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Homélie pour ce dimanche des Rameaux (28 mars 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

La lecture tirée du livre du prophète Isaïe évoque un messie assez différent du messie triomphant qu’attendaient les Juifs. En effet, les paroles et les attitudes de Jésus ont dérouté, car elles ne s'accordent pas avec la tradition juive. Elles ont scandalisé parce qu'elles ne correspondent pas à la façon dont beaucoup comprenaient la Loi. Jésus prend soin de faire un geste éclatant au moment où il est persuadé que sa mort violente est proche: il entre en triomphe à Jérusalem. Dans ce geste prophétique, Jésus veut montrer le sens de sa mort prochaine. Il est le roi doux et humble de cœur, qui s’offre à l’accueil ou au refus.

De fait, Jésus s’engage sur le chemin de sa passion en pleine liberté. Pour lui, l'obéissance n'est pas la soumission. Obéir, c'est accorder sa conduite à la volonté de Dieu qui nous veut libres. Nous comprenons là que les critères de Dieu ne sont pas ceux de notre monde. Car quand tout va bien, quand la réussite, le succès et la santé sont au rendez-vous, il est assez facile de chanter la croix de Jésus. Mais quand nous devons porter la croix de l’amour et du don de soi, quand personne ne reconnait nos sacrifices, quand notre travail n’est pas valorisé, quand on se sent rejeté par tous, alors là c’est plus exigeant. C’est dire qu’il y a dans la vie des moments où il nous est facile de nous laisser entraîner à suivre et à acclamer Jésus. Mais saurons-nous reconnaître le visage de Dieu dans notre quotidien ? Le suivrons-nous lorsque ce choix impliquera de porter la croix.

C’est la foi qui doit nous permettre de grandir à travers les situations de détresse, à travers le mal et la souffrance. C’est avec le regard de la foi qu’il nous faut accepter ce qu’est notre vie, le tragique de la mort qui nous guette. Aujourd’hui encore, il suffit d’ouvrir un journal pour être confrontés à des situations d’injustice, soit près de nous, soit un peu partout autour du globe.  Comme Pilate, le reste de l’humanité s’en lave les mains.  Nous nous en lavons les mains, quotidiennement, chaque fois qu’une situation d’injustice ne nous mobilise pas.  Aussi, Judas nous rappelle nos trahisons en amitié, ou en amour. Pierre nous renvoie à nos reniements et à nos abandons, alors que nous nous croyons meilleurs que les autres. Les autres disciples endormis, puis en fuite, ne sont-ils pas le reflet de nos assoupissements et de nos manques de courage quand il s’agit de nous prononcer, ou de témoigner ? Pilate n’évoque-t-il pas nos propres lâchetés devant Dieu et devant les hommes quand nos intérêts personnels passent avant la justice et la vérité ?

Célébrer la passion et la mort de Jésus, c’est aussi se solidariser avec les crucifiés de ce monde : les victimes de la violence, les exploités, les exclus, les privés de droits et de dignité. C’est dénoncer tout ce qui provoque la haine, la division, la peur, en terme de structures, de valeurs, de pratiques et d’idéologies. C’est d’éviter que certains humains continuent à crucifier d’autres personnes. 

Notons que la Passion de Jésus se poursuit encore aujourd’hui, sous nos yeux, en même temps que sa Résurrection. Quel rôle jouons-nous ? Quelle sera notre place au soir du dernier repas, ou quand Jésus sera en procès, ou sur son chemin de la croix ?

 

 

 

 

 

 

 

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