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Homélie pour le 6e dimanche du temps ordinaire B (11 Fev 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,
 
La 1ere lecture fait référence à une loi concernant les lépreux. Elle est tirée du code appelé Lévitique; il a été composé surtout à l’intention des prêtres de la tribu de Lévi.  Ceux-ci  devaient examiner entre autres  les marques éventuelles de lèpre. La lèpre était une impureté, c’est-à-dire un mal qui exclut de la société et de la communauté  religieuse. Pour les juifs de l'époque, c'était clair : un lépreux est quelqu’un que Dieu punit pour un grave péché non avoué. C’est pourquoi le lépreux ne demande pas à Jésus de le guérir, mais de le  purifier.
 
Mais Jésus est celui qui se soucie de restaurer la santé des corps, des cœurs et des esprits. Il rend à la vie toute sa valeur en permettant à quelqu’un de retrouver espoir et de se remettre en route. Ceci étant, quand Jésus touche le lépreux pour le guérir, il brise les barrières des lois humaines et sociales qui défendaient d’avoir un contact avec celui-ci. Au diable les tabous, quand il s'agit de secourir un malheureux! La compassion  pousse Jésus à l'action. Il touche un intouchable, un lépreux! Il ne faisait pas cela avec tous les malades qu'il guérissait. Ici, il le fait. C'est un signe. Il n'a pas peur de la lèpre et il est plus fort qu'elle. Il lui aurait suffi de parler pour guérir, mais il accompagne la parole d'un geste riche de sens. Ce lépreux avait autant besoin d’être touché que d’être guéri physiquement. Il était hors de la société, mais lorsque quelqu’un montre par le toucher qu’il l’apprécie, cela  affirme sa valeur.  Tout cela porte en soi la guérison.
 
En agissant ainsi, Jésus est devenu lui-même un intouchable. Il ne lui était plus possible d’entrer ouvertement dans une ville. Il était obligé d’éviter les lieux habités.  En effet, Jésus n’avait nul besoin de toucher ce lépreux qui était venu à lui pour le guérir, mais s’il le fait c’est qu’il veut changer les choses. Sa transgression n’est pas dirigée contre la loi, mais contre ce que cette loi ou ses interprétations peuvent avoir d’aliénant. Le but de ce miracle, c’est de rendre possible la réintégration du lépreux à la communauté.  Jésus dit au lépreux : ne dit rien à personne, mais va te montrer au prêtre et offre pour ta purification ce que Moïse a prescrit, ils auront là un témoignage provocant. Il ne faut pas voir la guérison comme un but ultime, mais plutôt comme un appel à rendre témoignage. C’est le sens du silence demandé par Jésus au lépreux : ne te fige pas sur l'événement de ta guérison, poursuis ta route. Jésus n'est pas venu abolir la loi, mais l'accomplir. Il est venu souffler un vent de liberté sur nos habitudes qui emprisonnent.  
 
Les lépreux de nos sociétés sont parmi nous et autour de nous. ce sont ceux et celles qui vivent dans le dénuement total  à travers le monde, les sans-travail et les sans-abri, les ex-prisonniers qui ne peuvent reprendre leur place dans la société, les personnes âgées qui attendent la mort dans l’isolement et l’abandon, les vagues d’immigrants qui arrivent par milliers, etc.
 
N'oublions pas tous les « lépreux » devant notre porte, tous ceux qui sont humiliés, méprisés, bafoués, maudits. Nous sommes appelés à faire tomber les barrières que dressent trop de gens, les fossés de dégoût, de répulsion, de mépris, de peur et d'agressivité qu'ils creusent si souvent. Tous, nous sommes invités à suivre l’exemple de Jésus pour apporter un peu de réconfort et d’espérance à ceux et celles qui sont malades, rejetés et isolés. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans l’aide que nous apportons aux personnes marginalisées ? Sommes- nous prêts à transgresser le « code de pureté » implicite de notre société selon lequel seules les personnes économiquement indépendantes et productives ont de la valeur ? Paul, comme Jésus, s’est attaqué aux préjugés et à l’exclusion.
 
Dans l'épître aux Corinthiens en effet, la question était de savoir si un chrétien peut consommer des viandes non dûment autorisées par un sacrifice. Paul explique qu’il est possible de consommer ces viandes puisque ces sacrifices ne signifient rien pour un chrétien. D’autre part, si le fait de les consommer signifie de s’associer au culte des idoles, alors n'en mangeons pas. Nous devons nous comporter en personnes libres, mais nous devons aussi limiter volontairement notre liberté par considération pour notre entourage pour éviter de les offenser. Paul, comme tous ceux qui marchent à la suite de Jésus, doit être le point de mire des chrétiens. Soyez mes imitateurs, comme moi-même je suis imitateur de Jésus-Christ. C'est l'apôtre Paul qui nous enseigne cela. Ce n'est pas chose facile, c'est un défi à relever, mais nous devons communiquer la Bonne Nouvelle. Jésus a enseigné par l’exemple : il a écouté, il a médité la parole de Dieu,  il a prié, il est passé à l’action. Paul a suivi ses traces, tout comme Pierre et bien d’autres témoins. Pour rendre témoignage de l’Évangile, nous devons aimer et aider comme Jésus. Nous devons prendre le temps et fournir l’effort nécessaire pour bien comprendre les besoins, les problèmes et les difficultés des gens qui viennent à nous dans leur désert. Nous devons avoir une relation avec les gens pour connaître leurs expériences. Nous devons passer du désert à la vie, rejoindre les gens là où ils vivent. Oublions nous aussi les tabous quand il s'agit de secourir un malheureux. Faisons tomber les barrières que parfois nous dressons enfermés dans nos peurs.
 
Nous aussi nous sommes des lépreux à nos heures avec nos fragilités. Avec ce qui nous défigure et nous ronge de l’intérieur, avec tout ce qui nous empêche d’être un membre à part entière de la communauté humaine et d’offrir ce que nous avons d’unique. Tous, nous avons besoin de la tendresse de Dieu. Nous sommes peut-être moins mobilisés que nous le devrions, une lèpre nous afflige peut-être.  Dans le lépreux, il y a un peu de chacun de nous. Laissons agir la foi qui nous amène à nous tourner vers Dieu et à dire : « Si tu veux, tu peux me guérir ». Et pourquoi ne pas étendre la main aujourd’hui vers celui qui souffre? Laissons l'amour en nous être le plus fort, en découvrant que « tout homme est un frère, que toute femme est une sœur.»
 
Quelle maladie intérieure ronge en nous et la santé et la sainteté ? Qu'attendons-nous de Jésus? De quelle lèpre désirons-nous être purifiés ?

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Session annuelle du Conseil permanent des évêques de l’ACERAC : Construire des communautés qui soient sel de la terre et lumière du monde

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

La Session annuelle du Conseil permanent des évêques de l’Association des Conférences épiscopales de la région de l’Afrique centrale (ACERAC) s’est ouverte mardi 30 janvier 2018, au siège de l’institution, sous les auspices de Mgr Juan Nsue Edjang Mayé, archevêque de Malabo, (Guinée Equatoriale) et président en exercice de l’ACERAC. A ses côtés, les présidents des Conférences épiscopales des pays membres de l’institution ou leurs représentants respectifs: le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, NN.SS.

Samuel Kleda, archevêque de Douala, président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, président sortant de l’ACERAC, Miguel Angel Nguema, évêque d’Ebibeyin et vice-président de la Conférence épiscopale de Guinée équatoriale, Victor Abagna Mossa, évêque d’Owando, vice-président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC), Bienvenu Manamika Bafouakouahou, évêque de Dolisie, président du Conseil d’administration de l’hôtel de l’ACERAC, ainsi que les abbés Antonio Mabiala et Maurice Edoula respectivement, secrétaire général et secrétaire général adjoint de l’ACERAC.


Deux allocutions ont constitué des moments saillants de cette cérémonie d’ouverture: l’allocution du secrétaire général et celle du président en exercice de l’institution.
Dans son mot de bienvenue, le secrétaire général de l’ACERAC a rappelé que le Conseil permanent se réunit une fois l’an sur convocation du président pour: «assurer l’application des décisions prises par ladite Association, assurer le bon fonctionnement de l’association, traiter les affaires qui lui sont confiées par l’assemblée générale, exercer le contrôle sur l’administration des biens et l’exécution des projets établis par l’Assemblée plénière.» Après quoi, l’abbé Antonio Mabiala a rappelé l’ordre du jour de ces assises.


S’exprimant à son tour, Mgr Juan Nsue Edjang Mayé a salué cordialement le secrétaire général et toute son équipe, et exprimé sa gratitude à l’équipe sortante notamment à Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala et l’abbé Mesmin Prosper Massengo, respectivement, président et secrétaire général sortants de l’ACERAC, en remerciant Mgr Anatole Milandou, archevêque de Brazzaville, qui abrite l’ACERAC dans son diocèse ainsi que Mgr Daniel Mizonzo, président de la Conférence épiscopale du Congo (CEC) pour l’accueil reçu. Mgr Juan Nsue Edjang Mayé a souligné: «La rencontre des membres du Conseil permanent nous permet de partager ensemble, toujours, dans la recherche des mécanismes qui puissent enrichir l’esprit fondateur de notre Association: ‘’Une meilleure et mutuelle connaissance des différentes conférences épiscopales ; travailler tous dans la communion pour une meilleure organisation sous régionale et pouvoir offrir des solutions aux défis que présente la pastorale commune aujourd’hui; construire des communautés capables d’être sel de la terre et lumière du monde dans les différents pays et dans notre continent, etc.»


Après la cérémonie d’ouverture, ont débuté les travaux de ce conseil. Parmi les aspects abordés au cours de ces travaux, il y a l’état d’avancement de la thématique débattue à la plénière de Yaoundé, en juillet 2017: «Dialogue interreligieux et œcuménisme.», «Rapport entre le secrétariat et l’hôtel», «Propositions concrètes en vue de l’équipement et du fonctionnement de l’hôtel», «Point financier 2017 du secrétariat de l’ACERAC et adoption du budget prévisionnel de 2018», les interventions des commissions Justice et Paix par l’abbé Félicien Mavoungou, Média et communication par notre collègue Aristide Ghislain Ngouma, Education chrétienne par Raoul Sika et de la commission Santé.
A signaler que ces assises s’achèvent vendredi 2 février 2018.

Gislain Wilfrid BOUMBA

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Homélie pour le 5e dimanche du temps ordinaire B (04 Fév 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,
 
De tous les temps, de par le monde, les gens souffrent et ont essayé de comprendre et d’expliquer la souffrance humaine. La violence, la maladie, les échecs, le chômage, les attentats, bref le mal, la souffrance et la mort font partie de notre réalité.
 
Il faut donc les combattre, mais aussi les assumer. En préparation à l’évangile qui raconte comment Jésus guérit les malades et chasse beaucoup d’esprits mauvais, la première lecture est le cri du grand malheureux qu’est Job.  Il a perdu tous ses biens, ses troupeaux, ses serviteurs; ses fils ont tous été tués dans l’écroulement de leurs maisons. La maladie s’est abattue sur lui. Il est couvert d’ulcères qui le font souffrir énormément. Job se retrouve seul et résigné sur son fumier. Même sa femme vient se moquer de lui. Job n’est pas un grand naïf et il ne se complaît pas dans la souffrance. Il ne se renferme pas non plus sur lui-même, mais il continue de parler à Dieu. Que ferons-nous dans pareils circonstances? beaucoup abandonneraient le Seigneur, et iraient chercher des solutions ailleurs. "Chrétien, quelle est ton attitude face à la souffrance?" c'est le titre d'une lettre Pastorale de Mgr Anatole Milandou, évêque de kinkala à l'époque.
 
Ainsi, la plainte de Job appelle la réponse de Dieu fournie par Jésus. Dans le récit de l'Évangile, Marc revient avec des guérisons et des histoires de démons afin de nous présenter Jésus au début de sa vie publique. Le miracle de Jésus laisse deviner autre chose qu’une simple guérison ; c’est le signe de la grande guérison que Dieu veut réaliser pour l’humanité, quand Jésus se lèvera lui-même de la mort.
 
Nous sommes donc au cœur du salut chrétien, car il ne sert à rien de nous dire chrétiens si nous ne changeons pas notre vision du monde et notre vie.  La réponse de Dieu à nos tragédies humaines ne consiste pas à résoudre tous nos problèmes, comme nous le font miroiter tous ces pasteurs des églises de sommeil. Mais à changer le niveau ou la hauteur de notre regard. Le mal et la souffrance sont toujours là, mais ils n’ont pas le dernier mot sur la vie humaine, parce que Jésus, en s’approchant de nous, nous prend par la main, nous relève et nous  accompagne. C’est ce qu’on appelle l’espérance.
 
C'est dire que la vie éternelle commence dès ici-bas quand Dieu est le centre de nos vies. Si nous enracinons notre vie dans une telle attitude, nous devenons des témoins de l'Évangile. Saint Paul nous dit que cela n’est pas une option, car pour lui annoncer l'Évangile est une nécessité. Il s’est fait le serviteur de tous afin d'en gagner le plus grand nombre possible. De plus, celui qui annonce l’Évangile ne le reçoit pas moins que celui qui l'écoute. Jésus voulait aller dans d’autres lieux, dans d’autres villages, pour proclamer la Bonne Nouvelle. Il n’était pas venu pour être adulé ou même pour soigner tous les malades de la région. Il portait un message et les actions éclatantes donnaient du poids à sa parole. Les miracles ne sont donc que des signes qui accompagnent et créditent l'annonce de la Parole. Faisons attention à toutes ces publicités d'un Jésus guérisseur spectaculaire et tonitruant.
 
Dieu est au milieu des gens dont la vie n'est pas toujours rose. Jésus proclame un Dieu plein de tendresse, de miséricorde, de pardon. Dieu relève, il n’est pas un maître qui asservit à sa loi et à ses commandements. L'attitude de Jésus est faite de confiance et d'action. Comme lui, nous pouvons aider celui ou celle qui s'effondre à se redresser. Comme lui, nous pouvons redonner espoir à celui ou celle qui s'approche du néant et du vide.  Nous sommes capables d’accompagner et guérir les autres. N’est-ce pas ce que Saint Paul affirme, car Jésus  ressuscité agit à travers lui. 
 
Mettons-nous en marche et suivons Jésus. Suivons-le à l'occasion dans ses rencontres avec son Père, qui est Notre Père. Nous serions tentés parfois de nous replier dans notre confort, mais Jésus nous dit: « Allons ailleurs !» Allons vers ceux qui ne me connaissent pas ! Il n'est pas nécessaire pour cela de s'expatrier, ni d'entreprendre des projets retentissants. Il suffit d’être vrai. Il suffit d'ouvrir notre cœur plus grand que jamais aux souffrances proches ou lointaines. Le service essentiel de Jésus est l'annonce de l'Évangile. Comme Saint-Paul l'a dit, cela doit être notre service, une nécessité qui s'impose à nous. Évangéliser, c'est être à l'écoute des autres, puis éveiller la foi. C'est faire advenir le Royaume de Dieu.
 
Et tout cela, nous le ferons à cause de l’Évangile, pour y avoir part, nous aussi. sans oublier que l'évangile est gratuit mais l'évangélisation coûte cher.
 

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Homélie pour le 4e dimanche du temps ordinaire B (28 Janv 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,

Après avoir reçu l'Esprit pour sa mission, une retraite au désert, et s'être choisi des collaborateurs, Jésus commence son activité. Marc rassemble, dans le cadre d'une journée, l'essentiel de la mission de Jésus en Galilée. En ce jour de sabbat, avec ses quatre premiers disciples, il est à Capharnaüm et c'est là qu'a lieu le premier miracle. Ne nous laissons pas accaparer par un fait extraordinaire. Les récits de ce genre ne manquent pas dans les Évangiles. Jésus livre fréquemment un combat avec les démons. Ce que nous devons retenir, c’est que Jésus parle au nom de Dieu avec une telle conviction, que sa Parole a raison de toutes nos limites et nos pauvretés. Jésus a réformé les cœurs. C'est vrai, les évangiles rapportent des événements merveilleux qui ont touché les foules, mais ce n’est pas seulement par les grands miracles que Dieu se manifeste. Il faut être attentif pour le découvrir.
 
Qu'a donc compris Marc et qu'il essaie de transmettre par son récit d’exorcisme ? Il n'y a pas de formule magique. Jésus enseigne et son enseignement n'est pas comme celui des scribes.  Le contenu de l’enseignement de Jésus, c'est sa vie même.   Le jour du sabbat, on se rassemblait pour écouter, étudier la Parole de Dieu, les enseignements du rabbin, ses discussions avec l'assemblée. Le plus souvent, on recourait à des citations des anciens, on discutait sur ce qui avait été dit. Jésus ne se contente pas de citer les opinions des gens. Il parle de ce qu'il sait, avec compétence et autorité. Il lit les cœurs. Il est présent à l'intérieur de chacun non pour l'inquiéter, mais pour le rassurer. Il est présent pour le guérir, le libérer de tout ce qui peut l'aliéner.
 
Cet homme de Capharnaüm nous ressemble. Il nous arrive de poser des actes qui sont destructeurs pour nous-mêmes et pour les autres. Il nous arrive d’être une personne déchirée qui sait bien ce qu'il faudrait faire pour changer, pour être plus libre.  Mais, changer nous fait peur. C’est le pardon qui est d’abord annoncé par Jésus puisque le paralysé est l’image du pauvre et de l'exclu, de celui que beaucoup considéraient comme puni par Dieu à cause de son péché. Il se retrouve maintenant dans une relation de cœur à cœur avec Jésus qui voyait le désir de pardon de cet homme – ce qui n’avait rien à voir avec son état physique. Jésus lui enlève le poids de la culpabilité et du jugement des autres, car au-delà des blessures et des paralysies, il y a un avenir possible. Cela est blasphématoire aux yeux des scribes qui ne sont pas encore prêts à accepter cette nouveauté. Dans le Règne de Dieu ici-bas, les hommes et les femmes ont le pouvoir et la liberté de prononcer ces paroles de pardon, mais il y a plein de résistances que le pardon doit franchir avant de remettre debout en nous et en l'autre ce qui est blessé, brisé, paralysé. Jésus s’attaque aux lois, aux préceptes et aux règlements qui étouffent et qui enferment les gens dans une culpabilité qui est contraire à l’Esprit de l’Évangile. Le cœur à cœur avec le Dieu de l’Évangile n’est possible que si nous laissons entrer en nous l’amour de Dieu. Cela exige que nous montrions à Dieu toutes nos blessures, toutes ces choses horribles, malfaisantes et insensées que nous pouvons faire, ou qui nous ont été faites. 
 
Jésus enseigne avec autorité, parce qu’il ose aimer avec autorité. Quand oserons-nous cet enseignement hors des sentiers battus ? On dit souvent aujourd’hui que les hommes et les femmes ne veulent plus entendre parler de Dieu. Est-ce vraiment de Dieu que les gens ne veulent plus entendre parler ? Ne serait-ce pas plutôt certains visages de Dieu que nous leur présentons qui les rebiffent ? Si nous leur présentons un Dieu d’Amour qui accueille l’autre dans le respect et la dignité, les croyants d’aujourd’hui comme ceux d’hier seront moins réfractaires à notre message.  Autant dans la 1ere lecture que dans l’évangile de Marc, la Parole de Dieu aujourd’hui porte sur ce qui rend libre de tout souci comme l’écrit Paul aux Corinthiens.  Dans sa lettre, Paul explique que ce qui est primordial, c’est d’être attaché à Dieu sans partage. C’est tout un défi. Dans la 1ere lecture, Moïse dit au peuple d’Israël que dorénavant Dieu ne parlera plus directement ; il se servira d’un intermédiaire, d’un prophète pour se dire et s’exprimer. Cela a été difficile pour les israélites de reconnaître en Moïse un prophète, comme il a été difficile aussi de reconnaître Jésus comme prophète et encore plus difficile comme Fils de Dieu unique. Nous aussi nous avons de la difficulté à reconnaître les prophètes et ceux qui ont une mission extraordinaire.
 
Paul nous demande d’être chrétiens libres de tout souci, des chrétiens qui se tournent vers l’autre pour que l’autre aussi soit libre de tout souci, pour que lui aussi soit heureux. Aimer comme Jésus, ce n'est pas donner aux autres, c'est se donner. Le principal défi est dans nos cœurs. Pas besoin d’actions d’éclat pour toucher notre prochain. Ce qu'il faut, c’est toucher son cœur.
 
 

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Communauté des Frères Franciscains du Congo : Mgr Anatole Milandou a béni la nouvelle chapelle

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

La communauté du sanctuaire Saint Bonaventure des frères franciscains, située au 102 de l’avenue Auberge Gasconne à Diata, vers l’ex-Télé Congo, dans le premier arrondissement Makélékélé était en fête, samedi 6 janvier 2018 à Brazzaville, avec la bénédiction de la chapelle dédiée à Saint Bonaventure, fondateur adjoint de l’Ordre des franciscains.

 

Elle a été bénie et ouverte à la chrétienté par Mgr Anatole Milandou, archevêque métropolitain de Brazzaville, au cours d’une messe concélébrée par six prêtres, parmi lesquels, l’abbé Mathias Cédric Louhouamou, cérémoniaire adjoint de l’archevêque et le père Kevin Dessinga, supérieur des franciscains au Congo. Animée par le chœur credo du Congo, cette cérémonie a connu la participation de nombreux fidèles habitant les quartiers de Moukondzi-Ngouaka, Château-d’Eau, Kinsoundi, à qui est offert désormais un lieu de prière et de recueillement aux couleurs franciscaines.


A la lumière du texte de l’Evangile selon Saint Jean et prenant appui sur la mission de Jean-Baptiste dans le désert, Mgr Anatole Milandou a souligné que Jean-Baptiste était un prophète humble, austère, voilà pourquoi son message attirait de nombreuses foules. C’est donc un prophète par excellence qui a parlé au nom de Dieu. «Soyons donc humbles comme Jean-Baptiste et conduisez bien le peuple de Dieu à Jésus-Christ Sauveur. L’eau de la rivière Le Jourdain dont il se servait pour baptiser des foules est un principe universel de purification. On se sert de l’eau pour boire et se laver. Même les animaux de la forêt se lavent avec de l’eau et donc c’est un réflexe et un besoin naturel. Ainsi, nous pouvons affirmer que le baptême que Jésus est venu nous montrer a une grande importance dans notre vie. A ma grande surprise, nous célébrons les anniversaires de tels ou tels autres sacrements, à l’instar de la confirmation, le mariage, le sacerdoce, sauf le baptême. L’autel de la messe que nous vénérons au début de la messe représente le Christ, l’offrande et le prêtre», a souligné l’archevêque. Avant d’attirer l’attention du peuple de Dieu sur la fréquentation de cette chapelle qui n’est pas une paroisse comme les autres. «Donc, il n’est pas question de célébrer les baptêmes ou autres cérémonies dans cette chapelle. Les cérémonies liées aux sacrements et autres, doivent se célébrer dans les paroisses habituelles», a martelé Mgr Anatole Milandou.


Pour la petite histoire, les frères franciscains, soucieux de donner à leur jeunesse une formation incarnée, avaient opté depuis bientôt huit ans de passer une partie de la formation de leurs frères sur place au pays. Et, le Grand séminaire Interdiocésain de Brazzaville était l’unique endroit disposé à cela. Il fallait à cette fin, trouver un endroit qui ne soit pas trop éloigné du Grand séminaire. Un certain nombre de circonstances a voulu que ce soit le quartier de Moukondzi-Ngouaka, accessible, assez proche de Kinsoundi, dans le premier arrondissement de Brazzaville. Quelques temps après leur installation et lorsque les gens se rendirent compte qu’ils avaient des religieux dans le quartier Moukondzi-Ngouaka, un petit noyau de chrétiens est vite venu s’associer à eux pour la messe quotidienne. Les frères étaient obligés d’utiliser l’un des magasins comme lieu de fortune pour la prière. Au fil des temps, ce petit noyau ne cessait de grandir et finalement l’endroit devenait petit. Dieu aidant et volonté permettant, le sanctuaire Saint Bonaventure est devenu une réalité et doté d’une chapelle pour la plus grande gloire de Dieu, ainsi que la joie du peuple de Dieu.


Signalons que Saint Bonaventure, né Jean de Fidanza, au civil, a vu le jour en 1221 à Bagnorea, actuelle Bagnoregio, près de Viterbe, en Italie. Il est élu ministre général des Frères Mineurs le 2 février 1257, charge qu’il occupe jusqu’en mai 1273. Il est considéré comme le second fondateur de l’Ordre des franciscains, après Saint François. En 1271, le Pape Grégoire X le crée cardinal, évêque d’Albano. Il meurt à Lyon, le 14 juillet 1274 et canonisé en 1482. Théologien, archevêque, cardinal, docteur de l’Eglise, ministre général des franciscains, Saint Bonaventure a commencé ses études au couvent de Bagnorea. Avant de les poursuivre à Paris, au noviciat des franciscains, où il prend le nom de Bonaventure. A l’instar de Jean Duns Scot et Thomas d’Aquin, Saint Bonaventure était l’un des piliers de la Théologie chrétienne au Moyen âge, surnommé Docteur séraphique.

Pascal BIOZI KIMINOU

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Homélie pour le 3e dimanche du temps ordinaire B (21 janv 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Si nous voulons vivre l’Évangile en union avec tous les chrétiens, nous devons accepter des transformations, nous devons accepter de nous faire déranger et même de nous convertir. Nous convertir, c'est nous laisser transformer par Dieu et croire à la Bonne Nouvelle. Nous avons à transmettre l’Évangile, à enseigner et à guérir les cœurs. C’est indispensable et dérangeant.
 
Déranger, nous mettre en marche et donner vie. Voilà ce que Dieu fait. Regardons l’aventure de Jonas : lorsque Dieu le charge d’une mission prophétique, il commence par s’enfuir. Quand, après bien des résistances, il obéit à Dieu, c’est au tour des Ninivites d’être bousculés .  Puis, les gens de Ninive crurent en Dieu. Jonas pensait assister à la destruction de Ninive, mais il s’est passé autre chose, car Dieu ne veut pas la mort du pécheur. Ce qu’il veut, c’est qu’il se convertisse et qu’il vive, car la Bonne Nouvelle est pour tous. Comme Jonas, nous devons apprendre à regarder l’étranger avec le regard de Dieu, un regard plein d’amour. Les païens de Ninive se sont laissé ébranler contre toute attente de Jonas. Cela nous bouscule aussi de voir que la Parole de Dieu est parfois mieux accueillie en dehors des frontières visibles de notre Église.
 
Dans le texte de Marc, Jésus commence son ministère sur les chemins de la Galilée. Marc  raconte la vocation des quatre premiers apôtres. Marchant au bord de la mer, Jésus aperçoit des pêcheurs.  Les Juifs attendaient la venue d’un messie, une intervention de Dieu dans l’histoire comme dans la lecture du livre de Jonas.  Mais voilà, Jésus se baladait le long du lac et regardait les pêcheurs qui inlassablement répétaient les mêmes gestes.  Quand Jésus appelle les premiers disciples, Pierre, André, Jacques et Jean, il les dérange en plein travail.  Zébédée a peut-être fait une drôle de tête quand il a vu ses deux fils qui l’ont planté là, avec ses filets. . Il appela ces gens à le suivre, et ils le firent. Il n’y avait là rien de spectaculaire.  Plus tard, les disciples découvriront que leur mission sera d’être des « pêcheurs d’hommes ». C’est ainsi que des hommes et des femmes sont devenus des témoins de l’Évangile n’ont pas eu peur d’affronter l’indifférence, la haine et les persécutions. Nous aussi, nous sommes appelés à cette mission. Pour répondre à cet appel, nous devons sortir de nos petits bonheurs, de nos biens, de nos manques. Comme les apôtres et comme Jonas, nous sommes tous appelés par Jésus. Tous n’ont pas à quitter leur métier pour aller annoncer l’Évangile, mais nous sommes tous appelés à suivre Jésus.
 
Tout au long de notre vie, nous sommes appelés à prendre des décisions importantes. Quand cela arrive, Jésus nous recommande de ne pas nous laisser envahir par les soucis de la vie, les séductions de la richesse et autres convoitises qui étouffent la Parole de Dieu et l’empêche de produire du fruit. Quand saint Paul dit que ceux qui sont mariés fassent comme s’ils n’étaient pas mariés, c’est un appel à ne pas nous enfermer dans vos horizons terrestres.  Nous sommes faits pour plus grand. Dieu nous dérange pour nous ouvrir à l’autre, pour nous faire mettre en marche.  Si Dieu nous dérange, c’est pour nous faire sortir de nos enfermements, de nos scléroses. Enfermements dans nos tranquillités égoïstes, où je fais comme si je ne voyais pas mon conjoint, mon enfant, mon frère, mon voisin, dans ses besoins et ses appels à l’aide. Quand Dieu dérange les habitants de Ninive, c’est pour les soustraire à la destruction qu’ils se préparaient eux-mêmes par une vie égoïste et violente. Le Royaume de Dieu est celui des cœurs libérés de toutes peurs. Dieu est toujours dérangeant. Quand Dieu nous appelle, quand il nous adresse un message, cela nous bouscule toujours. Cela dérange notre train-train, nos programmes, nos habitudes. Si nous attendons d’avoir un appel de Dieu qui ne nous dérange pas trop, nous trouverons toujours mille bonnes raisons pour manquer les rendez-vous de Dieu. Le règne de Dieu ne tombera pas soudainement du ciel, il ne s’imposera pas par la force. C’est dans sa fragilité et son humilité que Dieu signale sa présence. Il inaugure son Royaume en se donnant lui-même. Le règne de Dieu est parmi nous. Nous pouvons déjà en voir les signes, même si le chemin peut encore sembler bien long. Un temps nouveau est en train de s’accomplir. Le royaume de Dieu s’est approché, et Jésus dira même qu’il est au milieu de nous.
 
Dans sa première épître aux Corinthiens, Paul s’adresse à des chrétiens de son persuadés que le temps du Royaume est proche, que Dieu va revenir dans toute sa gloire. Le Royaume de Dieu est comme caché, mais tout proche.  Paul nous rappelle que notre salut dépend de la grâce de Dieu et que nous ne pouvons pas nous retirer du monde et ne rien faire en attendant la fin des temps. Nous avons des devoirs. L’Évangile, ce n’est pas le repli sur soi, mais le risque, le risque de l’amour du prochain, quel qu’il soit.  Convertissez-vous, nous dit Jésus, changez de logique, changez votre vision du monde. Nous sommes-nous vraiment convertis ?  C’est là le vrai défi que nous pose l’Évangile. Est-ce que nous y croyons assez pour agir aujourd’hui ? Évangéliser est tout un défi, le manque de prêtres ajoute encore à cette exigence missionnaire. Mais, l'évangélisation est-elle basée sur un nombre de personnes dont l'Église a besoin pour survivre ou vise-t-elle plutôt à rencontrer les gens pour satisfaire leur quête de sens ?  Sommes-nous heureux de croire en la Bonne Nouvelle ? Avons-nous l'espoir en un monde meilleur sauvé par Jésus ? Suivre Jésus, c'est être rejoint par son appel, un appel qui crée en nous tout ce qui est nécessaire à la mise en route. Un appel qui fait se lever et marcher, un appel qui fait vivre, un appel qui vient illuminer toute la vie. Dieu vient nous libérer de toutes nos chaînes, de nos esclavages, de tout ce qui nous aveugle et nous dégrade.
 
Suivre Jésus, avoir un nouveau regard, c'est évangéliser comme lui en annonçant la Bonne Nouvelle sur les lieux de travail et de vie. Jésus vient trouver les apôtres sur leur lieu de travail. Pour annoncer Jésus, ils laissent leurs peurs, leurs craintes d'être catalogués, de ne pas faire carrière, leur amour propre et bien d'autres filets pesants. Jésus nous demande de le suivre sur le chemin qu’il nous montre, de ne pas rester enfermés sur nous-mêmes. L’Évangile, ce n’est pas le repli sécuritaire, mais le risque de l’amour du prochain, quel qu’il soit. Entendrons-nous cet appel, qui nous presse à l’unité, ou resterons-nous chacun dans sa barque et à son filet ? Jésus nous dit : convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. Venez, suivez-moi. Comme les habitants de Ninive, prenons au sérieux cet appel. Ne différons pas notre oui, car le temps pour se décider est en train de passer a écrit Paul.
 
Il faut savoir écouter Dieu qui nous parle. Suivez-moi nous dit Jésus. Acceptons son invitation.
 
 

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Homélie pour le 2e dimanche du temps ordinaire B (14 Janv 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

C’est le 2e dimanche du temps ordinaire de l'année liturgique. Aujourd’hui, Dieu nous appelle par notre nom, comme le jeune Samuel. Dans notre monde anonyme où nous risquons de n’être qu’un numéro, Dieu vient nous révéler qu’il s’intéresse à chacun de nous. Il vient nous ouvrir un espace pour que nous puissions dire nos faims et soifs profondes. Jésus nous dit, comme à ses premiers disciples : venez, demeurez chez moi, partagez mon idéal et mon action.
 
L’appel ou la vocation chrétienne peut se faire de multiples façons : directement comme dans la 1ere lecture aujourd’hui, ou par l’intermédiaire de quelqu’un, comme dans l’évangile de saint Jean. Les premiers disciples de Jésus ont été d’abord disciples de Jean-Baptiste. Dans la communauté chrétienne de saint Jean, le conflit entre les baptistes et les chrétiens était présent et saint Jean veut les réconcilier. « Venez et vous verrez ». C’est le commencement d’un long cheminement de ceux qui ne voient pas et qui veulent voir. Dans le dialogue que l'évangile rapporte, on nous dit que Jésus allait et venait, comme un promeneur... Jésus est ouvert et disponible. À ceux qui se mettent à le suivre, il demande simplement : « Que cherchez-vous ? » Cette question suppose une réponse. Jésus appelle, il propose, et il attend une réponse personnelle.  Jésus ne s'accommode ni de la passivité ni de l'ordre établi. Il s'agit de rejoindre Jésus par une expérience croyante capable de transformer notre regard et notre cœur. Jésus nous entraîne avec lui alors qu'il nous accompagne chez nous, et c'est lui qui gère notre aventure, même s'il nous laisse libres de nos actions.
 
Un des cas délicats de gestion d’église dans la Bible est celui de Corinthe. Elle a motivé deux des plus longues lettres du Nouveau Testament et, de nos jours, l’église de Corinthe a mauvaise réputation, une réputation d’immoralité sexuelle. La rencontre avec Dieu doit nous faire communiquer cette expérience à d’autres, comme l’écrit Paul aux Corinthiens, car nous appartenons à Dieu. Le corps est pour le Seigneur et  nous devons porter un regard bienveillant sur lui.  « Venez, et vous verrez. » Le regard que le Fils de Dieu a posé sur ses premiers disciples est le même qu’il pose encore aujourd’hui sur chacune et chacun d’entre nous. Le regard de Dieu fait naître. Il est rempli de respect et de tendresse pour les humains que nous sommes. La mission du disciple est de témoigner de celui qu’il a rencontré. Comme chrétiens nous devons proposer à ceux que nous croisons sur notre chemin de chercher Jésus ressuscité, de le suivre, de le trouver et de demeurer avec lui. Ainsi, ils deviendront disciples eux aussi. Venez et vous verrez les actions de compassions concrètes, d’implications pour un monde meilleur, ou encore d’indignations fermes, mais pacifiques. Après sa rencontre avec Jésus, Pierre découvre qui il est vraiment et quelle est sa vocation. Sa vie prend un goût nouveau, elle trouve son sens véritable. Jésus se rencontre dans une chaîne de témoins. Nous avons une place dans cette aventure. Derrière nous, des gens nous ont proposé cette rencontre. Devant nous, des gens viendront à la foi parce que nous aurons été proches d'eux dans la vérité de notre expérience spirituelle. Être apôtre, c'est recevoir et accueillir la Parole de Dieu. C'est ouvrir les yeux pour voir ce qui s'accomplit et porter cette parole. C'est la laisser être efficace et agir dans notre propre cœur. Venir, voir, demeurer, rester : c'est le cheminement de la foi. «Venez et vous verrez».
 
La démarche des disciples est celle d'un parcours de découverte progressive du mystère de la personne de Jésus. La condition pour faire cette découverte, c’est de se mettre en route suite à son invitation. Dieu entre au cœur de celui ou de celle qui accepte de se laisser aimer. Le souffle de son Esprit pénètre et apaise. Il console, humanise et libère. Nous sommes invités à faire la même démarche que les disciples en nous appropriant peu à peu la Bonne Nouvelle. Quelques-uns ont été appelés au service de Dieu d’une façon plus engagée, mais nous sommes tous appelés. Suivre Jésus, c’est être prêt comme les Corinthiens à sortir sans cesse de nous-mêmes. C’est être prêt à bousculer notre tranquillité.
 
Avons-nous déjà réfléchi à la manière dont nous agissons dans le monde ? Sommes-nous bien conscients d’avoir été appelés ? Sommes-nous conscients de notre mission d’évangéliser ? Saurons-nous écouter l’appel de Dieu et dire : me voici ? Oserons-nous quitter nos habitudes et nos certitudes pour voir où demeure Jésus ? « Venez et vous verrez », nous dit Jésus.
 
 

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Homélie pour l'Épiphanie B (07 Janv 2019)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

La partie du Livre d’Isaïe en première lecture a été écrite à l’époque du retour à Jérusalem des exilés de Babylone.  Leur enthousiasme ne dure pas longtemps, car ils se heurtent à de nombreuses difficultés.  Isaïe leur redonne espérance en annonçant la reconstruction du Temple et de leur ville. « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue ta lumière ; et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » Il annonce aussi qu’Israël serait de nouveau une cité puissante. Une cité vers laquelle convergeraient toutes les nations. Le peuple de Dieu est appelé à accueillir la lumière de Dieu et la laisser pénétrer le quotidien de sa vie. Alors, tous les peuples viendront de partout se rallier au peuple élu. C’est une vision encourageante, mais réductrice de l’histoire du salut quand Dieu est vu comme celui d’un seul peuple, et de plus comme un Dieu lointain.
 
L’Épiphanie de Dieu, c’est la manifestation de Dieu au milieu de nous. Comme pour les récits de Noël, il ne faut pas faire du récit des mages, que seul Matthieu raconte, un récit historique, un récit décrivant fidèlement un événement. Faire une telle lecture réduirait la beauté du récit et la portée du message que l Matthieu a voulu laisser à sa communauté composée de Juifs, bien sûr, mais aussi de païens, à la fin du 1er siècle. Il ne s'agit pas d'un joli conte : derrière une catéchèse sur les événements de l'enfance de Jésus, il y a un appel à notre foi adulte. Matthieu nous présente trois types de personnes.  Il y a ceux qui détiennent le pouvoir : ceux-là sont représentés par Hérode et sa cour. Ceux qui détiennent le pouvoir n’acceptent pas facilement de se laisser déranger, interpeller par l’évangile. Ils veulent tout contrôler.  Il y a aussi ceux qui savent : les scribes, les prêtres, les professionnels de la religion, les spécialistes qui interprètent correctement la Bible. Ils annoncent la nouveauté de Dieu, mais ils ne bougent pas. Ils s’assoient sur leurs doctrines et leur savoir et ils disent qu’ils ne peuvent rien changer, parce qu’ils n’en ont pas l’autorité. Enfin, il y a ceux et celles qui cherchent Dieu et qui se mettent en marche pour le découvrir et le rencontrer. Il y a de l’incertitude dans cette aventure. Personne ne sait d’avance où cela conduira et personne ne sait où se produiront la découverte et la rencontre de Dieu. Il faut une bonne dose de confiance et d’espérance. Toutes les nations, représentées symboliquement par les trois mages, viennent ; mais elles ne viennent pas vers une terre déterminée ni vers un peuple, mais vers un petit enfant. Le salut apporté par l’enfant Jésus déposé dans la mangeoire est pour tous les peuples. Ceux qui viennent à lui, il les renvoie chez eux et lui-même part vers l’étranger.
 
Au cours de l’histoire, l’Église avec un pouvoir temporel s’est fait plaisir dans le faste du pouvoir. Dominer les autres peuples par la force des armes n’est plus à l’ordre du jour. Pour agir, le pape n’a que sa Parole ancrée dans la Parole de Dieu. Elle est redevenue plus proche du message de l’Évangile dans ses actions. Il arrive que certains l’écoutent. Il arrive qu’un trait de lumière traverse la nuit.  Les mages venaient rencontrer un roi, ils découvrent un enfant. Ils imaginaient un palais dans la capitale, ils entrent dans une maison de village. Ce sont des hommes à l'esprit et au cœur ouverts à l'inattendu, à l'inconnu. Ils se déplacent, ils acceptent de se mettre en route, de partir à l'aventure. Ils sont dans l'action. Le peuple d’Israël n’est plus le seul peuple de Dieu, les païens de toutes origines sont aussi choisis par Dieu qui se révèle d’abord à eux. Saint Paul le dit explicitement dans sa lettre aux Éphésiens qui redit le projet d’amour universel de Dieu. Paul est en prison lorsqu’il écrit cette lettre aux chrétiens d’Éphèse.  Il se considère comme chargé de mettre en lumière le projet de Dieu qui est de regrouper Juifs et païens convertis en les associant tous à la même espérance. Non seulement tous sont l’objet de l’amour de Dieu et bénéficiaires de cet amour gratuit, mais chacun est également appelé à en faire bénéficier les autres.
 
L’Épiphanie, la manifestation de Dieu dans le monde, n’est pas un fait du passé dont nous faisons mémoire, mais une réalité à vivre aujourd’hui. La fête doit prendre une couleur missionnaire : ces mages, venus de loin, représentent tous les peuples du monde. Nous devons être humbles, disponibles, interpréter, comme les mages, les signes de Dieu. Nous avons une invitation à respecter les valeurs des religions non chrétiennes dont les mages sont la personnification. Jésus nous donne une tout autre façon de voir et d’aimer ceux qui ne pensent pas comme nous.  Tant de femmes et d’hommes en quête du sens de la vie, tant de pauvres qui portent dignement leur sort. Ils ne sont pas si loin de Dieu. Nous devons leur dire où ils peuvent le trouver. Nous sommes appelés à le faire dans nos vies de chaque jour, dans le respect de l’autre. Passons du confort de nos habitudes à la découverte d’un monde étranger, comme les mages. Chacun peut rester chez lui avec ses certitudes. Chacun peut aussi prendre la route et risquer la découverte. Dieu emprunte un chemin neuf, inconnu des grands, et il habite le cœur des pauvres, des opprimés et des exclus. Dieu est déroutant. L’important, c’est de le chercher, de nous mettre en marche pour le découvrir, le rencontrer et nous laisser transformer par cette rencontre.  C'est en suivant l'étoile, c'est-à-dire l'Évangile, et aussi la lumière intérieure qui nous habite, que nous pourrons un jour rencontrer le Dieu vivant. Nous devons parcourir de nouveaux chemins pour transmettre la foi, pour arriver au Royaume. Nous devons parcourir de nouveaux chemins et en lire les signes, les interpréter.
 
Sous un masque d'indifférence, chaque être humain porte une recherche profonde de sens et d'amour. Être chercheur de vérité n’est pas chose facile. Laisser parler la vérité, c’est le seul moyen pour la connaître. Écouter la vérité est nécessaire. Sommes-nous à l’écoute comme les mages ?
 

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Diocèse de Kinkala : La Paroisse Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus de Vindza pillée!

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Nous venons d’apprendre que la paroisse Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus de Vindza, dans le département du Pool (diocèse de Kinkala), a été dévalisée par des jeunes non identifiés, dans la nuit du mercredi 20 décembre 2017. Selon les témoignages des chrétiens, ces jeunes ont abîmé le groupe électrogène, déterré les câbles électriques et emporté d’autres objets de valeur.

Alors que le 23 décembre, un accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités a été signé à Kinkala entre le Gouvernement congolais et les représentants de Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntumi, ces faits sont en décalage avec la volonté affichée d’aller vers la paix.

L’accord du 23 décembre est d’ailleurs un accord dit de cessation des hostilités. Le saccage de la paroisse de Vindza frappe l’Eglise catholique et les populations rurales qu’elle sert dans cette localité; l’Eglise catholique n’est pas une actrice de la crise que l’on tente d’arrêter. Au contraire, elle s’est énormément impliquée dans la recherche de la paix; l’évêque de Kinkala, Mgr Louis Portella Mbuyu, a été parmi ceux qui ont payé même de leur personne le déchaînement inexpliqué des violences.


 Les témoignages des chrétiens sont unanimes: trois jours avant l’attaque contre la paroisse Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus de Vindza, la chrétienté était dans l’attente de son curé, pour la préparation des festivités de Noël. L’attaque visait-elle à l’empêcher de revenir? Alors que vu le contexte d’insécurité l’évêque lui avait conseillé d’attendre un temps à Brazzaville. Visait-elle l’Eglise ou seulement quelques-uns des objets de valeur emportés dans un contexte de grande pauvreté dans la zone depuis que les «Ninjas» s’y sont installés? On ne le saura jamais avec précision. D’autant qu’au même moment des jeunes, peut-être les mêmes, ont également attaqué le village de Maléla-Bombé, village natal du cardinal Emile Biayenda, situé à 16 Km de Vindza. Dernier sursaut de lucidité ou fantaisie stratégique: ils ne sont pas allés jusqu’à piller les objets sacrés attachés à la personne du cardinal dans un lieu devenu un site de pèlerinage.


Mais les brigands ne se sont pas privés de cambrioler la maison du ministre Emmanuel Yoka et de menacer les catéchistes. Tout cela se passe à 300 mètres de l’endroit où sont basés les agents de la Force publique!
La paroisse Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, c’est aussi un engagement dans le développement. Mais son parc de cochon, son poulailler et également son champ de manioc ont été dévastés.


La dernière messe à Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus a été dite le dimanche de Pâques.
Le village de Vindza a connu d’autres moments difficiles auparavant, mais la paroisse n’avait jamais été visitée, ni les biens de l’Eglise endommagés. Au moment où les choses semblent rentrer dans l’ordre, la chrétienté est surprise de voir sa paroisse ruinée par des jeunes véreux. La paroisse a toujours rendu service à la population; les jeunes y sont bien connus et intégrés dans les activités paroissiales. Les assaillants du 20 décembre sont d’ailleurs presque tous issus des familles chrétiennes respectables, d’où l’incompréhension de tous.

Aybienevie
N’KOUKA-KOUDISSA

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Homélie pour la mère de Dieu B (1er Janv 2018)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

C'est avec une bénédiction, la bénédiction prononcée par Aaron et ses descendants sur les fils d'Israël, que l'Église nous invite à entrer dans l’année nouvelle : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » Pour donner tout son sens à cette bénédiction, pour nous en faire saisir toute la profondeur et la beauté, la liturgie nous en offre une clé en la personne de Marie. 
 
Luc nous invite à la rencontre de Marie. Il en a fait l’héroïne de son récit de l’enfance, afin de nous rappeler que Jésus était bien un homme né d’une femme. L’événement ne raconte rien d’autre qu’une simple naissance en milieu populaire. C’est Marie qui dépose Dieu dans la mangeoire. Elle est le trait d’union entre le ciel et la terre, entre l’insouciance de l’humanité et l’inquiétude de Dieu pour notre salut. L’Évangile de Noël n’est donc pas une belle histoire pour faire rêver les enfants ; c’est une interpellation qui nous est adressée afin que nous suivions le chemin tracé par Jésus.  La bénédiction d’Aaron se réalise en Jésus qui est bénédiction du Père. Elle se réalise en la personne de Marie. Elle s’adresse aussi, en ce début d’année, à chacun et chacune d’entre nous. Nous avons été choisis, prédestinés dit Paul pour être bénédiction de Dieu  pour notre monde. Nous sommes paix de Dieu pour le monde.  Comment être tout au long de cette année des bénédictions de Dieu?   Comment être cette  paix de Dieu pour notre monde? L’évangile nous offre une réponse : retenir tous ces événements et les méditer dans nos cœurs. 
 
Préparons-nous à accueillir l’avenir, entrons dans l’an neuf avec Marie, en méditant, comme elle, dans notre cœur. La plupart du temps, les événements que nous retenons ont des allures de terrorismes, d’affrontements, de chacun pour soi. Marie, elle, a préféré lire, méditer les événements qui lui arrivaient, à partir de la Parole de Dieu. Sa disponibilité fut totale. Elle nous apprend à garder la mémoire de Dieu, à méditer la Parole. Elle nous apprend à ne pas juger trop vite ce qui nous arrive, et à oser scruter même l'improbable, à laisser advenir l'impossible. Nous sommes paix de Dieu pour le monde.   À Noël, nous avons proclamé que Dieu a fait irruption dans le monde pour nous accompagner sur le chemin de notre histoire. Nous nous sommes réjouis du fait que Dieu n’est pas dans un au-delà lointain et inaccessible, mais qu’il est présent dans l’intimité quotidienne de chaque personne. Dieu invite chacun de nous à participer à la construction d’une société plus juste, à faire advenir le royaume de Dieu. Lorsque quelqu’un pleure, nous devons nous trouver à ses côtés. Lorsqu’un pauvre passe devant notre porte, nous devons le regarder avec amour. Lorsque nous sommes au cœur de la violence, nous devons apporter une parole de paix, de douceur, de miséricorde, un appel au pardon. Lorsque nous sommes au cœur de l’injustice, nous devons la dénoncer et être auprès de ceux qui la subissent. Alors le monde nouveau sera une réalité bien concrète, ce monde nouveau que Dieu attend, mais ne désire pas faire sans nous. Comme Marie nous sommes porteurs d’espérance.
 
C’est donc aujourd’hui la fête de Marie, mère de Dieu. Ce titre donné à Marie vient du Concile d’Éphèse en 431. Certains préféraient donner à Marie le titre de mère du Christ à celui mère de Dieu, car ils ne reconnaissaient en Marie simplement que la mère de Jésus-Christ comme homme. Dans ce débat, ce qui est en cause c’est l’identité de Jésus : est-il vraiment Dieu ? Est-il vraiment homme ? Est-il vraiment homme et Dieu ? Finalement, en 431, le concile d’Éphèse a tranché le débat. Jésus est une personne humaine. Cet homme était Dieu. Il faut que nous comprenions les musulmans et les Juifs de nous considérer comme des fous, d’affirmer ainsi qu’un homme est Dieu. Devant une telle révélation, nous ne pouvons avoir qu’une attitude de grande prudence et de très grande humilité. De plus, avec Jésus, nous sommes entrés dans une relation toute nouvelle avec Dieu : de peureux nous sommes devenus des fils et filles de Dieu. Ce qui a changé aussi c’est notre relation entre nous : elle est devenue relation de frères et de sœurs, relation d’amour à l’image de l’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit.
 
« Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il te prenne en grâce ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » C’est une bénédiction qui nous est adressée afin que nous nous conformions à ce que Jésus attend de nous, comme Marie l’a fait avant nous.
 
Que sera l’année qui commence aujourd’hui ? Préparons-nous à accueillir l’avenir, entrons dans l’an neuf avec Marie, en méditant dans notre cœur.

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