou de témoigner ? Pilate n’évoque-t-il pas nos propres lâchetés devant Dieu et devant les hommes quand nos intérêts personnels passent avant la justice et la vérité ?

Célébrer la passion et la mort de Jésus, c’est aussi se solidariser avec les crucifiés de ce monde : les victimes de la violence, les exploités, les exclus, les privés de droits et de dignité. C’est dénoncer tout ce qui provoque la haine, la division, la peur, en terme de structures, de valeurs, de pratiques et d’idéologies. C’est d’éviter que certains humains continuent à crucifier d’autres personnes. 

Notons que la Passion de Jésus se poursuit encore aujourd’hui, sous nos yeux, en même temps que sa Résurrection. Quel rôle jouons-nous ? Quelle sera notre place au soir du dernier repas, ou quand Jésus sera en procès, ou sur son chemin de la croix ?

 

 

 

 

 

 

 

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Homélie du 5ème dimanche de carême (21 mars 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

Dans l’extrait d’Évangile de ce dimanche,  des Grecs de passage à Jérusalem veulent voir Jésus. Quelles sont leurs motivations ? Nous n’en savons rien. Est-ce de la simple curiosité ? Sont-ils attirés par les miracles? Ou peut-être sont-ils interpellés par son message dont ils ont entendu parler ? 

Ce que nous savons de ces pèlerins c’est juste qu’ils veulent voir Jésus. Ce désir de voir Jésus peut-il se combiner avec celui de reconnaître ce qu’il est réellement, c’est-à-dire lire dans ses actions des indices de sa véritable identité de Fils de Dieu. Si Jésus manifeste Dieu, les hommes, en le voyant, voient donc Dieu lui-même. Aussi ne faut-il pas s’étonner de ce que les hommes manifestent, assez régulièrement le désir de voir Jésus. Ce désir commence dès les évangiles de l’Enfance, puisque, chez Matthieu, les mages passent de la vue de l’astre à la vue de l’enfant dans la crèche (Mt 2). Zachée le publicain veut voir Jésus et ne le peut pas, puisqu’il est petit, mais c’est son désir qui lui donnera accès à Jésus. Le voir, ce n’est donc pas seulement s’extasier devant ses miracles et ses paroles.

Car si voir Jésus permet de le connaître pour ce qu’il est, aussi n’est-il pas étonnant de constater que des subtils liens se sont tissés entre la vision et la foi. Voir Jésus, devient aussi croire en lui. Et au tombeau, le jour de la résurrection, il est dit de Jean : « il vit et il crut ». Ce que voit le disciple, c’est une absence de corps. Le propre de la foi en Jésus ressuscité est de se fonder sur une absence. D’où tous le sens du discours de Jésus dans la page d’évangile d’aujourd’hui. Puisque c’est bientôt le moment où il va être élevé en croix. Il va mourir comme le grain qui tombe en terre; puis il sera glorifié et portera beaucoup de fruits. Comment croire à tout cela lorsqu’on ne l’a pas vu ?« si je ne vois pas, je ne crois pas », dira Thomas, qui demande des preuves au prix d’une leçon : « Bienheureux ceux qui ont cru sans avoir vu ».

Ainsi, faut-il « voir pour croire », ou « Le croire pour le voir ». Tel est en quelque sorte le mot d’ordre des premiers chrétiens. Et dans un tel processus, croire prend le pas sur le voir. Car qu’y a-t-il à voir, au fond ? Le salut de l’humanité, n’est pas de l’ordre du visible, mais de l’espérance. Raison pour laquelle, peut-être, il y a encore tant de païens dans notre monde. À travers ces visiteurs, désireux de voir Jésus, c’est le monde païen qui se lève pour prendre le chemin de la foi, et nous avec.

Mais Jésus clarifie les choses, car il ne veut pas que son œuvre soit évaluée en fonction des critères humains de réussite. Oui, la conception de la gloire n’est pas pareille chez Dieu et chez les hommes. Pour Dieu, la gloire passe par la mort. Savoir s’effacer, s’oublier au profit des autres. La mort au sens physique sera toujours au bout du chemin, comme pour Jésus. Ce qui nous est donné, c'est la possibilité de mener une vie nouvelle dès aujourd'hui. Qu’attendons-nous pour nous orienter vers la croix de Pâques ? Se laisser guider par la croix, ce n’est pas nous complaire dans la souffrance et dans la mort, c’est le chemin pour nous de rencontrer Jésus vivant.

Si le grain de blé ne tombe pas en terre où il semble pourrir et mourir, s’il ne se fend pas pour laisser passer le germe, il est inutile. Porter du fruit, c’est finalement mener une vie qui se répand et donne vie à tous. Apprenons à ouvrir les yeux de la foi pour voir au-delà du grain de blé qui meurt. Jésus nous invite à prendre conscience de nos chemins de mort, pour mieux accueillir le don de la vie.

Et je termine par cette anecdote :

Un jeune homme entre en rêve dans un magasin. Derrière le comptoir se tient un ange. Le jeune homme lui demande: "Que vendez-vous ?" L'ange répond: "Tout ce que vous désirez". Alors le jeune homme commence à énumérer: "Si vous vendez tout ce que je désire, j'aimerais bien: l’éradication de la Covid, la fin des guerres dans le monde, la fin des bidonvilles en Amérique latine, l'intégration dans la société de tous les marginaux, du travail pour tous les chômeurs, plus d'amour et de vie communautaire dans l'Église". Et l'ange lui coupe la parole: excusez-moi, Monsieur, vous m'avez mal compris. Ici, nous ne vendons pas de fruits, nous ne vendons que les graines !"

 Alors que chacun se pose la question, quels sont les graines que je sème, pour un monde meilleur.

 

 

 

 

 

 

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Homélie pour la St Joseph (19 mars 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Lors du pèlerinage des pères de Familles

St Joseph, Père authentique

Personnage discret du Nouveau Testament, saint Joseph a pourtant un rôle indispensable dans le projet de Dieu et tout particulièrement dans la réalité de l’Incarnation. En effet, pour vivre  pleinement la vie de tous les hommes, Jésus a dû apprendre le comportement humain comme tous les enfants. Cette éducation reposait sur les connaissances que Joseph et Marie Lui ont transmises.

Quiconque a adopté un enfant sait que la paternité familiale est aussi importante que la paternité biologique ; le vrai père c’est celui qui élève un enfant, l’aime, lui transmet ce qui paraît bon pour lui et, preuve suprême de l’amour paternel, l’aide à évoluer sur le chemin que l’enfant choisit, même si ce n’est pas ce que le père aurait désiré.

Ainsi saint Joseph n’a pas seulement nourri Jésus et protégé Marie, il Lui a appris ce qu’il savait. Grâce à l’enseignement de base donné par saint Joseph « l'enfant grandissait, se fortifiait et se remplissait de sagesse. » (Luc 2,40 ; cf. Luc 1,80). Lors de Sa ‘Bar-mitsva’ au Temple de Jérusalem devant les docteurs de la Loi, Jésus montre à quel point Il a intégré l’enseignement de Joseph et que Sa nature divine lui donne une compréhension tout à fait particulière des Ecritures : « Ils Le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant ; et tous ceux qui L'entendaient étaient stupéfaits de Son intelligence et de Ses réponses. » (Luc 2,46-47).

L’humilité de saint Joseph lui fait comprendre à cet instant que son rôle est achevé, l’Enfant qui lui a été confié est le Fils éternel du Père céleste, Il est devenu adulte dans la foi par cette célébration, son père terrestre doit maintenant s’effacer et Le laisser accomplir Sa mission. Comme Marie, il doit méditer tout cela dans son cœur, heureux d’avoir participé au salut de l’humanité, discrètement, à sa place. L’exemple que saint Joseph donne aux croyants est avant tout dans cette discrétion humble. Aucun évangile ne rapporte une seule parole de cet homme dont la mission était pourtant si nécessaire, source de méditation pour nous qui ressentons toujours un besoin de reconnaissance.

Une deuxième source de réflexion se trouve dans la liberté que Joseph laisse à Jésus de poursuivre Sa route car Il doit « être dans la maison de Son Père ? » même si « eux ne comprirent pas la parole qu'il venait de leur dire. » (Luc 2,49-50).

Une troisième piste se trouve dans l’acceptation de sa mission, saint Joseph nous montre comment assumer celle que le Seigneur nous confie, même si elle nous paraît impossible à nos forces humaines, la grâce nous sera donnée pour la mener à bien.

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Homélie du 4ème dimanche de carême (14 mars 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

Ce 4ème dimanche de carême est encore appelé dimanche de la Joie, même si l’évangile contraste avec ce thème en nous présentant l’image de la croix. Le dialogue entre Jésus (Fils de Dieu) et Nicodème (qui connaît les Écritures), nous amène à comprendre que Nicodème a pu observer que Dieu est vraiment avec Jésus; et pourtant il ne va pas jusqu'à reconnaître que Dieu est dans Jésus.  Ce Nicodème est vraiment l'un d'entre nous : il croit, mais n'a pas le courage d'assumer toutes les conséquences de sa foi. Pourtant, Jésus le prend au sérieux, car celui-ci ne s'est pas fermé au mystère de la vie éternelle. 

En effet, Nicodème, ce personnage important et respecté, vient voir Jésus nuitamment et en secret. Cette conversation est une méditation sur la mort en croix. La croix, folie pour ceux qui ne croient pas, peut être vue comme un obstacle à notre croissance, ou bien comme une étape dans celle-ci. La croix c’est finalement notre part de souffrance dans l’annonce de l’évangile, c’est nos difficultés, c’est tous les obstacles sur notre route, c’est cette incompréhension devant le silence de Dieu. Avec Jésus, nous pouvons donc donner un sens à nos croix aujourd’hui. L’analogie entre Jésus élevé de terre et le serpent d’airain élevé au désert implique que dans la traversée de nos déserts intérieurs, habités par la lassitude, la récrimination ou la dureté de nos jugements, la guérison demeure possible.

C’est en ce sens que Saint Paul écrit aux Éphésiens que Dieu a créé le monde et qu’il est amoureux de sa création, voilà pourquoi il nous sauve. Donc si nous pensons pouvoir assurer seuls notre salut par nos œuvres, si nous pensons le mériter, nous sommes dans l’erreur. Croire en Dieu, ne se résume pas à de belles paroles. Elles doivent être vécues pour plus de justice et de solidarité.

Si Jésus prend Nicodème là où il est dans son cheminement, il le conduit cependant plus loin, en avant.  Or Jésus fait la même chose avec chacun d’entre nous lorsque nous allons, nous aussi, vers lui malgré nos ténèbres.  Notons que pour espérer éprouver la Joie du salut, il faut prendre conscience de nos limites humaines et avoir l’humilité de reconnaître notre besoin de Dieu, et des autres.  C’est ce que St Jean appelle : venir à la lumière. Mais si nous nous suffisons uniquement à nous-mêmes, nous souffrons d’égocentrisme et d’orgueil. Or ne vivons-nous pas souvent comme si nous n’avions besoin de rien, ni de personne ? Dieu a envoyé son fils non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Pourtant, le thème du jugement de Dieu est très présent dans la Bible et embarrasse beaucoup d'entre nous. Surtout devant cette phrase jugée un peu trop dure : « celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ».

Une phrase qui ne devrait pas nous faire peur comme nous pouvons le constater dans ce fait qui s’est produit au 19e siècle aux USA. Un homme nommé Robert Ingersoll défendait souvent l’athéisme dans ses discours et se moquait fréquemment des croyances religieuses. Un jour, après avoir prononcé un de ses discours provocants, il sorti une montre de sa poche et déclara: «Selon la Bible, Dieu a frappé des hommes de morts pour blasphème. Je vais donc le blasphémer et lui donner cinq minutes pour me frapper à mort et damner mon âme.» La foule resta silencieuse pendant qu'une minute passait; puis deux, trois et quatre minutes. On pouvait ressentir la nervosité du public. À cinq minutes, Robert Ingersoll referma sa montre, la mit dans sa poche et dit: «Vous voyez, il n'y a pas de Dieu, sinon il m'aurait pris au sérieux». Ce gentleman pensait qu'il pouvait épuiser la patience de Dieu en cinq minutes? » Or ce qu’il ne savait pas c’est que Dieu est patient envers les pécheurs. A nous de ne pas rejeter sa Parole.

 

 

 

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Homélie du 3ème dimanche de carême (07 mars 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

Du temps de Jésus, le temple était très fréquenté, y compris par les marchands de bœufs, de brebis et de colombes. Un vrai champ de foire dans le lieu de la prière. Voyant cela, Jésus réagit très vivement. Un tel coup de colère est rare dans sa vie. On parlera même de sainte colère. En effet, Jésus ne vient pas pour nous condamner. Il apporte plutôt le pardon et invite à la conversion. Dans cet épisode, Jésus parle du temple comme la maison de son Père. Et les Juifs ne comprenaient pas, d’où la demande d’un signe. Notons que cette page d’évangile est à l’origine de l’arrestation de Jésus et constitue la cause même de sa condamnation. Et si Jésus utilise cette image du temple détruit, c’est parce qu’il est considéré comme le lieu où Dieu se fait le plus proche. Dieu pour les Juifs restait caché et le rite du sacrifice permettait d’obtenir de lui, la purification des péchés par les sacrifices, mais tout en gardant ses distances par rapport à Dieu.

Cependant, avec Jésus, une nouvelle alliance est là. La perception de Dieu s'est précisée. C’est terminé d’offrir à Dieu des sacrifices au lieu de lui parler, au lieu de rechercher une vraie présence. Pour Jésus, le seul lieu où rencontrer Dieu, ce ne sont plus les pratiques religieuses et rituelles, mais plutôt la personne de Jésus. De fait, Jésus appelle ses compatriotes à aimer Dieu et son prochain, à être largement ouverts à l’imprévu de Dieu, du prochain et de la vie. C’est pourquoi il chasse tous ces intermédiaires qui réduisent l’intensité de la présence de Dieu. Jésus s’en prend donc violemment à tout ce qui pouvait faire barrage à l’amour et à la miséricorde de Dieu. 

Reconnaître Jésus comme temple nouveau, comme le lieu de la présence de Dieu, c'est devenir disciple, c'est s'engager à le suivre, c'est s'efforcer de vivre comme lui. C’est vivre les dix commandements au quotidien. La nouveauté de l’Évangile implique que nous quittions les lieux communs des traditions pour accepter sans crainte le face à face avec Dieu. La foi ne s’appuie pas sur un bâtiment, elle ne se cache pas dans un lieu, mais se fonde sur une communauté d’hommes et des femmes qui croient et qui agissent dans le monde. Jésus a pris tous les risques : rejet, incompréhension, isolement, mort.

Prenons-nous des risques à la mesure des attentes de Jésus envers nous? Soyons, par nos vies, l'image de ce monde à venir, en vivant la radicalité de l'Évangile.

 

 

 

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Homélie du 2ème dimanche de carême (28 Février 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

Imaginons un sondage d’opinion dans lequel la question suivante est posée: quels sont les mots qui vous viennent spontanément à l’esprit lorsque vous entendez le mot Dieu? Même si bien des gens répondraient sans trop de conviction que Dieu est amour, il est presque certain que beaucoup d’autres énonceraient des mots tels que: colère, jugement, autorité, enfer, mort, contrainte, etc. Ces mots, en effet, font partie du langage biblique, mais ils ne sont pas pour autant les meilleurs qualificatifs de la personne de Dieu. Ce Dieu qui au fil de l’histoire a toujours essayé de rejoindre l’homme dans son parcours, en dévoilant peu à peu son identité. C’est ce mouvement que nous avons appelé épiphanie, c’est-à-dire Dieu se montre.  L’évangile de la transfiguration est un classique de cette révélation de Dieu en son fils. Le ciel opaque et sombre se déchire. Jésus est transfiguré et il est déclaré bien-aimé. C’est là une nouvelle image de Dieu.

Notons que nous pouvons avoir plusieurs images de Dieu, comme dans la première lecture où il se laisse découvrir étant le Dieu de l’alliance avec Abraham.  Ce récit du sacrifice du fils unique nous rappelle qu’à certains moments de la vie, Dieu demande l’impossible, l’absurde, le contradictoire.  À certains moments, Dieu demande tout. Et c’est à ces moments des appels impossibles qu’il faut s’abandonner à Dieu, car c’est en ces moments terribles et cruels que Dieu nous donne aussi ce qu’il a de plus précieux, son Amour qui se réalise par la présence de Jésus dans nos vies.

Les deux personnages bibliques dans l’extrait d’évangile viennent confirmer que, par la présence de Jésus dans nos vies, la mort n’aura plus le dernier mot sur la vie. Ce qui s’est passé au sommet de la montagne nous donne un enseignement important sur la vie spirituelle des disciples. Ils avaient sommeil, un détail qui rappelle Gethsémani. Pour une raison inexpliquée, il semble qu’aux moments les plus intenses de la vie terrestre de Jésus, les disciples ont toujours été accablés de sommeil. Alors qu’ils auraient dû être bien éveillés et même excités, mais ils sont présentés comme étant distraits et peu présents. Cela correspond à l’expérience de tout croyant. La faiblesse humaine nous détourne souvent de veiller et de prier Dieu. Mais que veulent dire ces trois tentes à dresser ? Cela semble anodin. Or dans l'Ancien Testament, la tente est le lieu de l'accueil, de la rencontre, du repos. C’est dire qu’il faut savoir s'arrêter,  pour rencontrer l'autre celui ou celle que je ne connais pas, ou que je connais mal ou peu. Il faut savoir s'arrêter, pour rencontrer Dieu qui vient à ma rencontre et qui me demande de prendre du temps, de marquer un arrêt pour le connaître.

Aussi, dès que Pierre suggère de fabriquer ces 3 tentes, la nuée et la voix interviennent, juste au moment où Pierre veut accorder une importance égale à Moïse, et Élie ainsi qu’à Jésus. Notons que le message de Dieu lors du baptême de Jésus a été directement adressé à Jésus : «Tu es mon fils». Mais ici, son message est destiné aux oreilles des disciples : «Celui-ci est mon fils». C’est dire que les disciples sont réveillés de leur ignorance, ou de leur sommeil, pour voir la lumière de Dieu. Car si grands que puissent être Moïse et Élie, Jésus est bien plus grand qu'eux.

Or comme Pierre, nous aimons figer dans l'éternité les moments heureux de notre vie. Ne restons donc pas sur la montagne à contempler notre avenir. Mais descendons dans la plaine, marchons sur la route avec notre visage d’humanité. 

Nous avons à vivre en transfigurés mais dans l'ordinaire des jours. Nous devrions tous passer un peu de temps au sommet d’une montagne. Monter sur la montagne aujourd'hui, c'est accepter de faire des efforts pour quitter ce qui nous encombre, pour faire silence, pour tourner notre cœur entièrement vers Dieu et vers sa Parole.

 

 

 

                           

 

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