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Ecologie: la création dans l'ancien Testament.

par Abbé daleb mpassy

publié dans culture

B- La création dans l’Ancien Testament.

 

 Pour l’élaboration d’une doctrine chrétienne de la création, l’Ancien Testament s’avère indispensable. Aussi, nous nous appliquerons à voir comment certains livres de l’Ancien Testament traitent de la question de la création.

 

1)- Dieu créateur de l’univers.

Dans la Bible, la foi en Dieu créateur est intervenue après un long cheminement spirituel du peuple saint. Avant la reconnaissance de son Dieu comme le créateur de toutes choses, Israël a d’abord fait l’expérience d’un Dieu vivant qui le protège et le sauve à travers des actions salvifiques. La réflexion sur sa foi en ce Dieu sauveur dont la puissance se déploie même dans les éléments de la nature le conduisit progressivement à prendre conscience que son Dieu est le seul créateur et le seul ordonnateur de l’univers, et qu’il crée chaque fois qu’il sauve.

Dans le récit patriarcal de la création, pour montrer que l’univers est vraiment une œuvre divine, Dieu y est présenté comme le grand potier, celui qui moule l’Homme et le cosmos (Gn 2,7-19). Et les images qui y sont employées nous situent dans l’espace et le temps. Car Dieu crée à partir d’une matière déjà existante, la terre. Mais dans le récit sacerdotal (Gn 1,1-31), Dieu crée par sa parole, ex nihilo, à partir de rien, sans l’aide d’une matière, « il dit et tout survint ». Dans ce dernier la création revêt une dimension cosmique. En six jours Dieu crée le ciel et la terre, et réserve le septième comme celui de son repos. Et c’est en référence à ce repos divin que l’Homme doit lui aussi, après des journées de labeur, se reposer pour comprendre la création de Dieu (Act 5,15). En effet pour Israël, « le but du repos sabbatique, c’est le loisir pour revivre la délivrance d’Egypte, se souvenir et poser sur le monde un regard enfin désintéressé, un regard qui devient religieux dans la découverte du créateur lue dans son œuvre »[1]. C’est ainsi qu’Israël commémorait la création et la sortie d’Egypte en célébrant le sabbat. Enfin, dans ce récit, la création s’avère le reflet de la bonté de Dieu ; toute la création est bonne, il n’y a aucun mal en elle.

Chez les sages d’Israël, l’affirmation de Dieu comme créateur vient après une longue expérience du monde physique. Les psaumes et le livre de Job présentent la création comme une œuvre libre, accomplie sans aucune difficulté par Dieu. Il a par sa parole appelé tout à l’existence (cf. Ps 33,6 ; 148,5). En outre, ils affirment la transcendance de Dieu. Celui-ci ne se confond pas au monde, car sa sphère diffère de celle des créatures. Toutefois l’univers entier demeure en sa dépendance. La création apparaît également dans ces poèmes comme le début mais aussi la suite. «C’est le début du monde et de l’histoire, c’est déjà l’histoire et certaines interventions de Yahvé, manifestant en faveur de son peuple sa toute puissance, seront appelées création cf.Gn 6,5 ; 9,7) ». [2]

En effet, selon ces derniers, il y a une continuité de l’ordre actuel du monde. Car c’est la même sagesse qui préside à la création (cf. Sg 11,20), et aux réflexions des sages. De plus, les sages s’appliquent à expliciter le lien qui existe entre la foi en la création et le souci de justice entre les Hommes. Ils affirment l’égalité de tous les hommes comme conséquence de leur origine commune (cf. Sg 14,31; 22,2). Enfin, notons que les écrits sapientiaux renferment une doctrine bien élaborée de la création, ce qui n’est pas le cas pour d’autres écrits de la Bible

 Chez les prophètes, on ne fait pas trop mention de la création. L’accent est mis sur le gouvernement providentiel du monde et de l’histoire. Toutefois on assiste davantage à une affirmation de l’identité de Dieu sauveur d’Israël et du Dieu créateur de l’univers (cf. 2 R 19,15 ; Is 37,16) ; et ce, à cause de l’impossibilité pour les prophètes de séparer la doctrine de la création et celle de l’élection. Chez les prophètes, création, exode et réalisation eschatologique sont associées (cf. Is 40,12-31 ; 51,13-15). En effet pour eux, « la création est déjà un choix et l’élection, une création nouvelle (…) l’origine, c’est déjà l’histoire, puisque la création est déjà le salut »[3]

 En outre, les prophètes soulignent que la volonté de salut de Dieu manifestée au commencement et dans la suite des temps  est la même. C’est pourquoi, devant le peuple déporté, Isaïe laisse entrevoir un avenir radieux, la libération des captifs par Dieu lui-même (cf. Is 42,7). Toutefois notons que « la promesse du salut est toujours précédé du rappel de la création ; dans le geste d’hier est inscrit le geste de demain (Is 42,5). La création n’est donc pas achevée, Dieu la poursuivra jusqu’à son terme »[4]. Cette œuvre de salut apparaît alors comme une nouvelle création qui n’atteindra pas seulement les hommes, mais l’univers aussi. De ce fait, nous comprenons que la providence n’est plus cet amour bienveillant de Dieu pour son peuple, elle est l’amour de Dieu pour la création entière et elle en épouse toutes les dimensions.

En somme, disons que dans l’Ancien Testament, Dieu est présenté comme celui qui a crée le monde visible. C’est lui qui maintient la création et la porte dans l’histoire (cf. Sg 11,24-26). Il n’est pas comme le pensent certains, cet horloger qui après avoir crée le monde, l’abandonne  à lui-même. A tout moment, Dieu maintient la création dans l’existence, lui donne d’agir et l’accomplit.

 

 

2)- Le mandat cultuel.

Créé à la ressemblance et à l’image de Dieu, l’Homme a reçu mandat de gouverner l’univers créé. Aussi, quand nous lisons le premier chapitre de la genèse, une expression revient comme un refrain à la fin de chaque journée de la création : « et Dieu vit que cela était bon » (Gn 4,18-24). En véritable artiste, Dieu a fait sortir du néant, du chaos initial la terre vivante et l’univers ordonné et harmonieux, cadres propices à toute vie et à l’épanouissement de l’être humain. Dieu a donc su que l’homme ne peut s’épanouir que dans un environnement parfait, équilibré, bon et sain. C’est pourquoi il l’a créé le sixième jour, après que l’écosystème ait été mis en place. Et sachant d’office que la rupture de l’équilibre écologique serait fatale pour l’homme, le créateur lui a confié la responsabilité de cultiver et de garder le jardin (Gn 2,15). C’est là un don, mieux un mandat, fruit de la confiance que Dieu a en l’Homme.

 Mais l’Homme est tenu de l’exploiter  seulement en vue de satisfaire ses besoins vitaux, et ce dans le cadre strict de la promotion de l’équilibre écologique initial. Malheureusement l’être humain, en quête de liberté, d’une autonomie et d’une indépendance somme toute légitimes, s’est trompé de choix et a perturbé du même coup les relations non seulement entre ses semblables et lui, mais également entre lui et son environnement (Gn 3,15-18). Le sol, maudit à cause du péché de l’Homme, produira désormais des épines et des chardons (v.18). Et c’est péniblement que l’Homme tirera de la terre de quoi satisfaire ses besoins vitaux (Gn 4,12). L’introduction du péché dans le monde a aussi perturbé les relations entre les animaux : le loup ne pouvait plus, par exemple, cohabiter avec l’agneau (Mt 10,3 ; Lc 10,3). A cause du péché, la création a été complètement désorganisée et « attend avec un ardent désir » d’être rétablie. C’est ici que l’on saisit mieux le sens profond de la parole de St Paul faisant état de la création qui souffre et soupire attendant d’être libérée (Rm 8,19-22). Cette libération  ne s’éclaircira sans doute que dans le Nouveau Testament.

 



[1]Trophine MOUIREN, la création, Fayard, paris, 1961, p.36.

[2]Ibidem, p.39.

[3]Ibidem  p.40.

[4]Ibidem  p.41.

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