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Ecologie:Le sens du sacré et la foi en Dieu créateur.

par Abbé daleb mpassy

publié dans culture

Le sens du sacré et la Foi en Dieu créateur.

 

Introduction.

 

 Dans notre contexte actuel de crise, une théologie qui se veut convaincante doit partir de la doctrine de la création telle qu’elle est présentée dans la Bible. En effet, selon Jürgen MOLTMANN, notre effort dans la lutte contre la crise écologique consisterait à «comprendre cette nature connaissable, maniable et utilisable, comme une création divine et d’apprendre à la respecter en tant que telle »[1]. Mais avant tout, nous avons pensé interroger dans un premier temps notre culture Africaine pour voir comment nos ancêtres concevaient la création. Aussi à travers cette étude, nous essayerons d’abord de comprendre la création et la problématique écologique dans l’univers Africain, puis dans l’Ancien et le Nouveau Testament, ensuite nous allons mener une réflexion théologique en faveur de la préservation de la nature en nous servant des textes pontificaux et du magistère.

 

A- La création dans l’univers Africain


Point n’est besoin de rappeler que l’Africain est par essence un être cosmique. Il entretient plusieurs relations avec le cosmos et doit beaucoup de respect à la nature. Ceci parce qu’il voit en la nature un degré de présence de Dieu. Aussi dans certaines régions d’Afrique, les arbres ou les animaux sont presque déifiés parce qu’ils servent de Totems à certains Clans, Villages, Peuples, Ethnies, Lignée, …

Ces conceptions sont donc à l’origine de l’attention particulière que certains Africains ont pour la nature. Ainsi, malgré la dépravation des mœurs vis-à-vis de l’environnement comme nous l’avons vu dans le monde moderne, nombreux sont les Africains qui restent convaincus que la nature mérite d’être bien traitée et protégée. Et que l’homme ne doit s’en servir que pour assurer sa propre survie. Cela est très remarquable en Afrique chez les peuples chasseurs ou pêcheurs ; les pygmées du Congo Brazzaville par exemple[2]. Selon ce peuple, la quantité d’animaux et de poissons censée être chassée et pêchée doit être proportionnelle à la quantité susceptible d’être consommée, afin d’éviter tout abus et gaspillage.

Nous remarquons aussi ce respect à travers les poèmes de quelques auteurs Africains pour qui la vie des ancêtres se poursuit même dans les choses et les êtres. C’est le cas de Birago Diop qui pense que « les morts ne sont pas morts, mais qu’ils sont dans l’arbre qui frémit et dans l’eau qui coule »[3]. De la même manière, Sédar SENGHOR rapporte son dialogue familier avec des êtres fabuleux par delà les choses « les Kouss dans les tamariniers, les crocodiles gardiens des fontaines, les Lamantins qui chantaient dans la rivière »[4].

Ainsi, si Birago Diop avoue sa foi en la présence effective des ancêtres dans l’arbre qui frémit, il est opportun de s’arrêter quelque peu sur le symbole de l’arbre comme à la jonction de deux mondes. Cette énigme sera dénouée bien des années après par la poésie  d’Alain MABANCKOU, jeune poète Congolais qui dans son recueil intitulé à juste titre les arbres aussi versent les larmes, conçoit l’arbre comme une créature qui établit la relation avec le monde souterrain par ses racines et le monde céleste par le ciel vers lequel tendent inlassablement ses branches[5].

Tout ceci prouve à suffisance que dans l'univers Africain, les arbres, les animaux, les rivières, bref la nature a du prix aux yeux de Dieu, à telle enseigne que les esprits des ancêtres n'hésitent pas à les habiter. L'homme par conséquent a le devoir d'y veiller et d'en prendre soin, afin que les esprits des ancêtres demeurent toujours proches des vivants, puisque dit-on « les morts ne sont pas morts »[6]. Cependant, quelle est la position de la Bible sur la question ? Ou encore, une telle conception de la nature est-elle en harmonie avec les Saintes Ecritures, notamment l’Ancien et le Nouveau Testament ?

 



[1]Jürgen MOLTMANN, Dieu dans la création, cerf, paris, 1998, p.36.

[2] Les BABI : (pygmée) de la région du Pool au Congo, précisément dans les pays de PANGALA soit KINDAMBA et VINDZA.

[3] BIRAGO Diop, « Souffles », in Leurres et Lueurs, Paris, Présence Africaine, 1960, pp.64-65.

[4] Sédar SENGHOR, Postface d'Ethiopiques, Paris, Seuil, 1956, p.110.

[5] Alain MABANCKOU, Les arbres aussi versent les larmes, 1997, cité dans « La parole poètique d'Alain Mabanckou » de Natasa Rashi, in Notre Librairie, n°137, mai-août 1999, pp.84-91.

PS: Alain Mabanckou a obtenu le prix renaudot en 2006.

[6] BIRAGO Diop, idem.

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