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Homélie pour le 4e dimanche du temps ordinaire B (28 Janv 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,

Après avoir reçu l'Esprit pour sa mission, une retraite au désert, et s'être choisi des collaborateurs, Jésus commence son activité. Marc rassemble, dans le cadre d'une journée, l'essentiel de la mission de Jésus en Galilée. En ce jour de sabbat, avec ses quatre premiers disciples, il est à Capharnaüm et c'est là qu'a lieu le premier miracle. Ne nous laissons pas accaparer par un fait extraordinaire. Les récits de ce genre ne manquent pas dans les Évangiles. Jésus livre fréquemment un combat avec les démons. Ce que nous devons retenir, c’est que Jésus parle au nom de Dieu avec une telle conviction, que sa Parole a raison de toutes nos limites et nos pauvretés. Jésus a réformé les cœurs. C'est vrai, les évangiles rapportent des événements merveilleux qui ont touché les foules, mais ce n’est pas seulement par les grands miracles que Dieu se manifeste. Il faut être attentif pour le découvrir.
 
Qu'a donc compris Marc et qu'il essaie de transmettre par son récit d’exorcisme ? Il n'y a pas de formule magique. Jésus enseigne et son enseignement n'est pas comme celui des scribes.  Le contenu de l’enseignement de Jésus, c'est sa vie même.   Le jour du sabbat, on se rassemblait pour écouter, étudier la Parole de Dieu, les enseignements du rabbin, ses discussions avec l'assemblée. Le plus souvent, on recourait à des citations des anciens, on discutait sur ce qui avait été dit. Jésus ne se contente pas de citer les opinions des gens. Il parle de ce qu'il sait, avec compétence et autorité. Il lit les cœurs. Il est présent à l'intérieur de chacun non pour l'inquiéter, mais pour le rassurer. Il est présent pour le guérir, le libérer de tout ce qui peut l'aliéner.
 
Cet homme de Capharnaüm nous ressemble. Il nous arrive de poser des actes qui sont destructeurs pour nous-mêmes et pour les autres. Il nous arrive d’être une personne déchirée qui sait bien ce qu'il faudrait faire pour changer, pour être plus libre.  Mais, changer nous fait peur. C’est le pardon qui est d’abord annoncé par Jésus puisque le paralysé est l’image du pauvre et de l'exclu, de celui que beaucoup considéraient comme puni par Dieu à cause de son péché. Il se retrouve maintenant dans une relation de cœur à cœur avec Jésus qui voyait le désir de pardon de cet homme – ce qui n’avait rien à voir avec son état physique. Jésus lui enlève le poids de la culpabilité et du jugement des autres, car au-delà des blessures et des paralysies, il y a un avenir possible. Cela est blasphématoire aux yeux des scribes qui ne sont pas encore prêts à accepter cette nouveauté. Dans le Règne de Dieu ici-bas, les hommes et les femmes ont le pouvoir et la liberté de prononcer ces paroles de pardon, mais il y a plein de résistances que le pardon doit franchir avant de remettre debout en nous et en l'autre ce qui est blessé, brisé, paralysé. Jésus s’attaque aux lois, aux préceptes et aux règlements qui étouffent et qui enferment les gens dans une culpabilité qui est contraire à l’Esprit de l’Évangile. Le cœur à cœur avec le Dieu de l’Évangile n’est possible que si nous laissons entrer en nous l’amour de Dieu. Cela exige que nous montrions à Dieu toutes nos blessures, toutes ces choses horribles, malfaisantes et insensées que nous pouvons faire, ou qui nous ont été faites. 
 
Jésus enseigne avec autorité, parce qu’il ose aimer avec autorité. Quand oserons-nous cet enseignement hors des sentiers battus ? On dit souvent aujourd’hui que les hommes et les femmes ne veulent plus entendre parler de Dieu. Est-ce vraiment de Dieu que les gens ne veulent plus entendre parler ? Ne serait-ce pas plutôt certains visages de Dieu que nous leur présentons qui les rebiffent ? Si nous leur présentons un Dieu d’Amour qui accueille l’autre dans le respect et la dignité, les croyants d’aujourd’hui comme ceux d’hier seront moins réfractaires à notre message.  Autant dans la 1ere lecture que dans l’évangile de Marc, la Parole de Dieu aujourd’hui porte sur ce qui rend libre de tout souci comme l’écrit Paul aux Corinthiens.  Dans sa lettre, Paul explique que ce qui est primordial, c’est d’être attaché à Dieu sans partage. C’est tout un défi. Dans la 1ere lecture, Moïse dit au peuple d’Israël que dorénavant Dieu ne parlera plus directement ; il se servira d’un intermédiaire, d’un prophète pour se dire et s’exprimer. Cela a été difficile pour les israélites de reconnaître en Moïse un prophète, comme il a été difficile aussi de reconnaître Jésus comme prophète et encore plus difficile comme Fils de Dieu unique. Nous aussi nous avons de la difficulté à reconnaître les prophètes et ceux qui ont une mission extraordinaire.
 
Paul nous demande d’être chrétiens libres de tout souci, des chrétiens qui se tournent vers l’autre pour que l’autre aussi soit libre de tout souci, pour que lui aussi soit heureux. Aimer comme Jésus, ce n'est pas donner aux autres, c'est se donner. Le principal défi est dans nos cœurs. Pas besoin d’actions d’éclat pour toucher notre prochain. Ce qu'il faut, c’est toucher son cœur.
 
 
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