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Diocèse de Pointe-Noire : Inauguration du nouveau campus de l’Institut UCAC-ICAM

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

L’Institut UCAC-ICAM de Pointe-Noire dispose d’un nouveau campus depuis la rentrée académique de septembre 2017. La coupure du ruban symbolique inaugurant ce campus a eu lieu le 1er février 2018, par le ministre de l’Enseignement supérieur du Congo M. Bruno Jean Richard Itoua, qui avait à ses côtés Mgr Jean Mbarga Grand Chancelier de l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC), M. François Bouvard, président du Groupe Icam, le révérend père Hyacinthe Loua sj, provincial de la Compagnie de Jésus et Mgr Miguel Angel Olaverri, évêque de Pointe-Noire.

Implanté à Pointe-Noire il y a plus de 15 ans, l’Institut Ucac-Icam est un établissement de l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC) qui en a confié la gestion au Groupe Icam (Institut Catholique Arts & Métiers) de France. Pointe-Noire abrite le premier cycle de cette Ecole d’ingénieurs généralistes et de techniciens supérieurs en maintenance industrielle. Le deuxième cycle est situé à Douala au Cameroun. La cérémonie inaugurale de ce nouveau campus était précédée d’une messe célébrée sur place par Mgr Miguel Angel Olaverri, ordinaire du diocèse de Pointe-Noire, ensemble avec ses confrères dans l’épiscopat NN.SS. Mgr Jean Mbarga, archevêque de Yaoundé et grand chancelier de l’UCAC, Anatole Milandou archevêque de Brazzaville, ainsi que de nombreux autres prêtres.


L’ouverture de ce nouveau campus marque une nouvelle ère pour l’Institut UCAC-ICAM de Pointe-Noire qui jusque-là était éclaté sur deux sites dans cette ville. D’une part, les locaux pédagogiques mis à disposition par Total E & P Congo dans son centre de formation professionnelle du Km 4. Et d’autre part, la résidence des étudiants hébergés par le diocèse de Pointe-Noire. C’est sur ce second site situé en plein centre-ville, derrière le vieux stade Franco Anselmi que le nouveau campus a été construit, notamment deux nouveaux bâtiments. L’un abritant le Complexe pédagogique, et l’autre la nouvelle résidence des étudiants, jouxtant l’ancien bâtiment colonial.


Ainsi regroupé en un seul endroit, le nouveau campus de l’Institut UCAC-ICAM de Pointe-Noire gagne en envergure, avec ses locaux pédagogiques de 1.000 mètres carrés, et sa capacité d’hébergement des étudiants agrandie de 54 à 150 lits. Cette étape importante permet de poursuivre le développement de l’Institut et de son offre de formation.


En effet, outre la formation d’ingénieur généraliste, l’Institut propose une Licence en Maintenance industrielle avec plusieurs options et une formation d’ingénieur informatique basée à Douala (Cesi-Exia).

L’Institut lance également une deuxième formation d’ingénieur généraliste en septembre prochain au parcours international et à la pédagogie innovante dispensée en même temps sur les autres campus ICAM (France, Inde, Brésil). Soutenu par les grandes entreprises de la place, en particulier Total E&P Congo et Perenco, l’Institut UCAC-ICAM de Pointe-Noire est une référence de l’enseignement technique et professionnel au Congo et reçoit des étudiants en provenance des pays de la sous-région: Congo Brazzaville, Cameroun, Gabon, République Centrafricaine et Tchad. De la cérémonie inaugurale, on retiendra six discours prononcés par plusieurs autorités, dont celui du ministre de l’Enseignement supérieur. Pendant 50 minutes et 30 secondes, Bruno Jean-Richard Itoua a expliqué sa vision de l’enseignement technique et professionnel et les projets du Gouvernement y afférents.


Pour sa part, François Bouvard, président du Groupe ICAM, a insisté sur la mission de l’ICAM, d’aider à la croissance et à la promotion des libertés solidaires. «Depuis plus de 100 ans, l’ICAM s’appuie sur la pédagogie Ignatienne qui conjugue formation technique et formation humaine. C’est ainsi que l’Institut UCAC-ICAM apporte sa pierre à la formation d’une jeunesse consciente. C’est ici à Pointe Noire, il y a près de 20 ans, par une coopération étroite et fructueuse avec l’Université catholique d’Afrique Centrale, que l’Icam a ouvert le premier chapitre de son développement international. Notre objectif est de former des jeunes, solidement enracinés dans leur terre natale, ouverts au monde, et qui contribueront au développement de leur pays» a dit François Bouvard.


Ce campus est le fruit de l’engagement et du soutien sans faille de plusieurs acteurs qui ont œuvré ensemble, avec l’ICAM depuis près de 20 ans. Parmi lesquels l’UCAC, Total E&P Congo, les jésuites, le diocèse de Pointe-Noire, la Banque société générale, l’Agence française de développement (AFD) et de nombreuses autres entreprises qui ont contribué à sa réalisation. Près d’une centaine de partenaires et donateurs du Groupe ICAM venus de France ont pris part à l’inauguration de ce nouveau campus universitaire, dont le bloc pédagogique est équipé en matériels et équipements techniques qui sont de dernière création.
Par ailleurs, et sitôt après l’inauguration, une table ronde sur le thème: «Développement économique de la sous-région et le rôle de l’ingénieur» a eu lieu sur le site du campus. Quatre éminents spécialistes ont croisé leurs avis sur ce sujet et échangé avec le public sur ce thème. François Bouvard, S. Didier Mavouenzela, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Pointe-Noire, le père Abel Ndjomon, doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’UCAC à Yaoundé, et Jean-Rémy Mavioga, économiste, représentant résident de la BDEA à Pointe-Noire.


La fête inaugurale était belle, merveilleusement préparée par Mathieu Gobin et Yolande Moumpala de la Direction de l’UCAC-ICAM.

Jean BANZOUZI
MALONGA

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Homélie pour le 1er dimanche du Carême B (18 Fév 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
La première lecture détaille les grandes étapes de l’histoire sainte dans l’Ancien Testament. Dieu patiente avec nous; il ne nous détruira pas et il y aura une nouvelle alliance. Mercredi, avec la liturgie des Cendres, nous sommes entrés en carême : Dieu nous attend au bout du chemin pour la nouvelle alliance scellée dans la résurrection de Jésus. Cette alliance permet à chaque personne de prendre part au Royaume de Dieu.  La langue pour la décrire est celle du pardon par amour et pour un amour en retour. C’est le début d’une nouvelle histoire dans laquelle les relations de Dieu avec l’humanité sont autres.
 
La liturgie nous fait méditer la tentation de Jésus au désert. Il vient de vivre une expérience extraordinaire lors de son baptême par Jean-Baptiste et il sent le besoin de prendre du recul par rapport à ce qu’il vient de vivre. Sans le quotidien habituel pour distraire, il se retrouve seul avec lui-même, confronté à tout ce qui l’habite. Il passe quarante jours dans un lieu isolé à être aux prises avec ses vulnérabilités et le désir d’être tout-puissant. Marc ne dit pas quelles y ont été les tentations de Jésus, mais le désert c’est le temps du détachement, de la dépossession la plus radicale. C’est le lieu de rencontre de Dieu.  Jésus fait l'expérience au désert que le salut passe par le chemin d'une humanité assumée jusqu'au bout et d'un renoncement à toute forme de puissance. Ne disons-nous pas dans le Notre Père que Jésus nous a laissé : «  ne nous laisse pas enter en tentation », ce qui est très différent de « ne nous donne pas de tentations ». C’est au désert que Jésus s'engage résolument sur la voie qui nous libère tous, une fois pour toutes comme l’écrit Pierre. Jésus a la force d'être fragile.
 
Jésus passe quarante jours au désert et il nous invite à le rejoindre. Quarante jours pour recommencer avec lui, car Dieu n'est pas avare de recommencements pour ceux qui le veulent vraiment. Jésus a croisé toutes sortes de malades, toutes sortes de personnes en quête de vérité. À tous il donnait vie et ouvrait une perspective d’espérance. À la suite de Jésus, conscients des difficultés qui nous attendent tout au long de notre route, nous entreprenons un long et difficile processus de conversion. Nos refus d’aimer Dieu sont comme des blessures qui ont du mal à cicatriser. Ces blessures d’amour nous empêchent de progresser dans la connaissance de Dieu. À l’exemple de Jésus au désert, peut-être pouvons-nous ne pas nous laisser envahir par nos préoccupations quotidiennes, afin de prendre le temps de nous laisser pénétrer par le mystère de Dieu.  Dans la seconde lecture, Saint-Pierre souligne que dans Jésus, c’est l’Esprit Saint qui travaille en secret, et qui le pousse du désert à la ville. Puis, comme l’arche a sauvé Noé, le baptême nous sauve maintenant. Être baptisé, c’est s’engager envers Dieu avec une conscience droite.
 
Se repentir ou se convertir ne signifie pas se culpabiliser, mais simplement de consentir à des désirs qui proviennent du meilleur de nous-mêmes, à travers le brouhaha de tant d’autres désirs. Le monde de Dieu est en nous et demande sans cesse d’occuper un peu plus de place, d’agir avec plus d’authenticité. Cette demande prend la forme d’un appel à aimer et à éviter les multiples formes de fuites dans la vie. Notre cœur se réjouira de voir émerger tôt au tard ce que nous semons aujourd’hui dans la foi. Le Royaume de Dieu est tout proche dit Jésus.  Dieu est là pour que fleurissent nos déserts et pour que jaillisse de nos épreuves comme d’un rocher une source inépuisable d'eau vive. Dans nos existences, chacun est à l’affût d’une oasis d’espérance. Pendant le carême nous sommes invités à retrouver le véritable chemin du cœur de Dieu. C’est le temps du renouvellement, du retournement du cœur qui nous permet de prendre conscience de l’importance de cette Bonne Nouvelle qu'il faut annoncer sans compromission, mais avec un cœur ouvert pour tous ceux qui croisent notre chemin. 
 
Le carême est l’occasion d’un retournement de situation dans nos vies. Nous devons adhérer au projet de Jésus, propager la Bonne Nouvelle, marcher vers le Royaume de Dieu. C’est le temps du renouvellement de notre foi, de faire une véritable mutation dans nos priorités. Cela demeure une exigence quotidienne dans notre existence de baptisés,  et spécialement tout au long du carême. La conversion, qui est réclamée de nous tous, est la conversion à l'espérance en Dieu et en son Royaume. Jésus, loin de faire de nous des gens tristement sérieux, des dévots peu engageants, veut, au contraire, être notre Bonne Nouvelle, nous épanouir. Pour nous mettre à la suite de Jésus, l’Église nous invite à cultiver particulièrement trois valeurs : la prière, le jeûne (pénitence et abstinence) et le partage. Ces trois valeurs nous incitent à nous rendre disponibles pour Dieu et à être solidaires de nos frères et sœurs par le partage de ce que nous sommes et de ce que nous avons.  L’impact de notre témoignage dans le monde dépend de cette authenticité de notre réponse à Dieu, car seuls des hommes et femmes libres peuvent libérer les autres. Nous pouvons vivre, traverser nos déserts.
 
Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. Un sentiment d'urgence et de gravité se dégage de cette annonce de Jésus. Les temps sont courts et le carême est le temps du renouvellement, du retournement du cœur, de la conversion. Le carême c'est une conversion, un nouveau commencement, c'est l'engagement envers Dieu à vivre sa vie  comme Jésus. Faire carême c'est actualiser l'Alliance de Dieu. Comment allons-nous concrètement nous engager les uns envers les autres pour enfin rejoindre le cœur de Dieu?
 
« Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle». Saurons-nous entendre cet appel de celui qui nous aime? Comment y répondre maintenant?  Par quels signes reconnaît-on que nous vivons une Alliance avec le Dieu de Jésus?
 
 

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Message de Mgr Urbain Ngassongo, évêque de Gamboma, pour le Carême 2018 : Le dialogue, voie créatrice et rédemptrice vers la réconciliation

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

«Dieu nous appelle à un Dialogue Créateur et Rédempteur» rappelle l’évêque de Gamboma. «En dépit des échecs que nous pouvons sans cesse rencontrer, le dialogue demeure la voie créatrice et rédemptrice, le chemin qui mène vers la réconciliation véritable. Nombreuses de nos communautés ecclésiales et familles sont devenues des foyers permanents de tensions et de querelles, de guerres et de violences, faute de dialogue et d’écoute.», réaffirme l’évêque Nous publions ci-dessous l’intégralité de ce message.

 

A la communauté chétienne du diocèse de Gamboma,

Aux hommes et femmes de bonne volonté.
Mes frères et sœurs disciples du Christ,
Miséricorde, amour, justice et paix dans le Christ !

Le carême est un véritable itinéraire de conversion qui conduit vers la rencontre joyeuse du Christ mort et ressuscité. Ces quarante jours de pèlerinage vers Pâques constituent un moment privilégié où chacun est invité à vivre intensément sa relation d’amour avec Dieu et son prochain, dans l’intimité de la prière, le jeûne et le partage: trois piliers pour une vie chrétienne authentique.


La prière est le canal idéal pour garder toujours vive la flamme d’amour, rendre constante et intime l’amitié qui nous lie à notre Créateur et Rédempteur. En jeûnant, nous affirmons notre dépendance à Dieu dans l’usage des choses qu’il a faites et qu’il a mises à notre disposition. Et à travers l’aumône, nous témoignons notre disponibilité à partager avec les autres aussi bien notre avoir que notre être.


La providence divine nous fait grâce de commémorer, en cette période de carême, le tout premier quinquennat de notre diocèse de Gamboma, érigé le 22 février 2013 par Sa Sainteté le Pape Benoit XVI, suite au démembrement du diocèse d’Owando. Tout en rendant grâce à Dieu pour ces cinq années de cheminement, il sied de s’arrêter un instant pour faire une évaluation rétrospective, pour s’interroger sur l’impact de la semence de la Bonne Nouvelle dans nos milieux existentiels, dans la perspective de la mission fondamentale à nous confiée: l’évangélisation en profondeur de notre tissu culturel, qui doive s’articuler autour de trois axes majeurs à savoir: la catéchèse, la liturgie et la Caritas ainsi que cinq secteurs pastoraux prioritaires, entre autres: la famille, l’éducation, la santé, le développement agricole et la redynamisation des communautés chrétiennes de bases (CCB). Chrétien de Gamboma, qui est réellement Jésus-Christ pour toi? Est-il celui en qui tu as mis ta foi, ton espérance et ton amour? Est-il vraiment devenu le Seigneur de tes pensées, tes sentiments, ton agir au quotidien? Oui, nous devons travailler jour après jour de manière à extirper de notre cœur, les tendances mauvaises qui peuvent éteindre la flamme de la charité, refroidir le zèle pour la vérité, la justice, la paix et la réconciliation, tel que le Pape François nous le fait prévenir dans son Message de carême 2018: «A cause de l’ampleur du mal, la charité de la plupart des hommes se refroidira (Mt 24, 12)».


Pour mieux vivre ce temps de grâce, temps favorable de conversion, je voudrais partager avec vous quelques pistes de méditation sur le ‘‘dialogue’’ qui demeure un défi permanent pour la cohésion de notre vie sociétale, familiale, professionnelle, ecclésiale et religieuse.
L’initiative du dialogue vient de Dieu «L’origine transcendante du dialogue se trouve dans l’intention même de Dieu (…). L’histoire du salut raconte précisément ce dialogue long et divers qui part de Dieu et noue avec l’homme une conversation variée et étonnante».1


La révélation consiste dans l’initiative de Dieu qui vient personnellement à la rencontre de l’homme pour ouvrir avec lui un dialogue salvifique: «Il a plu à Dieu, dans sa bonté et sa sagesse, de se révéler Lui-même et de faire connaître le mystère de sa volonté, par lequel les hommes ont accès auprès du Père par le Christ, Verbe fait chair, dans l’Esprit Saint, et sont rendus participants de la nature divine» (Ep 1, 9). Animé d’un amour miséricordieux, Dieu initie le dialogue avec l’humanité pour la sauver. Il prend à lui seule l’initiative de courir à la rencontre de l’homme égaré pour le couvrir de son amour et lui donner en plénitude le bonheur perdu. C’est justement à cette gratuité de l’amour miséricordieux que Moïse fait appel dans son intercession: «Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même» (Ex 32, 13).


Le Dieu-Créateur se révèle ainsi comme le Dieu-Rédempteur, Dieu fidèle à Lui-même, fidèle à ses promesses, fidèle à son amour envers l’homme et envers le monde. En créant, il ne s’est pas tenu à distance, indifférent à l’égard de ce qu’il a créé et de l’être qu’il a créé. Il s’est révélé comme le Dieu du continuel ‘‘Avent’’, le Dieu qui vient toujours à la rencontre de sa créature, malgré ses égarements, pour lui tendre sa main. Dans sa grande miséricorde, il s’est fait rencontre avec l’homme en opérant une fois pour toutes la réconciliation de l’humanité par son Fils Unique Jésus-Christ, qui a assumé la condition humaine, lui qui n’a jamais connu le péché, pour sauver le genre humain (2 Co 5, 19).

Jésus-Christ: Homme de la rencontre et du dialogue
Dans les évangiles, Jésus apparaît comme l’homme par excellence de la rencontre et du ‘‘dialogue rédempteur’’, où chaque interlocuteur se trouve valorisé, aimé, apprécié à sa juste valeur, transfiguré, prêt à renaître, à entrer dans une vie nouvelle.


La plupart des gens que Jésus rencontre sur son chemin, ce sont des pécheurs, des malheureux, des excommuniés de la société, des indigents, des déchus, etc., et il suffit d’un sourire, d’un regard, d’une parole aimante pour restaurer en eux la vie, la confiance et l’estime de soi. C’est le cas pour cette jeune femme, surprise en flagrant délit d’adultère (Jean 8, 1-11). Cette femme enfreint ainsi l’un des commandements de la Torah (Nb 15, 30) et se trouve par conséquent, passible de lapidation. A Jésus de répondre si oui ou non, il fallait exécuter la sentence, étant donné l’évidence de la faute. Mais, Jésus se tait pour renvoyer chacun au plus intime de sa conscience: qui peut se permettre de juger? En réalité, lui Jésus, qui seul est sans péché, était en droit de jeter la première pierre. Pourtant, il ne le fait pas; au contraire, il dit à la femme désemparée: «Va, et désormais ne pèche plus». Quel merveilleux tableau de grâce et de miséricorde!


Dans les récits de la rencontre de Jésus avec la samaritaine (Jean 4, 1-42), tout comme avec Zachée le publicain (Luc 19, 1-10), nous ne pouvons qu’admirer l’énergie de l’amitié et de la confiance que Jésus communique par son regard bienveillant. Le regard de Jésus, c’est un regard qui ne juge pas, n’enfonce pas dans le désespoir, ne culpabilise pas, ne  se nourrit pas de mépris, mais relève et fait exister. Ce regard va susciter en Zachée, la vie; en la femme de Samarie, la soif de conversion. Ainsi, dans chacune de nos rencontres, Jésus nous apprend à ne jamais condamner, mais à regarder notre prochain avec un cœur miséricordieux et compatissant, plein d’estime et de bonté.

L’Eglise: une communauté dialogale
Le dialogue avec le Christ nous inspire un souffle nouveau pour entrer en dialogue avec nos frères et sœurs dans la miséricorde, la justice et la paix. Ce dialogue interne dans l’Eglise est condition sine qua non du dialogue externe, du dialogue de l’Eglise avec l’humanité: «En vertu de la mission qui est la sienne, d’éclairer l’univers entier par le message évangélique, et de réunir en un seul Esprit tous les hommes, à quelque nation, race ou culture qu’ils appartiennent, l’Eglise apparaît comme le signe de cette fraternité qui rend possible un dialogue loyal et le renforce. Cela exige en premier lieu, qu’au sein même de l’Eglise, nous fassions progresser l’estime, le respect et la concorde mutuels (…) en vue d’établir un dialogue sans cesse fécond entre tous ceux qui constituent l’unique peuple de Dieu ».2
Aujourd’hui, la culture du dialogue est d’une importance beaucoup plus grande. Loin d’être un palliatif spirituel, le dialogue est une grâce qui sauve de l’engrenage de la haine. Du haut de la croix, le Christ a dialogué avec son Père, et avec l’humanité toute entière. Ce dialogue rédempteur a brisé les murs de la division, du mépris, de la rancœur, et fait germer dans nos cœurs l’amour, le pardon et la réconciliation.


En dépit des échecs que nous pouvons sans cesse rencontrer, le dialogue reste et demeure la voie créatrice et rédemptrice, le chemin qui mène vers la réconciliation véritable. Nombreuses de nos communautés ecclésiales et familles sont devenues de foyers permanents de tensions et querelles, de guerres et de violences, faute de dialogue et d’écoute. Le dialogue permet d’apaiser les conflits pour rétablir la paix, l’harmonie, l’entente, l’amitié. Il est une arme puissante pour abattre les murs des incompréhensions, pour créer des ponts de communications, pour dépasser la solitude, le repli sur soi, l’égocentrisme et l’autoritarisme. C’est justement «à travers le dialogue et l’écoute, affirme le Pape François, qu’un monde meilleur, comme lieu d’accueil et de respect, luttant contre les divisions et les conflits, est possible».


La communion entre les croyants et le dialogue œcuménique: ‘‘Qu’ils soient un…’’ (Jean 17, 21)
La naissance sans cesse croissante des nouvelles religiosités aux croyances multiformes, aussi bien dans les grandes agglomérations que dans les villages les plus éloignés, lance à nouveau ce défi au dialogue que je considère comme la voie salutaire pour la consolidation de la paix et l’unité dans nos différents milieux existentiels. Nous sommes appelés à nouer avec nos frères et sœurs croyants d’autres confessions religieuses des rapports de fraternité et de communion dans une recherche commune de la vérité dans la justice, la paix et la réconciliation; en adoptant une saine attitude d’écoute, d’estime, de tolérance et de respect, surtout à l’égard de nos frères et sœurs de la religion traditionnelle africaine (RTA).


Ce dialogue de salut doit être suscité par un amour fervent et désintéressé. Il doit être sans limites et sans calcul, toujours dans le respect de l’autre dans sa différence. Car, il ne peut y avoir rencontre, coexistence, dialogue, amitié, que sur la base d’une différence reconnue et acceptée. Aimer l’autre dans sa différence ne peut qu’être la seule possibilité d’aimer. Il sied de «Reconnaître l’autre comme un autre, aimer l’autre tel qu’il est, et non pas comme un être à conquérir, consentir à ce qu’il soit différent, en face de moi, sans essayer d’empiéter sur la vérité de sa conscience et de sa recherche, sans faire jouer mes motifs de réserve avant ma conscience ».3  
C’est pourquoi, il est grand temps de promouvoir et d’encourager les diverses initiatives en faveur du dialogue avec les fidèles des communautés ecclésiales sœurs unies dans la foi en Dieu Un et Trine, et en l’Unique Sauveur Jésus-Christ; entre autres communautés, les protestants, les salutistes et les orthodoxes avec qui nous professons, au-delà des différences doctrinales,  «un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu qui est Père de tous et qui est en tous» (Ep 4, 5).
Le Magistère, par la voix des Souverains pontifes, n’a cessé d’interpeller les Eglises particulières qui doivent considérer l’œcuménisme comme une véritable préoccupation pastorale et un défi pour les chrétiens appelés à vivre unis. Le Pape Benoit XVI affirmait à raison: «Un christianisme divisé demeure un scandale puisqu’il contredit de facto la volonté du Divin Maître (Cf. Jn 17, 21). Le dialogue œcuménique vise donc à orienter notre marche commune vers l’unité des chrétiens, en étant assidus à l’écoute de la Parole de Dieu, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (Cf. Ac 2, 42)».4 Nous sommes ainsi appelés à consacrer toutes nos énergies pour nous laisser façonner par cette prière de Jésus en la veille de sa passion: «…Qu’ils soient un… » (Jn 17, 21).


Le Conseil œcuménique des églises chrétiennes du Congo (COECC) travaille sans relâche de manière à ce que ce dialogue ne s’arrête pas aux mots, mais se rende manifeste sur les chemins de vie à travers des initiatives communes (les rencontres de prières, de partages et d’échanges), sur divers secteurs: éducation, santé, sport, culture, politique. Assurons-en le relai dans nos paroisses, nos quartiers et nos familles, tout en sachant qu’il n’y a pas véritablement dialogue sans conversion intérieure. Car, «C’est du renouveau de l’esprit, du renoncement à soi-même et d’une libre effusion de charité que naissent et mûrissent les désirs de l’unité».5


En ce temps fort de carême où l’Eglise nous convie à la pénitence intérieure en priant, jeûnant et partageant, j’implore donc pour chacun de vous la grâce de l’humilité dans le service, la douceur, l’ouverture à l’autre, la générosité à l’égard de tous afin de repousser l’orgueil, la violence, le repli identitaire et l’égoïsme qui nous rend distants les uns des autres. Tout au long de ce cheminement dans le désert, demandons à la Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de la Divine Miséricorde, de nous accompagner dans cet effort du dialogue créateur et rédempteur.
Fructueux temps de carême et d’ascension vers Pâques!

Gamboma, le 14 février 2018

†Mgr Urbain NGASSONGO
Evêque de Gamboma

Notes:
1 Pape Paul VI, Encyclique Ecclesiam Suam, n°72
2 Vatican II, Constitution pastorale Gaudium et Spes, N°92
3 Yves CONGAR, chrétiens en dialogue, Cerf, Paris, 1964, page 2
4 Pape Benoît XVI, Exhortation Apostolique Post-synodale Africae Munus, n°89.
5 Vatican II, Décret sur l’œcuménisme Unitatis Redintegratio, N°7

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Homélie pour le Mercredi des Cendres B (14 Fév 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Chaque année, l'Église nous convie à vivre dans la joie les quarante jours du Carême ! Trop souvent, je constate que bien des chrétiens ne savent plus vraiment le sens de ce temps. Or, c'est une des périodes de l'année liturgique des plus riches et dynamisantes pour vivre notre foi !
 
En effet, le Carême est un temps favorable de relecture de notre vécu quotidien, un temps de mise au point de nos choix de valeurs, un temps de redécouverte du Dieu de Jésus-Christ. C'est aussi un moment favorable de rapprochement de nos frères et de nos soeurs, entre autre grâce aux activités proposées par la campagne annuelle du Carême de partage. C'est aussi une belle occasion de se regarder en vérité au plus profond de notre être spirituel.
 
C'est un moment idéal pour nous libérer de ce qui pourrait emprisonner notre vie quotidienne: par exemple, en se tournant vers quelqu'un de différent de nous, en apprenant à mieux connaître le contenu de la parole de Dieu, en maîtrisant son humeur, en partageant un de ses talents  et en gardant toujours une bonne dose d'humour
 
De temps à autre, j'entends aussi des chrétiens qui parlent principalement de ce temps en termes de privation et de jeûne. Et Dieu que cela semble parfois dur et olympique
 
En fait, l'Église laisse à chacun le discernement d'y aller selon son coeur et ses possibilités tout en rappelant que le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint sont deux jours obligatoires de jeûne recommandés pour toute personne en bonne santé.
 
À ce propos, j'aime rappeler la sagesse de Léon le Grand qui écrivait dans un de ses sermons de Carême :
 
Il n'y a pas de profit à jeûner si le coeur ne se détourne pas de l'injustice, et si la langue ne s'abstient pas de calomnie.
 
Dès lors, frères et soeurs, puissions-nous demander au Dieu de toute tendresse, au seuil de ce temps de Carême, un coeur capable d'aimer et de se laisser aimer!
 
Bon carême à tous et à toutes !
 

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Homélie pour le 6e dimanche du temps ordinaire B (11 Fev 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,
 
La 1ere lecture fait référence à une loi concernant les lépreux. Elle est tirée du code appelé Lévitique; il a été composé surtout à l’intention des prêtres de la tribu de Lévi.  Ceux-ci  devaient examiner entre autres  les marques éventuelles de lèpre. La lèpre était une impureté, c’est-à-dire un mal qui exclut de la société et de la communauté  religieuse. Pour les juifs de l'époque, c'était clair : un lépreux est quelqu’un que Dieu punit pour un grave péché non avoué. C’est pourquoi le lépreux ne demande pas à Jésus de le guérir, mais de le  purifier.
 
Mais Jésus est celui qui se soucie de restaurer la santé des corps, des cœurs et des esprits. Il rend à la vie toute sa valeur en permettant à quelqu’un de retrouver espoir et de se remettre en route. Ceci étant, quand Jésus touche le lépreux pour le guérir, il brise les barrières des lois humaines et sociales qui défendaient d’avoir un contact avec celui-ci. Au diable les tabous, quand il s'agit de secourir un malheureux! La compassion  pousse Jésus à l'action. Il touche un intouchable, un lépreux! Il ne faisait pas cela avec tous les malades qu'il guérissait. Ici, il le fait. C'est un signe. Il n'a pas peur de la lèpre et il est plus fort qu'elle. Il lui aurait suffi de parler pour guérir, mais il accompagne la parole d'un geste riche de sens. Ce lépreux avait autant besoin d’être touché que d’être guéri physiquement. Il était hors de la société, mais lorsque quelqu’un montre par le toucher qu’il l’apprécie, cela  affirme sa valeur.  Tout cela porte en soi la guérison.
 
En agissant ainsi, Jésus est devenu lui-même un intouchable. Il ne lui était plus possible d’entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d’éviter les lieux habités.  En effet, Jésus n’avait nul besoin de toucher ce lépreux qui était venu à lui pour le guérir, mais s’il le fait c’est qu’il veut changer les choses. Sa transgression n’est pas dirigée contre la loi, mais contre ce que cette loi ou ses interprétations peuvent avoir d’aliénant. Le but de ce miracle, c’est de rendre possible la réintégration du lépreux à la communauté.  Jésus dit au lépreux : ne dit rien à personne, mais va te montrer au prêtre et offre pour ta purification ce que Moïse a prescrit, ils auront là un témoignage provocant. Il ne faut pas voir la guérison comme un but ultime, mais plutôt comme un appel à rendre témoignage. C’est le sens du silence demandé par Jésus au lépreux : ne te fige pas sur l'événement de ta guérison, poursuis ta route. Jésus n'est pas venu abolir la loi, mais l'accomplir. Il est venu souffler un vent de liberté sur nos habitudes qui emprisonnent.  
 
Les lépreux de nos sociétés sont parmi nous et autour de nous. ce sont ceux et celles qui vivent dans le dénuement total  à travers le monde, les sans-travail et les sans-abri, les ex-prisonniers qui ne peuvent reprendre leur place dans la société, les personnes âgées qui attendent la mort dans l’isolement et l’abandon, les vagues d’immigrants qui arrivent par milliers, etc.
 
N'oublions pas tous les « lépreux » devant notre porte, tous ceux qui sont humiliés, méprisés, bafoués, maudits. Nous sommes appelés à faire tomber les barrières que dressent trop de gens, les fossés de dégoût, de répulsion, de mépris, de peur et d'agressivité qu'ils creusent si souvent. Tous, nous sommes invités à suivre l’exemple de Jésus pour apporter un peu de réconfort et d’espérance à ceux et celles qui sont malades, rejetés et isolés. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans l’aide que nous apportons aux personnes marginalisées ? Sommes- nous prêts à transgresser le « code de pureté » implicite de notre société selon lequel seules les personnes économiquement indépendantes et productives ont de la valeur ? Paul, comme Jésus, s’est attaqué aux préjugés et à l’exclusion.
 
Dans l'épître aux Corinthiens en effet, la question était de savoir si un chrétien peut consommer des viandes non dûment autorisées par un sacrifice. Paul explique qu’il est possible de consommer ces viandes puisque ces sacrifices ne signifient rien pour un chrétien. D’autre part, si le fait de les consommer signifie de s’associer au culte des idoles, alors n'en mangeons pas. Nous devons nous comporter en personnes libres, mais nous devons aussi limiter volontairement notre liberté par considération pour notre entourage pour éviter de les offenser. Paul, comme tous ceux qui marchent à la suite de Jésus, doit être le point de mire des chrétiens. Soyez mes imitateurs, comme moi-même je suis imitateur de Jésus-Christ. C'est l'apôtre Paul qui nous enseigne cela. Ce n'est pas chose facile, c'est un défi à relever, mais nous devons communiquer la Bonne Nouvelle. Jésus a enseigné par l’exemple : il a écouté, il a médité la parole de Dieu,  il a prié, il est passé à l’action. Paul a suivi ses traces, tout comme Pierre et bien d’autres témoins. Pour rendre témoignage de l’Évangile, nous devons aimer et aider comme Jésus. Nous devons prendre le temps et fournir l’effort nécessaire pour bien comprendre les besoins, les problèmes et les difficultés des gens qui viennent à nous dans leur désert. Nous devons avoir une relation avec les gens pour connaître leurs expériences. Nous devons passer du désert à la vie, rejoindre les gens là où ils vivent. Oublions nous aussi les tabous quand il s'agit de secourir un malheureux. Faisons tomber les barrières que parfois nous dressons enfermés dans nos peurs.
 
Nous aussi nous sommes des lépreux à nos heures avec nos fragilités. Avec ce qui nous défigure et nous ronge de l’intérieur, avec tout ce qui nous empêche d’être un membre à part entière de la communauté humaine et d’offrir ce que nous avons d’unique. Tous, nous avons besoin de la tendresse de Dieu. Nous sommes peut-être moins mobilisés que nous le devrions, une lèpre nous afflige peut-être.  Dans le lépreux, il y a un peu de chacun de nous. Laissons agir la foi qui nous amène à nous tourner vers Dieu et à dire : « Si tu veux, tu peux me guérir ». Et pourquoi ne pas étendre la main aujourd’hui vers celui qui souffre? Laissons l'amour en nous être le plus fort, en découvrant que « tout homme est un frère, que toute femme est une sœur.»
 
Quelle maladie intérieure ronge en nous et la santé et la sainteté ? Qu'attendons-nous de Jésus? De quelle lèpre désirons-nous être purifiés ?

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Session annuelle du Conseil permanent des évêques de l’ACERAC : Construire des communautés qui soient sel de la terre et lumière du monde

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

La Session annuelle du Conseil permanent des évêques de l’Association des Conférences épiscopales de la région de l’Afrique centrale (ACERAC) s’est ouverte mardi 30 janvier 2018, au siège de l’institution, sous les auspices de Mgr Juan Nsue Edjang Mayé, archevêque de Malabo, (Guinée Equatoriale) et président en exercice de l’ACERAC. A ses côtés, les présidents des Conférences épiscopales des pays membres de l’institution ou leurs représentants respectifs: le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, NN.SS.

Samuel Kleda, archevêque de Douala, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, président sortant de l’ACERAC, Miguel Angel Nguema, évêque d’Ebibeyin et vice-président de la Conférence épiscopale de Guinée équatoriale, Victor Abagna Mossa, évêque d’Owando, vice-président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC), Bienvenu Manamika Bafouakouahou, évêque de Dolisie, président du Conseil d’administration de l’hôtel de l’ACERAC, ainsi que les abbés Antonio Mabiala et Maurice Edoula respectivement, secrétaire général et secrétaire général adjoint de l’ACERAC.


Deux allocutions ont constitué des moments saillants de cette cérémonie d’ouverture: l’allocution du secrétaire général et celle du président en exercice de l’institution.
Dans son mot de bienvenue, le secrétaire général de l’ACERAC a rappelé que le Conseil permanent se réunit une fois l’an sur convocation du président pour: «assurer l’application des décisions prises par ladite Association, assurer le bon fonctionnement de l’association, traiter les affaires qui lui sont confiées par l’assemblée générale, exercer le contrôle sur l’administration des biens et l’exécution des projets établis par l’Assemblée plénière.» Après quoi, l’abbé Antonio Mabiala a rappelé l’ordre du jour de ces assises.


S’exprimant à son tour, Mgr Juan Nsue Edjang Mayé a salué cordialement le secrétaire général et toute son équipe, et exprimé sa gratitude à l’équipe sortante notamment à Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala et l’abbé Mesmin Prosper Massengo, respectivement, président et secrétaire général sortants de l’ACERAC, en remerciant Mgr Anatole Milandou, archevêque de Brazzaville, qui abrite l’ACERAC dans son diocèse ainsi que Mgr Daniel Mizonzo, président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC) pour l’accueil reçu. Mgr Juan Nsue Edjang Mayé a souligné: «La rencontre des membres du Conseil permanent nous permet de partager ensemble, toujours, dans la recherche des mécanismes qui puissent enrichir l’esprit fondateur de notre Association: ‘’Une meilleure et mutuelle connaissance des différentes conférences épiscopales ; travailler tous dans la communion pour une meilleure organisation sous régionale et pouvoir offrir des solutions aux défis que présente la pastorale commune aujourd’hui; construire des communautés capables d’être sel de la terre et lumière du monde dans les différents pays et dans notre continent, etc.»


Après la cérémonie d’ouverture, ont débuté les travaux de ce conseil. Parmi les aspects abordés au cours de ces travaux, il y a l’état d’avancement de la thématique débattue à la plénière de Yaoundé, en juillet 2017: «Dialogue interreligieux et œcuménisme.», «Rapport entre le secrétariat et l’hôtel», «Propositions concrètes en vue de l’équipement et du fonctionnement de l’hôtel», «Point financier 2017 du secrétariat de l’ACERAC et adoption du budget prévisionnel de 2018», les interventions des commissions Justice et Paix par l’abbé Félicien Mavoungou, Média et communication par notre collègue Aristide Ghislain Ngouma, Education chrétienne par Raoul Sika et de la commission Santé.
A signaler que ces assises s’achèvent vendredi 2 février 2018.

Gislain Wilfrid BOUMBA

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Homélie pour le 5e dimanche du temps ordinaire B (04 Fév 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,
 
De tous les temps, de par le monde, les gens souffrent et ont essayé de comprendre et d’expliquer la souffrance humaine. La violence, la maladie, les échecs, le chômage, les attentats, bref le mal, la souffrance et la mort font partie de notre réalité.
 
Il faut donc les combattre, mais aussi les assumer. En préparation à l’évangile qui raconte comment Jésus guérit les malades et chasse beaucoup d’esprits mauvais, la première lecture est le cri du grand malheureux qu’est Job.  Il a perdu tous ses biens, ses troupeaux, ses serviteurs; ses fils ont tous été tués dans l’écroulement de leurs maisons. La maladie s’est abattue sur lui. Il est couvert d’ulcères qui le font souffrir énormément. Job se retrouve seul et résigné sur son fumier. Même sa femme vient se moquer de lui. Job n’est pas un grand naïf et il ne se complaît pas dans la souffrance. Il ne se renferme pas non plus sur lui-même, mais il continue de parler à Dieu. Que ferons-nous dans pareils circonstances? beaucoup abandonneraient le Seigneur, et iraient chercher des solutions ailleurs. "Chrétien, quelle est ton attitude face à la souffrance?" c'est le titre d'une lettre Pastorale de Mgr Anatole Milandou, évêque de kinkala à l'époque.
 
Ainsi, la plainte de Job appelle la réponse de Dieu fournie par Jésus. Dans le récit de l'Évangile, Marc revient avec des guérisons et des histoires de démons afin de nous présenter Jésus au début de sa vie publique. Le miracle de Jésus laisse deviner autre chose qu’une simple guérison ; c’est le signe de la grande guérison que Dieu veut réaliser pour l’humanité, quand Jésus se lèvera lui-même de la mort.
 
Nous sommes donc au cœur du salut chrétien, car il ne sert à rien de nous dire chrétiens si nous ne changeons pas notre vision du monde et notre vie.  La réponse de Dieu à nos tragédies humaines ne consiste pas à résoudre tous nos problèmes, comme nous le font miroiter tous ces pasteurs des églises de sommeil. Mais à changer le niveau ou la hauteur de notre regard. Le mal et la souffrance sont toujours là, mais ils n’ont pas le dernier mot sur la vie humaine, parce que Jésus, en s’approchant de nous, nous prend par la main, nous relève et nous  accompagne. C’est ce qu’on appelle l’espérance.
 
C'est dire que la vie éternelle commence dès ici-bas quand Dieu est le centre de nos vies. Si nous enracinons notre vie dans une telle attitude, nous devenons des témoins de l'Évangile. Saint Paul nous dit que cela n’est pas une option, car pour lui annoncer l'Évangile est une nécessité. Il s’est fait le serviteur de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible. De plus, celui qui annonce l’Évangile ne le reçoit pas moins que celui qui l'écoute. Jésus voulait aller dans d’autres lieux, dans d’autres villages, pour proclamer la Bonne Nouvelle. Il n’était pas venu pour être adulé ou même pour soigner tous les malades de la région. Il portait un message et les actions éclatantes donnaient du poids à sa parole. Les miracles ne sont donc que des signes qui accompagnent et créditent l'annonce de la Parole. Faisons attention à toutes ces publicités d'un Jésus guérisseur spectaculaire et tonitruant.
 
Dieu est au milieu des gens dont la vie n'est pas toujours rose. Jésus proclame un Dieu plein de tendresse, de miséricorde, de pardon. Dieu relève, il n’est pas un maître qui asservit à sa loi et à ses commandements. L'attitude de Jésus est faite de confiance et d'action. Comme lui, nous pouvons aider celui ou celle qui s'effondre à se redresser. Comme lui, nous pouvons redonner espoir à celui ou celle qui s'approche du néant et du vide.  Nous sommes capables d’accompagner et guérir les autres. N’est-ce pas ce que Saint Paul affirme, car Jésus  ressuscité agit à travers lui. 
 
Mettons-nous en marche et suivons Jésus. Suivons-le à l'occasion dans ses rencontres avec son Père, qui est Notre Père. Nous serions tentés parfois de nous replier dans notre confort, mais Jésus nous dit: « Allons ailleurs !» Allons vers ceux qui ne me connaissent pas ! Il n'est pas nécessaire pour cela de s'expatrier, ni d'entreprendre des projets retentissants. Il suffit d’être vrai. Il suffit d'ouvrir notre cœur plus grand que jamais aux souffrances proches ou lointaines. Le service essentiel de Jésus est l'annonce de l'Évangile. Comme Saint-Paul l'a dit, cela doit être notre service, une nécessité qui s'impose à nous. Évangéliser, c'est être à l'écoute des autres, puis éveiller la foi. C'est faire advenir le Royaume de Dieu.
 
Et tout cela, nous le ferons à cause de l’Évangile, pour y avoir part, nous aussi. sans oublier que l'évangile est gratuit mais l'évangélisation coûte cher.
 

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Homélie pour le 4e dimanche du temps ordinaire B (28 Janv 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,

Après avoir reçu l'Esprit pour sa mission, une retraite au désert, et s'être choisi des collaborateurs, Jésus commence son activité. Marc rassemble, dans le cadre d'une journée, l'essentiel de la mission de Jésus en Galilée. En ce jour de sabbat, avec ses quatre premiers disciples, il est à Capharnaüm et c'est là qu'a lieu le premier miracle. Ne nous laissons pas accaparer par un fait extraordinaire. Les récits de ce genre ne manquent pas dans les Évangiles. Jésus livre fréquemment un combat avec les démons. Ce que nous devons retenir, c’est que Jésus parle au nom de Dieu avec une telle conviction, que sa Parole a raison de toutes nos limites et nos pauvretés. Jésus a réformé les cœurs. C'est vrai, les évangiles rapportent des événements merveilleux qui ont touché les foules, mais ce n’est pas seulement par les grands miracles que Dieu se manifeste. Il faut être attentif pour le découvrir.
 
Qu'a donc compris Marc et qu'il essaie de transmettre par son récit d’exorcisme ? Il n'y a pas de formule magique. Jésus enseigne et son enseignement n'est pas comme celui des scribes.  Le contenu de l’enseignement de Jésus, c'est sa vie même.   Le jour du sabbat, on se rassemblait pour écouter, étudier la Parole de Dieu, les enseignements du rabbin, ses discussions avec l'assemblée. Le plus souvent, on recourait à des citations des anciens, on discutait sur ce qui avait été dit. Jésus ne se contente pas de citer les opinions des gens. Il parle de ce qu'il sait, avec compétence et autorité. Il lit les cœurs. Il est présent à l'intérieur de chacun non pour l'inquiéter, mais pour le rassurer. Il est présent pour le guérir, le libérer de tout ce qui peut l'aliéner.
 
Cet homme de Capharnaüm nous ressemble. Il nous arrive de poser des actes qui sont destructeurs pour nous-mêmes et pour les autres. Il nous arrive d’être une personne déchirée qui sait bien ce qu'il faudrait faire pour changer, pour être plus libre.  Mais, changer nous fait peur. C’est le pardon qui est d’abord annoncé par Jésus puisque le paralysé est l’image du pauvre et de l'exclu, de celui que beaucoup considéraient comme puni par Dieu à cause de son péché. Il se retrouve maintenant dans une relation de cœur à cœur avec Jésus qui voyait le désir de pardon de cet homme – ce qui n’avait rien à voir avec son état physique. Jésus lui enlève le poids de la culpabilité et du jugement des autres, car au-delà des blessures et des paralysies, il y a un avenir possible. Cela est blasphématoire aux yeux des scribes qui ne sont pas encore prêts à accepter cette nouveauté. Dans le Règne de Dieu ici-bas, les hommes et les femmes ont le pouvoir et la liberté de prononcer ces paroles de pardon, mais il y a plein de résistances que le pardon doit franchir avant de remettre debout en nous et en l'autre ce qui est blessé, brisé, paralysé. Jésus s’attaque aux lois, aux préceptes et aux règlements qui étouffent et qui enferment les gens dans une culpabilité qui est contraire à l’Esprit de l’Évangile. Le cœur à cœur avec le Dieu de l’Évangile n’est possible que si nous laissons entrer en nous l’amour de Dieu. Cela exige que nous montrions à Dieu toutes nos blessures, toutes ces choses horribles, malfaisantes et insensées que nous pouvons faire, ou qui nous ont été faites. 
 
Jésus enseigne avec autorité, parce qu’il ose aimer avec autorité. Quand oserons-nous cet enseignement hors des sentiers battus ? On dit souvent aujourd’hui que les hommes et les femmes ne veulent plus entendre parler de Dieu. Est-ce vraiment de Dieu que les gens ne veulent plus entendre parler ? Ne serait-ce pas plutôt certains visages de Dieu que nous leur présentons qui les rebiffent ? Si nous leur présentons un Dieu d’Amour qui accueille l’autre dans le respect et la dignité, les croyants d’aujourd’hui comme ceux d’hier seront moins réfractaires à notre message.  Autant dans la 1ere lecture que dans l’évangile de Marc, la Parole de Dieu aujourd’hui porte sur ce qui rend libre de tout souci comme l’écrit Paul aux Corinthiens.  Dans sa lettre, Paul explique que ce qui est primordial, c’est d’être attaché à Dieu sans partage. C’est tout un défi. Dans la 1ere lecture, Moïse dit au peuple d’Israël que dorénavant Dieu ne parlera plus directement ; il se servira d’un intermédiaire, d’un prophète pour se dire et s’exprimer. Cela a été difficile pour les israélites de reconnaître en Moïse un prophète, comme il a été difficile aussi de reconnaître Jésus comme prophète et encore plus difficile comme Fils de Dieu unique. Nous aussi nous avons de la difficulté à reconnaître les prophètes et ceux qui ont une mission extraordinaire.
 
Paul nous demande d’être chrétiens libres de tout souci, des chrétiens qui se tournent vers l’autre pour que l’autre aussi soit libre de tout souci, pour que lui aussi soit heureux. Aimer comme Jésus, ce n'est pas donner aux autres, c'est se donner. Le principal défi est dans nos cœurs. Pas besoin d’actions d’éclat pour toucher notre prochain. Ce qu'il faut, c’est toucher son cœur.
 
 

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Communauté des Frères Franciscains du Congo : Mgr Anatole Milandou a béni la nouvelle chapelle

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

La communauté du sanctuaire Saint Bonaventure des frères franciscains, située au 102 de l’avenue Auberge Gasconne à Diata, vers l’ex-Télé Congo, dans le premier arrondissement Makélékélé était en fête, samedi 6 janvier 2018 à Brazzaville, avec la bénédiction de la chapelle dédiée à Saint Bonaventure, fondateur adjoint de l’Ordre des franciscains.

 

Elle a été bénie et ouverte à la chrétienté par Mgr Anatole Milandou, archevêque métropolitain de Brazzaville, au cours d’une messe concélébrée par six prêtres, parmi lesquels, l’abbé Mathias Cédric Louhouamou, cérémoniaire adjoint de l’archevêque et le père Kevin Dessinga, supérieur des franciscains au Congo. Animée par le chœur credo du Congo, cette cérémonie a connu la participation de nombreux fidèles habitant les quartiers de Moukondzi-Ngouaka, Château-d’Eau, Kinsoundi, à qui est offert désormais un lieu de prière et de recueillement aux couleurs franciscaines.


A la lumière du texte de l’Evangile selon Saint Jean et prenant appui sur la mission de Jean-Baptiste dans le désert, Mgr Anatole Milandou a souligné que Jean-Baptiste était un prophète humble, austère, voilà pourquoi son message attirait de nombreuses foules. C’est donc un prophète par excellence qui a parlé au nom de Dieu. «Soyons donc humbles comme Jean-Baptiste et conduisez bien le peuple de Dieu à Jésus-Christ Sauveur. L’eau de la rivière Le Jourdain dont il se servait pour baptiser des foules est un principe universel de purification. On se sert de l’eau pour boire et se laver. Même les animaux de la forêt se lavent avec de l’eau et donc c’est un réflexe et un besoin naturel. Ainsi, nous pouvons affirmer que le baptême que Jésus est venu nous montrer a une grande importance dans notre vie. A ma grande surprise, nous célébrons les anniversaires de tels ou tels autres sacrements, à l’instar de la confirmation, le mariage, le sacerdoce, sauf le baptême. L’autel de la messe que nous vénérons au début de la messe représente le Christ, l’offrande et le prêtre», a souligné l’archevêque. Avant d’attirer l’attention du peuple de Dieu sur la fréquentation de cette chapelle qui n’est pas une paroisse comme les autres. «Donc, il n’est pas question de célébrer les baptêmes ou autres cérémonies dans cette chapelle. Les cérémonies liées aux sacrements et autres, doivent se célébrer dans les paroisses habituelles», a martelé Mgr Anatole Milandou.


Pour la petite histoire, les frères franciscains, soucieux de donner à leur jeunesse une formation incarnée, avaient opté depuis bientôt huit ans de passer une partie de la formation de leurs frères sur place au pays. Et, le Grand séminaire Interdiocésain de Brazzaville était l’unique endroit disposé à cela. Il fallait à cette fin, trouver un endroit qui ne soit pas trop éloigné du Grand séminaire. Un certain nombre de circonstances a voulu que ce soit le quartier de Moukondzi-Ngouaka, accessible, assez proche de Kinsoundi, dans le premier arrondissement de Brazzaville. Quelques temps après leur installation et lorsque les gens se rendirent compte qu’ils avaient des religieux dans le quartier Moukondzi-Ngouaka, un petit noyau de chrétiens est vite venu s’associer à eux pour la messe quotidienne. Les frères étaient obligés d’utiliser l’un des magasins comme lieu de fortune pour la prière. Au fil des temps, ce petit noyau ne cessait de grandir et finalement l’endroit devenait petit. Dieu aidant et volonté permettant, le sanctuaire Saint Bonaventure est devenu une réalité et doté d’une chapelle pour la plus grande gloire de Dieu, ainsi que la joie du peuple de Dieu.


Signalons que Saint Bonaventure, né Jean de Fidanza, au civil, a vu le jour en 1221 à Bagnorea, actuelle Bagnoregio, près de Viterbe, en Italie. Il est élu ministre général des Frères Mineurs le 2 février 1257, charge qu’il occupe jusqu’en mai 1273. Il est considéré comme le second fondateur de l’Ordre des franciscains, après Saint François. En 1271, le Pape Grégoire X le crée cardinal, évêque d’Albano. Il meurt à Lyon, le 14 juillet 1274 et canonisé en 1482. Théologien, archevêque, cardinal, docteur de l’Eglise, ministre général des franciscains, Saint Bonaventure a commencé ses études au couvent de Bagnorea. Avant de les poursuivre à Paris, au noviciat des franciscains, où il prend le nom de Bonaventure. A l’instar de Jean Duns Scot et Thomas d’Aquin, Saint Bonaventure était l’un des piliers de la Théologie chrétienne au Moyen âge, surnommé Docteur séraphique.

Pascal BIOZI KIMINOU

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Homélie pour le 3e dimanche du temps ordinaire B (21 janv 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Si nous voulons vivre l’Évangile en union avec tous les chrétiens, nous devons accepter des transformations, nous devons accepter de nous faire déranger et même de nous convertir. Nous convertir, c'est nous laisser transformer par Dieu et croire à la Bonne Nouvelle. Nous avons à transmettre l’Évangile, à enseigner et à guérir les cœurs. C’est indispensable et dérangeant.
 
Déranger, nous mettre en marche et donner vie. Voilà ce que Dieu fait. Regardons l’aventure de Jonas : lorsque Dieu le charge d’une mission prophétique, il commence par s’enfuir. Quand, après bien des résistances, il obéit à Dieu, c’est au tour des Ninivites d’être bousculés .  Puis, les gens de Ninive crurent en Dieu. Jonas pensait assister à la destruction de Ninive, mais il s’est passé autre chose, car Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Ce qu’il veut, c’est qu’il se convertisse et qu’il vive, car la Bonne Nouvelle est pour tous. Comme Jonas, nous devons apprendre à regarder l’étranger avec le regard de Dieu, un regard plein d’amour. Les païens de Ninive se sont laissé ébranler contre toute attente de Jonas. Cela nous bouscule aussi de voir que la Parole de Dieu est parfois mieux accueillie en dehors des frontières visibles de notre Église.
 
Dans le texte de Marc, Jésus commence son ministère sur les chemins de la Galilée. Marc  raconte la vocation des quatre premiers apôtres. Marchant au bord de la mer, Jésus aperçoit des pêcheurs.  Les Juifs attendaient la venue d’un messie, une intervention de Dieu dans l’histoire comme dans la lecture du livre de Jonas.  Mais voilà, Jésus se baladait le long du lac et regardait les pêcheurs qui inlassablement répétaient les mêmes gestes.  Quand Jésus appelle les premiers disciples, Pierre, André, Jacques et Jean, il les dérange en plein travail.  Zébédée a peut-être fait une drôle de tête quand il a vu ses deux fils qui l’ont planté là, avec ses filets. . Il appela ces gens à le suivre, et ils le firent. Il n’y avait là rien de spectaculaire.  Plus tard, les disciples découvriront que leur mission sera d’être des « pêcheurs d’hommes ». C’est ainsi que des hommes et des femmes sont devenus des témoins de l’Évangile n’ont pas eu peur d’affronter l’indifférence, la haine et les persécutions. Nous aussi, nous sommes appelés à cette mission. Pour répondre à cet appel, nous devons sortir de nos petits bonheurs, de nos biens, de nos manques. Comme les apôtres et comme Jonas, nous sommes tous appelés par Jésus. Tous n’ont pas à quitter leur métier pour aller annoncer l’Évangile, mais nous sommes tous appelés à suivre Jésus.
 
Tout au long de notre vie, nous sommes appelés à prendre des décisions importantes. Quand cela arrive, Jésus nous recommande de ne pas nous laisser envahir par les soucis de la vie, les séductions de la richesse et autres convoitises qui étouffent la Parole de Dieu et l’empêche de produire du fruit. Quand saint Paul dit que ceux qui sont mariés fassent comme s’ils n’étaient pas mariés, c’est un appel à ne pas nous enfermer dans vos horizons terrestres.  Nous sommes faits pour plus grand. Dieu nous dérange pour nous ouvrir à l’autre, pour nous faire mettre en marche.  Si Dieu nous dérange, c’est pour nous faire sortir de nos enfermements, de nos scléroses. Enfermements dans nos tranquillités égoïstes, où je fais comme si je ne voyais pas mon conjoint, mon enfant, mon frère, mon voisin, dans ses besoins et ses appels à l’aide. Quand Dieu dérange les habitants de Ninive, c’est pour les soustraire à la destruction qu’ils se préparaient eux-mêmes par une vie égoïste et violente. Le Royaume de Dieu est celui des cœurs libérés de toutes peurs. Dieu est toujours dérangeant. Quand Dieu nous appelle, quand il nous adresse un message, cela nous bouscule toujours. Cela dérange notre train-train, nos programmes, nos habitudes. Si nous attendons d’avoir un appel de Dieu qui ne nous dérange pas trop, nous trouverons toujours mille bonnes raisons pour manquer les rendez-vous de Dieu. Le règne de Dieu ne tombera pas soudainement du ciel, il ne s’imposera pas par la force. C’est dans sa fragilité et son humilité que Dieu signale sa présence. Il inaugure son Royaume en se donnant lui-même. Le règne de Dieu est parmi nous. Nous pouvons déjà en voir les signes, même si le chemin peut encore sembler bien long. Un temps nouveau est en train de s’accomplir. Le royaume de Dieu s’est approché, et Jésus dira même qu’il est au milieu de nous.
 
Dans sa première épître aux Corinthiens, Paul s’adresse à des chrétiens de son persuadés que le temps du Royaume est proche, que Dieu va revenir dans toute sa gloire. Le Royaume de Dieu est comme caché, mais tout proche.  Paul nous rappelle que notre salut dépend de la grâce de Dieu et que nous ne pouvons pas nous retirer du monde et ne rien faire en attendant la fin des temps. Nous avons des devoirs. L’Évangile, ce n’est pas le repli sur soi, mais le risque, le risque de l’amour du prochain, quel qu’il soit.  Convertissez-vous, nous dit Jésus, changez de logique, changez votre vision du monde. Nous sommes-nous vraiment convertis ?  C’est là le vrai défi que nous pose l’Évangile. Est-ce que nous y croyons assez pour agir aujourd’hui ? Évangéliser est tout un défi, le manque de prêtres ajoute encore à cette exigence missionnaire. Mais, l'évangélisation est-elle basée sur un nombre de personnes dont l'Église a besoin pour survivre ou vise-t-elle plutôt à rencontrer les gens pour satisfaire leur quête de sens ?  Sommes-nous heureux de croire en la Bonne Nouvelle ? Avons-nous l'espoir en un monde meilleur sauvé par Jésus ? Suivre Jésus, c'est être rejoint par son appel, un appel qui crée en nous tout ce qui est nécessaire à la mise en route. Un appel qui fait se lever et marcher, un appel qui fait vivre, un appel qui vient illuminer toute la vie. Dieu vient nous libérer de toutes nos chaînes, de nos esclavages, de tout ce qui nous aveugle et nous dégrade.
 
Suivre Jésus, avoir un nouveau regard, c'est évangéliser comme lui en annonçant la Bonne Nouvelle sur les lieux de travail et de vie. Jésus vient trouver les apôtres sur leur lieu de travail. Pour annoncer Jésus, ils laissent leurs peurs, leurs craintes d'être catalogués, de ne pas faire carrière, leur amour propre et bien d'autres filets pesants. Jésus nous demande de le suivre sur le chemin qu’il nous montre, de ne pas rester enfermés sur nous-mêmes. L’Évangile, ce n’est pas le repli sécuritaire, mais le risque de l’amour du prochain, quel qu’il soit. Entendrons-nous cet appel, qui nous presse à l’unité, ou resterons-nous chacun dans sa barque et à son filet ? Jésus nous dit : convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. Venez, suivez-moi. Comme les habitants de Ninive, prenons au sérieux cet appel. Ne différons pas notre oui, car le temps pour se décider est en train de passer a écrit Paul.
 
Il faut savoir écouter Dieu qui nous parle. Suivez-moi nous dit Jésus. Acceptons son invitation.
 
 

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