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Homélie de la Nativité (Noël B)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Saint Jean dans le prologue de son évangile fait une méditation sur l’événement Noël. Pour lui, Jésus est la parole de Dieu qui entre dans notre histoire et qui lui donne sens. Cet évangile mystique a fasciné la chrétienté. Elle lui a toujours accordé une place particulière. Longtemps on le lisait à la fin de chaque messe.   Dieu n’est plus seulement une idée ou quelque chose à deviner à partir des paroles. Dieu s'est fait homme, il est au milieu de nous.  Il s’est fait présent à tous les humains sans exception. Jean nous parle d'une parole créatrice, celle de Dieu qui a tout créé et qui a tout illuminé de sa présence. Le solennel prologue de la lettre aux Hébreux appelle également à méditer le sens de Noël. Pour nous chrétiens, la fête de Noël est plus qu'une invitation à participer à la tradition.
 
À Noël, c'est Dieu qui nous donne sa Parole. Parler, c'est donner quelque chose de soi à l'autre. C’est devenir fragile, vulnérable avec le risque d’être mal compris. Avec la naissance de Jésus, la fin d’un monde devait être arrivée.  Le monde tel que nous le désirons n’existe pas et cela explique la difficulté que parfois nous avons à nous réjouir de la signification de Noël. Jésus est venu nous apprendre le sens de notre humanité. Dieu s'est fait proche de nous, comme un enfant  inoffensif, avec un besoin infini d'aimer et d'être aimé. Noël nous donne l'occasion de répondre à cet amour de Dieu en nous invitant à aimer davantage. Dieu est la force qui nous donne l’audace d’affronter les problèmes du monde sans désespérer. Avec cette force, nous déplaçons les montages et dénonçons les hypocrisies.  Le chemin de l'enfant de la crèche passe par la croix, avant d'arriver à la résurrection. Sans la résurrection à Pâques, Noël est vide de sens.
 
Dieu dans sa fragilité nous invite à le suivre sur son chemin pour que nous devenions aussi enfants de Dieu. Nous sommes tous en train de parcourir ce chemin qui est bordé de joies et de peines. Plus nous avançons sur notre parcours et plus nous nous rendons compte que nous ne pouvons compter exclusivement sur nos seules forces, que nous devons laisser une plus grande place à Dieu et aux autres dans notre vie. Noël nous redit qu’avec Jésus, l’ordre des choses n’est plus le même. Dieu a pris le risque de se confier à nous. Dieu enfant se retrouve entre nos mains, fragile, nu, dérisoire. Et Dieu n’a jamais fini de nous surprendre. Noël c'est la fête des mots, des mots d'amour et d'amitié, de paix et de réconciliation, des petits mots gratuits qui font du bien, qui font revivre. Noël, c'est la parole qui circule dans les familles et entre tous les enfants de Dieu ; c'est la vie qui devient échange et dialogue.
 
Noël est un cadeau qui n’a pas de prix et qui est offert à tous. Ne nous contentons pas de déballer ce cadeau pour l’abandonner ensuite pendant le reste de l’année. Ce Dieu qui vient chez nous, saurons-nous l’accepter, l’accueillir ? Si nous l’accueillons chaque jour dans la crèche de nos cœurs, chacune de nos journées devient une fête, une naissance en Dieu. Nous serons alors des petites lumières dans la pénombre du monde.

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Homélie du 4e dimanche de l’Avent B «Noël est proche»

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
En ce 4e dimanche de l’avent,  Noël est vraiment tout proche cette année. En fait cependant, Dieu est toujours proche de nous.  Il n’est pas loin de nous. Il n’est pas  inconnu, énigmatique, voire dangereux. Dieu est proche de nous, si proche qu’il se fait enfant. Il vient, en Jésus, partager notre humanité. Au cœur du christianisme, il y a Jésus, fils de Dieu, né de Marie et de l’Esprit. Cette naissance est annoncée dans la première lecture et plus tard Paul écrit que c’est la révélation d’un mystère gardé depuis toujours dans le silence.
 
Le roi David habite une belle maison, il n’aime pas laisser l'arche d’alliance sous une simple tente de nomade. Il se propose de construire une maison digne de Dieu. Or celui-ci lui répond en gros par la bouche de Nathan: ce caractère de voyageur, je l'ai pris volontairement pour partager le sort de mon peuple. Et le moment de mon repos n'est pas encore venu. Mais ce que, toi, tu ne peux pas faire, un de tes descendants l'accomplira. Ce descendant est d'abord Salomon, fils de David, mais ce Roi est aussi prophétiquement Jésus, le Fils de Dieu. Le psaume reprend la promesse de Dieu à David. C’est Dieu lui-même qui bâtira à David une maison digne de Dieu. L’Évangile nous la montre en la personne de Marie.  Marie est « mère de Dieu », car elle mettra au monde le fils de Dieu et non un simple humain.  De lui seul il peut être déclaré que son royaume sera pour toujours.
 
Quant au récit de Luc, il ne faut pas le lire comme un reportage. Le récit de l'annonce à Marie est rédigé selon le modèle de diverses scènes de l'Ancien Testament. Le but de Luc, ce n’est pas de nous informer sur les circonstances matérielles de la conception et de la naissance de Jésus de Nazareth. Luc n’en a aucune idée. Son but, c’est de nous dire la relation que Dieu établit avec l’humanité, à travers les femmes et les hommes de l’histoire. Personne ne pouvait imaginer le mystère de l'Incarnation, mais Dieu avait posé des jalons dans tout l'Ancien Testament. L’Écriture nous révèle en effet un Dieu qui aime rendre fécondes celles qui se croyaient stériles à jamais. La stérilité, c’est la plus grande épreuve pour la femme juive. Ne pas avoir de descendance, c’est la honte, un châtiment. L'Ancien Testament est jalonné de femmes rendues fécondes par la visite de Dieu (Sara, la vieille épouse d’Abraham, la mère de Samson,  la mère de Samuel …) .  Marie représente tout le peuple de la foi auquel s’adressaient les prophéties et qui dit oui en elle. Marie vit  la plus grande aventure de l'humanité, celle de Dieu venu dans notre chair. Cette aventure, Marie pouvait ne pas l'accepter puisque Dieu n’impose jamais rien. Loin de nous attacher, le Dieu que nous présente Jésus libère. Dieu aime la vie, mais Jésus aura du mal à faire comprendre qu’il y a d’autres fécondités que la seule fécondité physique. Marie dit oui à cet inconnu qui vient;  plus tard elle se tiendra au pied de la croix. Elle vivra le désespoir et l’échec apparent d’un fils qui a pourtant annoncé une Bonne Nouvelle, dépassant les lois humaines.
 
L’amour de Dieu  travaille dans le monde sans rien bousculer, sans rien déranger. Dieu semble absent quand nous l'attendons ou quand nous le cherchons dans l'extraordinaire,  dans un monde déconnecté du quotidien, ou sur une route à la mesure de notre désir. Ce n'est pas l'heure de Dieu qui tarde, c'est nous qui ne l'attendons plus, c’est nous qui ne veillons plus, qui n’entendons pas son appel. Aujourd'hui encore, Dieu continue à appeler des hommes et des femmes. Ce n'est plus par l'ange Gabriel qu'il intervient dans notre vie. Il nous rejoint par les personnes qu'il met sur notre route. Des personnes qui incarnent sa bonté, sa tendresse et sa justice. Dans notre monde troublé, Dieu a besoin de nos mains pour prolonger les siennes avec nos outils et nos talents. Dieu a besoin de nos lèvres pour prononcer ses paroles. Dieu a besoin de nos yeux pour voir la souffrance humaine et la soulager. Quelle que soit la mission qu'il nous confie, Dieu nous invite à lui dire oui. Chacun de nous en est capable. Quand nous disons oui, comme Marie, c'est une grande aventure qui commence.
 
Nous voici bientôt à Noël, Dieu s’est fait petit, il s’est manifesté dans un enfant, dans sa fragilité.  Deux fois, Paul s’exclame : gloire à Dieu ! C’est à nous de le porter à la connaissance de toutes les nations. Le temps de l’avent et de Noël est un temps missionnaire qui veut nous sensibiliser à ceux qui sont loin : distancés, non croyants. Laissons tomber notre orgueil  humain. Laissons-nous habiter par la justice de Dieu qui est parmi nous. Sa venue est une bonne nouvelle qui doit être annoncée à tous, en particulier aux pauvres, aux exclus, à tous ceux et celles qui n'ont plus d'espérance. Le temps de Noël est un temps de grande espérance, un temps de renouvellement. Dieu peut agir dans notre monde si nous lui offrons nos vies, nos bras et nos mains, si nous nous mettons concrètement, dans nos vies, au service de la Bonne Nouvelle de Jésus. Dieu a besoin de nous pour transformer le monde par l’amour que nous pouvons donner aux autres. À Noël, nous sommes invités à faire naître Jésus chaque jour de nos vies.
 
Sommes-nous disposés, comme Marie, à lui dire oui à l’appel de Dieu? Notre foi est-elle figée ou bien en questionnement ? Acceptons-nous vraiment de faire la volonté de Dieu ? Acceptons-nous de partager la Bonne Nouvelle, à faire de chaque jour Noël.

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Homélie du 3e dimanche de l’avent B

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Le 3e dimanche de l’avent est le dimanche de la joie.  Ce thème est très présent dans les deux premières lectures.  « Soyez toujours dans la joie » : c’est l’appel de saint Paul. Toujours dans la joie! La joie ne se commande pas pourtant, car les heures d’épreuves ne manquent pas. Dans un monde étouffé par les forces de la consommation, le besoin d'une vie spirituelle se fait entendre de plus en plus fort, tant chez des croyants en Dieu que chez des agnostiques. Le monde a besoin de témoins du spirituel. Malgré les aléas de la vie et la précarité de nos existences, si nous sommes convaincus que Jésus ressuscité est déjà là au milieu de nous, comment ne pas être joyeux!
 
Être joyeux de nous savoir aimés, quoi qu’il nous arrive, quelles que soient nos épreuves et même nos faiblesses. Isaïe et l’apôtre Paul nous appellent à témoigner, à libérer les gens, à les faire espérer. Le prophète Isaïe est représentatif de tout l’Ancien Testament. Toute l’histoire du peuple juif est une attente du Messie dont Isaïe chante les promesses et les cris d’attente. Il annonce la joie. À travers nous, Dieu peut faire germer sa justice. Les chrétiens doivent être de vrais prophètes, des témoins de l’Évangile. L’Esprit Saint agit à travers les femmes et les hommes de notre temps. Le prophète d’aujourd’hui qui veut annoncer Jésus ressuscité doit lutter, non seulement contre l’intégrisme laïc qui l’empêche de parler, mais aussi contre l’intégrisme religieux. Notre message doit être centré sur la résurrection, l’espérance du salut et la vie éternelle. La bonne nouvelle, c’est que Dieu est ici pour nous et qu’il peut transformer chacune et chacun de nous pour nous accueillir dans son royaume. Nous devons nous ouvrir à ce changement et prendre les moyens que Dieu met à notre disposition. Dieu est présent pour nous sauver, mais nous devons, nous, répondre à son appel.
 
Dans la situation difficile que connaît le peuple juif au début de notre ère, Jean-Baptiste vient témoigner que bientôt la lumière de Dieu va briller sur son peuple. Interrogé par les prêtres, Jean-Baptiste dit qui il n’est pas. Il n’est pas le Messie. Il est une voix, c’est tout, et cette voix n’existe pas par elle-même. Elle est habitée d’un souffle qui ne lui appartient pas. Elle porte une parole qui n’est pas la sienne.  L'évangile de Jean utilise librement le texte d'Isaïe. Il ne s'agit plus de préparer la route du désert pour le retour des Juifs qui étaient exilés à Babylone. Le désert est tout autant le lieu géographique où Jean-Baptiste se tient que le lieu symbolique de la conversion. Il est une voix qui crie dans le désert. Il annonce un Messie-Lumière qui se tient déjà au milieu de nous et pour lequel il faut aplanir le chemin de notre cœur.
 
Dans les Écrits bibliques, la lumière est associée à l'enseignement de Dieu, sa Tora. Le long silence de Dieu laissait supposer que celui qui serait appelé à le rompre aurait un rôle dépassant celui des anciens prophètes. Tout Israël était en attente d'un tel prophète qui serait aussi capable de tirer le peuple de ses malheurs. On attendait donc du messie qu'il se manifeste de manière divine. Or il va se manifester en Jésus de manière humaine. Jésus sera en effet vulnérable et tenté comme chaque être humain. C'est ainsi qu'il pourra pleinement se révéler comme étant l'amour véritable. En ce dimanche, nous voyons déjà poindre à l’horizon la lumière de Noël. Cette lumière est du même feu que celle de Pâques. Avant d’accueillir Dieu libérateur dans la fragilité d’un enfant à Noël, l’appel de Jean-Baptiste est pour nous une invitation à nous défaire de nos rêves de toute puissance, à nous préparer à la venue d’un Dieu qui est amour. Le Dieu que nous attendons ne vient pas avec les signes de sa puissance ou le fracas du tonnerre. Pour que Dieu se fraye un chemin dans notre monde, il faut que nous retroussions nos manches, que changions notre mode de vie et que nous engagions une conversion.
 
Nous devons nous réjouir de Noël et tout faire pour nous y préparer. Évitons d’éteindre l’Esprit sous le matérialisme, la raideur des structures. Évitons de repousser les prophètes des temps modernes qui secouent notre confort. Laissons-nous transformer par Dieu.   Alors, la paix de Noël sera vraie.
 

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Homélie du 2e dimanche de l’avent B

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Le récit de Marc a été écrit à Rome après la persécution des chrétiens sous l’empereur Néron.  Dès le premier verset de son évangile, Marc annonce que quelque chose de nouveau débute. Jésus va inaugurer une nouvelle création. Celui qui annonce la venue de Jésus, le messie, c’est Jean-Baptiste. Il reprend le message du prophète Isaïe : il faut préparer la route pour la rencontre de Dieu. En Jésus, c’est Dieu en personne qui vient au-devant des siens.  Dans la 1ere lecture, Jérusalem, qui personnifie le peuple de Dieu, a reçu une punition pour toutes ses fautes; nous sommes dans la mentalité de l’Ancien Testament. Le peuple est déporté à Babylone (vers 550 avant J.-C.). Mais Dieu l’aime toujours et veut le ramener au pays. Isaïe annonce que Dieu viendra sous la forme d’un messie sauveur. Les juifs et les chrétiens des premières générations espéraient que Dieu, Jésus ressuscité,  viendrait encore de leur vivant. Ils étaient impatients. Nous aussi, nous attendons avec impatience que Dieu intervienne, mais Pierre fait remarquer que Dieu a une autre horloge que nous. Dieu a ouvert des chemins dans le désert, il a creusé en nos cœurs une attente venant du désir de le rencontrer. Nous rêvons de ciel nouveau et de terre nouvelle. En se faisant homme, Jésus a rendu cela possible. Marc nous dévoile au long de son évangile le vrai visage de Jésus : ce n’est pas un messie puissant et fort, mais humble et fraternel, ce n’est pas un messie des armées en guerre, mais un messie désarmé et pacifique. Dieu se donne à voir sur le visage défiguré et souffrant d’un homme en croix.  C’est un commencement, une Bonne Nouvelle qui est toujours neuve.
 
La Parole de Dieu de la semaine dernière nous invitait à veiller, et non à sommeiller. Cette semaine, elle nous pousse à l’action en nous demandant de préparer le chemin de Dieu qui vient sur Terre. Jean-Baptiste a préparé la venue de Jésus et nous sommes invités à faire de même, à lancer un cri d’espérance dans notre monde moderne. Il faut combler les ravins de l’indifférence des nations riches. Il faut redresser les passages tortueux de toutes les corruptions. Il faut dénoncer les escarpements d’injustices. Voilà bien plus de deux mille ans que Jésus est venu faire du neuf, qu’on proclame qu’il reviendra. Pourtant le monde semble continuer à faire comme si rien ne s’était passé, comme si rien n’avait changé. L’attente se fait lourde, la patience nous manque parfois et la résignation nous guette au point où nous risquons de nous habituer à n’attendre plus rien, à laisser s’effacer les chemins de nos cœurs. Pierre nous dit d’être patients, de vivre le commencement de la Bonne Nouvelle dans nos vies.  Nous devons veiller en menant une vie digne du salut qui nous est offert : une vie de justice devant Dieu et devant les autres. Il n'y a pas de petites actions pour aplanir la route caillouteuse : le moindre coup de pelle du plus faible ouvrier est utile et nécessaire. Commencer, mettre en route un projet, faire du neuf et créer, c'est transformer notre milieu de vie. C'est aussi nous transformer nous-mêmes. Commencer n'est pas toujours facile. C’est parfois même très angoissant et plein de passages tortueux dans des terres arides comme dit Isaïe. Commencer, c'est toujours prendre un risque, car il faut accepter de nous mettre en marche vers l'inconnu. Accepter de laisser là ce qui était notre univers familier, notre habitude, notre tranquillité ou notre routine. Dieu vient chaque jour demeurer en nous pour peu que nous sachions lui ouvrir notre cœur. Il viendra à la fin des temps. Pour rencontrer Dieu, à Noël, nous devons préparer sa venue en changeant notre vie. Nous devons nous mettre à l'écoute de notre cœur. Nous devons préparer le chemin qui mène à notre cœur. Cela veut dire changer nos mauvaises habitudes, choisir d’ouvrir un chemin de conversion en commençant par des choses toutes simples, et accessibles à tous, comme changer notre regard vis-à-vis des autres, et vis-à-vis de nous-mêmes,  accueillir l’autre avec bienveillance, sans jugement hâtif. C’est vivre dans l’espérance que nous sommes tous appelés à partager avec Dieu son Royaume.  C’est oser la confiance et la persévérance pour suivre Jésus sans nous laisser piéger par nos peurs.
 
Nous devons accueillir et nous ouvrir aux réalités nouvelles des femmes et des hommes de notre temps. C’est à travers elles et eux que Jésus  vit et qu’il peut apporter un message d’espérance dans notre monde nouveau. Nous avons toutes et tous pour mission d’y travailler. L’avent est là pour nous rappeler que Dieu vient à notre rencontre. Il nous rejoint au cœur de nos vies pour nous annoncer du neuf : le Fils de Dieu, celui que Pâques a révélé. Comme Jésus ressuscité est au milieu de nous, il ne tient qu’à nous de le reconnaître. C’est la seule façon de faire naître l’espérance aujourd’hui.

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Homélie du 1er dimanche de l’avent B

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Nous entrons dans l’avent en portant notre regard sur l’avènement final de Jésus ressuscité. En première lecture, des sentiments contradictoires alternent. Dans cette lecture, racontant le retour d’exil, nous sentons la désillusion de l’attente. La réinstallation des rapatriés est difficile puisque leurs terres sont occupées par des étrangers. Le temple n’est pas reconstruit et les exilés ont  l’impression que Dieu a abandonné son peuple tellement il se fait discret et silencieux. Un pieux Juif, abandonné et déporté par la faute de ses pères, s’adresse à Dieu, son vrai père. Dieu a exaucé sa prière; Dieu est descendu parmi nous en Jésus.
 
L’avent est un temps d'attente et d'accueil, un temps qui nous engage à bâtir le Royaume de Dieu.  Comme la semaine dernière, Jésus lève le voile sur l'avenir, pour nous aider à vivre le présent, pour mieux nous ramener à notre comportement de chrétiens. Il nous rappelle nos responsabilités, c'est-à-dire que nous devons préparer intensément sa venue.   Que signifie cette insistance à veiller, à ne pas dormir? Ce mot d’ordre prend un sens très particulier dans les pays du nord, alors que le soleil décline très tôt dans la journée. Une période durant laquelle plusieurs personnes sombrent dans la dépression. Novembre, cela signifie que la beauté de la neige n’est pas encore présente, que les arbres ont perdu leurs feuilles et que le froid s’installe. Même les plantes d’intérieurs semblent paralysées dans leur croissance. Une période sombre où la mort semble plus que jamais victorieuse sur la vie. Et pourtant, Jésus nous interpelle : veillez!  Jésus nous demande d’être des guetteurs de la vie, de Dieu, et d’aller à sa rencontre. Le guetteur, en plus d'être attentif aux manifestations de Dieu dans sa vie,  est aussi sensible à ceux et celles qui l'entourent, aux gens de sa maison, de sa communauté. Jésus veut faire de chacun de nous un guetteur. Pas un guetteur chargé d'épier l'autre afin de le prendre en défaut. Ni un guetteur qui garde silence en regardant son prochain marcher vers un précipice. Non, il veut un guetteur responsable des autres et qui bâtit son Royaume. Jésus reviendra à Noël, mais il est déjà là. Il veille avec nous.  À travers la nuit du monde, nous pouvons être de petites lumières, chacun selon notre capacité, selon le talent reçu de Dieu. Veiller à la venue de Jésus Ressuscité c’est aussi lutter contre toute forme d'injustice qui opprime les hommes et les femmes.  Dieu nous laisse toute liberté pour vivre, il nous laisse toujours le choix entre l’ombre et la lumière. Oser en rêver, c’est déjà évacuer la peur dans note cœur et y laisser entrer le souffle du cœur de Dieu.
 
Au début de sa lettre, Paul salue les Corinthiens avec un souhait que la liturgie a repris: que la grâce et la paix soient avec vous.  Paul nous invite à rendre grâce pour toutes les richesses que nous avons reçues. Il nous dit d’être patients, de veiller. Dieu est venu et il vient à nous encore chaque jour.  Ce que nous devons guetter de toute la force de notre espérance, c’est le jour où un nouveau regard nous sera donné pour voir enfin Dieu qui est compassion, lent à la colère et plein d’amour comme il ose lui-même se révéler à Moïse. Un Dieu qui ose guérir les jours de sabbat, malgré la loi. Un Dieu qui se révèle au centurion romain, pourtant ennemi juré du peuple juif. Un Dieu qui marche avec son peuple, malgré les infidélités d’un peuple qui préfère les oignons d’Égypte à la liberté. Veiller, c’est peut-être apprendre à aimer l’autre afin qu’il soit toujours plus heureux. Nous devons, non seulement veiller, mais aussi éveiller les autres. Et pour ce faire, nous avons besoin de nouveauté. Ne perdons pas espoir, soyons vigilants, car Dieu refait du neuf avec nos vieilleries. Jésus vient nous libérer, nous aussi, de nos contraintes, de nos échecs. Cela se passe dans la maison, dans les communautés, dans l’Église. Cela est l’affaire de tous, du portier de la maison et de tous ceux qui l’habitent, de tous ceux qui lui donnent vie.
 
Veilleur, où en est la nuit? Dieu est apparemment sorti de nos vies, comme un homme parti en voyage. Mais il nous a laissé des responsabilités, il nous fait confiance. Nous devons prendre garde de ne pas passer à côté de l’essentiel de notre mission.  Le temps de l’avent est là pour nous aider à vivre plus intensément notre relation avec Dieu. Attendre quelqu’un qui est déjà là, c’est chercher à le rencontrer. Attendre et désirer rencontrer Dieu, voilà l’avent, voilà l’essentiel, voilà l’espérance.
 

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Homélie du 33e dimanche T.O A (19 Nov 2017)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Ces lectures nous invitent à la vigilance active. Comme le rappelle Saint Paul, nous ne savons pas la date du retour de Jésus ressuscité. Cela n’a pas d’importance, ce qui compte c’est de savoir si nous serons prêts à l’accueillir. Nous sommes invités à une vigilance active et confiante et non à une inquiétude peureuse et paralysante. Il s’agit d’être prêt à recevoir, à accueillir dans une rencontre d’amour qui sera la réalisation des promesses, l’accomplissement du Royaume, comme dans la première lecture qui nous donne en exemple la femme qui partage en toute liberté  l’amour  dans la famille.
 
La parabole des talents, des importants trésors qui nous sont confiés, est un hommage à la liberté humaine. Dieu nous fait confiance et s’en remet à nous. La parabole nous montre que chacun des serviteurs agit selon l’image de Dieu qu’il porte en son cœur. Le fruit de son travail correspond à l’image positive ou négative qu’il se fait de son Dieu. Dieu nous veut créatifs. Le serviteur qui sera blâmé au retour du maître pour ne pas avoir fait fructifier ses talents connaissait et attendait le retour de son maître, il ne s’était pas endormi. Mais cette attente était vécue dans l’inquiétude et la crainte. Ce qui fait échouer ce serviteur c’est son refus de la confiance, voire même de la relation avec son maître. Le talent caché dans la terre est le symbole du refus de placer sa vie et ses dons dans la relation avec le maître. La peur et le manque de confiance rompent la relation d’amour en nous placent en spectateurs inactifs et craintifs des préparatifs du Royaume. Avoir peur de Dieu, c’est lui fermer la porte et c’est désespérer de lui. Avoir peur de Dieu, c’est se laisser mourir à petit feu.
 
Le maître de la maison est parti en voyage. La communauté chrétienne vit dans un entretemps. Attendre est une épreuve. L’attente ronge notre désir, surtout lorsque rien ne change, et que c’est long. Le danger dans l’attente, c’est de demeurer passif, de ne rien faire, d’attendre bêtement. Nous finissions alors par ne plus croire à ce qui nous brûlait hier.  Nous nous épuisons dans des futilités, nous nous agitons dans le vide,  et nous perdons notre temps.
 
Oui Frères et Soeurs,
 
Nous devons veiller ce qui n'est pas la même chose qu'attendre. Veiller mais sans tension intérieure, sans crainte. Veiller dans la confiance et dans la paix.  Veiller, et faire fructifier les dons reçus, faire fructifier sa vie. Notre attente  doit être faite de risque, d’audace, de courage, de défi à relever, de créativité et de responsabilité. La foi ne nous est pas confiée comme un lingot d’or qu’il s’agirait de conserver dans un coffre-fort, mais comme un don à faire valoir et à faire fructifier. La foi doit être imaginative et créatrice. Si nous nous enfermons dans des doctrines, des lois, des règles, écrites à une autre époque et sur lesquels on s’appuie sans vouloir les changer ou les adapter, par peur de nous tromper…c’est un manque de confiance envers le Maître. C’est un refus d’accueillir et de faire fructifier  les talents qu’il a bien voulu nous confier. Il n’existe pas de vrai christianisme sans engagement et sans risque. Jésus dans les évangiles a critiqué les traditions religieuses conservatrices qui refusaient d’évoluer, de se développer, de changer selon les besoins du temps. Le christianisme n’est pas une religion de musée.
 
Demandons-nous si nous attendons toujours la venue du Royaume. Serions-nous prêts à accueillir Jésus s’il revenait aujourd’hui?

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Homélie du 32e dimanche du T.O A (12 Nov 2017)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
La parabole des dix jeunes filles appartient à la famille des paraboles dites du royaume des cieux,  dont  la  plupart  sont  rassemblées  dans ce chapitre de Matthieu : parabole  du  semeur, parabole du grain de moutarde, parabole du levain, parabole du trésor caché, parabole de la perle de grand prix, parabole du filet ramassant de bons et de mauvais poissons.  La parabole d’aujourd’hui nous rappelle qu’il faut veiller, sans savoir ni le jour ni l’heure d’un grand événement. Cette parabole éclaire la venue de Dieu dans notre quotidien. Il vient comme un époux venait autrefois chercher sa promise pour la conduire chez lui. C'est l'image utilisée pour parler de Jésus. Les demoiselles d'honneur, qui doivent accueillir puis escorter l'époux, symbolisent la communauté, tous les fidèles qui attendent l’époux.
 
À travers le comportement des dix jeunes filles, dont cinq prévoyantes et cinq insensées, nous constatons deux manières d’attendre l’époux. Il y en a qui l’attendent en prévoyant tout, pour être à tout moment en état d'accompagner celui qui vient nous rejoindre. Il y en a d’autres qui l’attendent avec insouciance en comptant sur les autres au dernier moment. Bien sûr l’attente peut être lassante, car nous personne ne sait quand le grand événement aura lieu.  En fait, l'époux vient à minuit, alors que les mariages avaient lieu le soir.  Jésus ne vient donc pas à l'heure où la communauté pense qu'il pourrait ou devrait venir, mais à l'heure choisie par lui. Aucun signe annonciateur ne permettra de se préparer à la dernière minute. Il faut être prêt à l’accueillir et à l’accompagner.
 
C’est peut-être la nécessité de veiller qui nous aide à comprendre le refus de partager l'huile au moment où l'époux arrive. Dans le judaïsme, l'huile symbolisait les bonnes œuvres, mais aussi la joie de l'accueil ; ici, dans la parabole, l'huile gardée en réserve mesure la qualité de l'amour de celles qui acceptent de veiller.  La conversion des cœurs est un processus qui doit mobiliser toutes les énergies, toute l’huile de nos lampes. Dieu est assez miséricordieux, il nous aime assez pour nous soutenir dans notre veille, pour renouveler l’huile qui enflamme nos cœurs. Le plus important, c’est que nous soyons là, tels que nous sommes, conscients de notre faiblesse, quand il arrivera. Un cœur en veilleuse est mieux qu’un feu éphémère.
 
Oui, frères et Soeurs,
 
La venue de Dieu dans nos vies est toujours une surprise. Que notre lampe soit à moitié vide ou que nous soyons sans lampe, l’important est de nous tenir éveillé jusqu’à la prochaine venue du Seigneur. Personne ne peut veiller à notre place, car il y va de la qualité de notre cœur. Cela ne s'achète pas chez le marchand. La flamme reste vivante dans les Écritures qui éclairent notre attente. Malgré nos errances fréquentes, malgré nos lassitudes, nos engourdissements d’entendre Dieu qui nous parle, nous sommes marqués par une invitation permanente à nous asseoir à la table du Royaume. Il n'y aura pas de fête s'il n'y a pas de veille.
 
C’est la routine, la lassitude, le sommeil qui semblent ralentir notre enthousiasme. Il faut sortir de nos torpeurs. L’attente est aridité, désert, et notre patience se transforme vite en impatience. Veiller, c’est croire et espérer en dépit d’apparences parfois décevantes.
 

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Homélie du 31e dimanche du T.O A (05 Nov 2017)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,
 
Le prophète Malachie, dans la première lecture, stigmatisait les comportements des prêtres de son temps qui pervertissaient l'Alliance en accommodant la Loi à leur avantage.  La radicale nouveauté de Jésus, c’est d’affirmer que Dieu seul est maître de la loi, que lui seul détient l’autorité. Jésus s’indigne au nom de préceptes divins dont les directives sont malmenées par ceux là même qui sont chargés de les enseigner et de les faire respecter. Cela tranche dans un monde où le savoir et la sagesse des maîtres qui avaient précédé étaient primordiaux. Cela tranche également dans notre monde moderne, car Jésus pose une exigence radicale : se séparer de tout attrait pour le pouvoir, des honneurs, des calculs au sein de la vie communautaire.
 
L'abus d'autorité existe dans les structures d'églises, dans les familles, dans les entreprises et les organismes sociaux… Jésus propose un autre type d'organisation basée sur la fraternité : « Vous êtes tous frères ! » À partir de là, les relations ne sont plus de domination, mais de simplicité et de service. Jésus affirme l’égalité totale de tous les croyants. L’image du service prend la place centrale ses propos aujourd’hui : «le plus grand parmi vous sera votre serviteur ». Jésus parle bien de service et non d’esclavage.  Mais de qui sommes-nous appelé à être le serviteur. Jésus le précise. Ce n’est pas de Dieu comme le croyaient les pharisiens. Il demande que nous soyons le serviteur des autres, c'est-à-dire de l’humanité. Ce qui compte, avant tout, c'est l'esprit dans lequel ces services sont remplis. Il n’y a pas d’autre vraie spiritualité que celle qui engage notre être tout entier et qui se vérifie dans la cohérence de ce que nous disons et de ce que nos actes disent de nous. Seul l’amour de Dieu, gratuit et inconditionnel, sait transformer en cœurs de chair nos cœurs de pierre.
 
Reconnaissons que Dieu donne du sens à l’humanité, que tous ont droit au bonheur. C’est pour accomplir ce projet que nous sommes embauchés par Dieu comme serviteurs.  Cela peut nous déconcerter, parce que dans notre vie de tous les jours ce sont les leaders et non les serviteurs qui sont valorisés. Pourtant, quel que soit notre position hiérarchique nous serons d’autant plus conformes à ce que Dieu attend de nous, que nous mettrons constamment au cœur de nos préoccupations les plus petits, les plus faibles, les plus nécessiteux ; que nous serons, comme dit Saint-Paul,  avec nos frères « pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons». La grandeur de la personne se mesure à sa capacité d'aimer vraiment et avec simplicité. C'est ainsi que nous vivrons avec Dieu et que nous serons heureux.
 
Les actes sont plus percutants et plus convaincants que les paroles. Nous ne pouvons annoncer l'Évangile sans en témoigner par nos vies, car nous ne sommes pas des intermédiaires passifs. Le message doit transformer d'abord le « porte-parole ».  Nous devons apprendre à vivre dans la reconnaissance, à mettre Dieu au centre de nos actions.
 
En effet, la communauté chrétienne ne se structure pas par le pouvoir, mais par le service. Il y va de son avenir et de l'authenticité de son rayonnement. Alors, comme dit Paul, nous ne proposons pas seulement l'Évangile, mais nous donnons ce que nous sommes à l'image de Jésus. C'est ce que le monde attend de l'Église.

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Homélie pour la Toussaint A (1er Nov 2017)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et Soeurs,
 
Parfois la société est avide de sang, de meurtres, et peut se repaître de certains spectacles morbides comme le procès de Magnotta. Nos sociétés modernes ne nous habituent pas à appréhender la mort de manière plus simple et plus directe, l'évacuant souvent, voulant effacer tout ce qui pourrait être une trace de mort, traitant la mort de façon scientifique, biologique, médicale. Nous voulons mourir dans la dignité. Nous voulons que le souvenir des défunts demeure. En effet, nous avons tous fait l’expérience de la mort d’un de nos proches ou d’un ami très cher, et leur départ a laissé certainement un grand vide. Nous avons toujours beaucoup de mal à nous habituer à l’absence de ceux et celles qui nous ont quittés.
 
Depuis longtemps, l'Église a conscience que notre vie doit prendre fin. L’humain ne maîtrise pas la vie et encore moins la possibilité d'une autre vie au-delà. Nous savons bien qu'un jour ou l'autre, nous aurons à affronter la mort, cette absence de vie. Le chrétien, comme n'importe qui, souffre de voir l'autre mourir. Le chrétien pleure comme n'importe qui de voir que l'être aimé est en train de disparaître peu à peu. Mais le chrétien ose affronter la mort parce qu'il croit en un Dieu qui a vécu sur notre terre et qui lui-même a connu la mort. Jésus, le Fils de Dieu, a accepté  la même limite que toute personne est appelée à connaître : la mort. La mort n'est pas rien, elle est une difficulté pour chacun d'entre nous personnellement et pour la vivre en face. C'est parce que cette mort n'est pas rien que Dieu l'a envahie de sa présence, pour que désormais un signe d'espérance, une lumière habite cette réalité, pour que ce qui semble finir ne soit plus la fin. Le salut consiste à passer à travers la mort, à quitter ce qui est œuvre de mort dans notre vie pour choisir la vie. Nous ne devons pas faire vivre à l’autre ce qui le tuerait, nous devons pour au contraire lui permettre  d'exister, lui permettre de vivre, lui permettre de grandir.
 
Frères et Soeurs,
 
La prière avec les défunts est l’expression de notre solidarité avec ces membres de l’Église qui nous précèdent de quelques pas sur la route vers la maison du Père. Nous ne sommes pas seuls, enfermés chacun dans nos petites pensées ou dans nos petites communautés.  En Pologne, le 2 novembre est une fête de la lumière. Les cimetières baignent dans la lumière de milliers de bougies. Qu'il vente ou qu'il pleuve, jusque tard dans la soirée les abords des cimetières grouillent de visiteurs et de marchands. En associant la lumière aux défunts pour manifester le lien qui nous unit à eux, nous montrons qu’ils sont toujours avec nous, mais d’une façon mystérieuse. Comme la lumière qui guide et éclaire, ils peuvent soutenir et illuminer notre chemin par leurs exemples et par leur vie. Comme la lumière qui dissipe les ténèbres, ils nous montrent que le passage par la mort n’est pas la fin de tout.
 
 
Jésus a accepté de vivre sa mort pour nous ouvrir le chemin de la vie éternelle. Nous ne pouvons pas échapper à la mort sur terre, nous n'avons pas à la vivre comme des gens sans espérance. Jésus  a pris notre chemin pour nous ouvrir le sien. Une phrase résume toute sa vie: le bonheur d'aimer les siens. D'aimer Dieu. Sa vie avait une destination : devenir Évangile à travers un quotidien fait de simplicité qui dégageait une grande sagesse, une belle manière de vivre.
 
Oui, se souvenir de nos défunts, en faire la commémoration, nous permet d’entrer dans cette vie éternelle qui est déjà commencée et de proclamer avec conviction cet article de notre profession de foi : « Je crois à la vie éternelle ».

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Homélie du 30e dimanche T.O A (29 oct 2017)

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Frères et soeurs,
 
Dans la société antique, être seul, c'est être exposé à tous les dangers, être privé des moyens de subsistance. Celui qui n'a plus de peuple ne saurait avoir une terre. Il est condamné à errer. En cela, l'étranger rejoint les catégories de la veuve et de l'orphelin. Ces personnes se ressemblent en ceci qu'elles sont privées de la protection du clan. Sans famille, elles sont sans appui, sans ressources. Leur sort dépend de l'accueil qu'elles peuvent recevoir. Ne pas les accueillir, leur offrir le nécessaire pour survivre, c'est les condamner à la mort certaine. Si l'étranger a presque toujours une place de choix dans la Bible, c'est parce qu'il est particulièrement cher à Dieu lui-même. Le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, le Dieu de Moïse, le Père de Jésus et Notre Père s'identifie à l'étranger et va parfois jusqu'à se faire lui-même l'étranger au milieu de nous.
 
Dans la plupart des sociétés qui n’ont pas encore été trop influencées par la culture moderne occidentale, la solidarité du clan ou de la famille élargie est une dimension extrêmement importante de la structure sociale.  Cette solidarité est essentielle à leur survie.  Les conditions de vie peuvent être très simples et frugales ; les gens peuvent ne pas avoir tout notre luxe et nos gadgets, mais personne ne manque de l’essentiel.  Lorsqu’une femme devient veuve et que des enfants deviennent orphelins, ils sont pris en charge par la famille élargie, à travers tout un réseau de relations.  De même, l’étranger a un droit à l’hospitalité. Toute cette structure sociale et ce réseau de relations sont souvent ébranlés par l’imposition faite à ces peuples d’un type moderne de villes industrielles.  Apparaissent la misère et les bidonvilles, avec le passage d’une ville à l’autre à la recherche d’une pauvreté moins grande. Quelque chose de semblable se produisit en Israël après l’établissement dans la Terre promise.  Des personnes qui avaient tout partagé entre elles durant le temps de leur existence nomade commencèrent à d’établir de petits empires privés.  Des difficultés économiques résultèrent du passage d’une économie nomade à une urbaine, où les individus faibles deviennent plus vulnérables.  Des étrangers, des veuves, des orphelins et de nombreux pauvres mouraient de faim sans que personne ne vienne à leur aide. C’est dans ce contexte que prit son origine le texte de l’Exode en 1ère lecture. Cette lecture fait partie d’un code de lois qui traite de justice sociale. Chaque faute contre le prochain est une provocation de Dieu qui écoute le cri des malheureux. Dieu est compatissant.
 
Frères et soeurs,
 
Dans l’extrait d’évangile, nous sommes à Jérusalem et la mission de Jésus touche à sa fin. Il a déclenché une coalition de ses adversaires. Ils veulent le prendre en défaut dans son enseignement afin de pouvoir l'arrêter. La question que pose le pharisien est de fond.  Maître, dans la Loi quel est le grand commandement ? Matthieu sait par ailleurs que les jeunes communautés chrétiennes discutaient du même problème, surtout quand les païens convertis se virent confrontés avec nombre de commandements auxquels les Juifs christianisés tenaient encore.  La question nous intéresse encore aujourd’hui. Qu’est-ce qu’il y a sous les lois ? La question du pharisien est légitime, surtout quand nous savons que les spécialistes avaient inventorié plusieurs centaines commandements. Telle école professait que tous étaient d’égale importance, puisqu’expressions de la volonté divine. D’autres distinguaient entre graves et moins graves. Un des commandements, pour certains le grand, était l’obligation du sabbat, avec laquelle Jésus avait souvent pris de scandaleuses libertés. L’attitude de Jésus  envers la Tora pouvait être suspecte aux yeux des scribes et des pharisiens qui étaient le plus souvent très scrupuleux sur l'observance des préceptes. Cependant Jésus a affirmé qu'il n'était pas venu abolir la Tora, mais la porter à son accomplissement; que celui qui violera l'un de ces moindres préceptes et enseignera aux autres à faire de même, celui sera tenu pour le moindre dans le règne des cieux. Voilà peut-être où se trouve le piège des pharisiens: rendre évident que Jésus enseigne à transgresser des préceptes de la Tora et, malgré son affirmation de fidélité, le placer ainsi en contradiction avec lui-même. Jésus devrait alors perdre toute crédibilité aux yeux des foules. En en désignant un, Jésus se mettait inévitablement à dos les partisans d’un autre. Une petite histoire peut nous aider à mieux comprendre la réponse de Jésus.
 
Un vieux rabbin demandait à ses disciples comment ils pouvaient dire quand la nuit était finie et que le jour avait commencé.
Serait-ce, demanda l'un des étudiants, quand on peut voir un animal au loin et distinguer si c'est un mouton ou un chien ?
Non ! répondit le rabbin.
Serait-ce lorsqu'on peut distinguer un fil noir d'un fil blanc, proposa un autre.
Pas davantage, rétorqua le rabbin.
Alors, quand est-ce, demandaient les élèves ?
C'est quand vous pouvez voir le visage de n'importe quel homme ou femme et distinguer que c'est votre frère ou votre sœur. Car si vous ne pouvez voir cela, c'est encore la nuit dans votre cœur !
 
Frères et soeurs,
 
Aujourd’hui, des millions d’hommes et de femmes vivent l’expérience de l’émigration. Ces personnes quittent leur pays pour fuir la violence, l’insécurité, la misère. Elles se mettent en chemin dans l’espérance d’une vie meilleure, pour trouver un lieu de paix et de sécurité, un lieu pour travailler et fonder une famille, un lieu pour vivre. Souvent, elles ne sont perçues qu’à travers les problèmes que pose leur accueil ou leur insertion dans notre société. Bien sûr, chaque état doit réguler les flux migratoires et mettre en œuvre les politiques dictées par les exigences  du bien commun. Mais, c’est seulement lorsqu’est garanti le respect de la dignité de chaque personne que le bien commun est vraiment recherché. Tout migrant est une personne humaine qui possède des droits fondamentaux inaliénables et qui doivent être respectés par tous et en toutes circonstances. Souvent, la migration s’impose aux personnes pour des raisons de survie ou pour se protéger des guerres et des persécutions. Parfois, des intermédiaires sans scrupule en ajoutent encore à leur désarroi.  Accueillir l’étranger est un défi.  Nous sommes parfois tentés par la peur et la méfiance à l’égard de l’étranger. Allons à la rencontre de l’autre.  Beaucoup portent des valeurs d’humanité que nous avons perdues, ils ont bien des choses à nous apprendre. Bien souvent, la différence dérange. On peut s’en défendre en la rejetant, en plaçant entre soi et l’autre une ligne de démarcation infranchissable. Cela va de l’excommunication sociale des marginalités que le fonctionnement de notre société multiplie, au triomphe plus subtil du narcissisme des petites différences. Après tout, l’autre n’est jamais seulement différent : il a toujours quelque chose de commun avec moi, quels que soient son langage, sa culture, son comportement, son apparence physique, ses valeurs morales. Face à ces autres, il faut oser prendre le risque de la rencontre.
 
Il semble bien que l’acceptation de la différence soit la tâche la plus difficile de l’existence. Jésus nous appelle non pas à un sentiment vague et sentimental de sympathie à l’égard des défavorisés ;  il nous invite à un amour intelligent qui engage le cœur, l’âme et l’esprit. Un amour qui prend compte tous les besoins, tant matériels que spirituels des plus petits.  Les Thessaloniciens ont expérimenté la foi, non dans des théories, mais en voyant vivre Paul, un homme saisi par Jésus ressuscité. Aussi ont-ils imité l’Apôtre. Paul se réjouit de voir les Thessaloniciens si fervents, si dynamiques et si exemplaires.  L’amour est l’arbitraire même, contre tout droit, et la critique radicale de l’ordre injuste des choses, particulièrement de la violence qui règne dans l’univers.   Aimer ce qui manque est à la portée de n'importe qui. Aimer ses amis (ceux qui ne manquent pas, ceux qui nous font du bien ou qui nous aiment), quoique plus difficile, reste accessible. Mais aimer ses ennemis? Mais aimer les indifférents? Mais aimer ceux qui ne nous manquent ni ne nous réjouissent? Mais aimer ceux qui nous encombrent, qui nous attristent ou qui nous font du mal?  Comment en serions-nous capables? Comment, même, pourrions-nous l'accepter? Et quand on ne s’aime pas, que devient l’amour du prochain ? « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » : qui d’entre nous oserait prétendre satisfaire à cette parole ? Cette page-commandement n'est pas seulement belle, elle est utile. C'est elle qui nous fait vivre. C'est elle qui nous donne la force de vivre. C'est elle qui est notre raison de vivre.  Rien n'est plus urgent que de nous émerveiller devant cet appel, cet unique commandement. Quelle est la vision, quel est le principe qui régit toute ma vie, lui donne son unité profonde ? Nous ne serons pas jugés sur notre foi, nos pratiques et nos prières, mais sur l'amour partagé sans frontières, l'amour qui rejoint en priorité ceux qui en ont le plus besoin, l'amour qui annonce le Royaume, l'amour qui, en somme, continue la mission de Jésus.
 
Oui frères et soeurs,
 
Dans une société qui se trouve partagée entre ceux qui ont les moyens de vivre et ceux qui ne les ont pas, Dieu prend le parti des derniers. Comme eux, il réclame la justice, la solidarité, voire la compassion et la miséricorde. Avec eux, il attend de ses amis la main tendue et la paix. Quelle grande chose que d’aimer ! Quel difficile chemin que de placer l’autre au centre de chacune de nos vies!
 
Aimer à moitié n’est pas vraiment aimer.

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