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Les causes et les conséquences de la crise écologique à Brazzaville.

par Abbé daleb mpassy

publié dans culture

3)- Les causes et les conséquences de cette crise à Brazzaville 

 

a)-La coupe abusive de bois.

Brazzaville est communément désigné par les familiers sous une appellation qui en matière d’écologie nous rassure : « Brazza la verte ». Et lorsqu’on survole par avion le ciel  du Congo, ce qui à première vue frappe nos yeux c’est la couleur verte de la végétation. Aussi la présence de la forêt du Mayombe pour ne citer que celle-là, est plus qu’une richesse pour le Congo. En pleine ville également on trouve plusieurs arbres dans les jardins publics et dans les parcelles des particuliers. C’est donc une merveille d’être déjà verte pendant que sous d’autres cieux on crie de passer au vert. Mais la tentation effectivement est de ne se soucier de rien alors qu’il y’a tant à faire pour pallier à quelques déviations. Car en même temps, des forêts entières sont dévastées pour des fins économiques. Il suffit d’assister à un convoi de train dit « lourd » pour voir toutes  les cargaisons de bois qui ne sont autres qu’autant d’arbres abattus. Mieux encore, allez assister de bonheur vers Mont Barnier, à la rentrée dans la ville des camions chargés de sacs de charbons. On assiste donc à une coupe abusive de bois liée à plusieurs facteurs dont la rareté des terres fertiles, la mise en culture de nouveaux champs et la forte consommation de bois de chauffe et de charbons. Ce sont là des besoins presque naturels et justifiables mais que penser de ceux-là qui abattent de façon inconsciente des arbres ?

Le constat est que nous abattons plus d’arbres que nous ne les plantons. Et selon les statistiques, dans 50 ans si aucune mesure n’est prise, l’environnement de Brazzaville sera semi aride c’est-à-dire qu’il correspondra à la dernière étape du processus de dégradation progressive avant la destruction totale de la végétation et de la couche de terres fertiles. Ce cri d’alarme devrait éveiller chez beaucoup de gens une certaine conscience écologique. Ainsi, on assisterait à l’organisation des campagnes de reboisement çà et là à travers tout le pays. Parmi les initiatives déjà en vigueur, il y’a aussi la journée nationale de l’arbre, le 08 mars de chaque année que nous encensons énergétiquement. Malheureusement les objectifs visés ne sont presque jamais atteints. Outre tout autres causes déjà citées, s’ajoute l’abondante utilisation des engrais chimiques et des pesticides dont les conséquences sur les sols et la végétation ne sont pas des moindres.

 

b)-L’utilisation abondante des engrais et des pesticides.

Il faut reconnaître que l’application des engrais chimiques n’est pas toujours accompagnée de mesures visant le maintien de la matière organique pour enrayer la dégradation et l’acidification des sols. Connaissant alors les dangers qui sont liés à ces produits, on est porté à se demander pourquoi tant d’engouement avec des choses  aussi dangereuses que mortelles. L’engrais chimique certes favorise une bonne croissance des cultures mais il appauvrit cependant le sol et peut porter atteinte à la santé des consommateurs. En plus nous avons du fumier naturel en abondance, alors pourquoi se servir des engrais chimiques qui ne sont conçus que pour pallier au manque de fumier. Tout ceci porte à croire que l’on privilégie le domaine  commercial au détriment de la préservation de la  santé des populations et de la protection de l’environnement. Qu’est-ce qui restera donc de la biosphère quand les sols auront été envahis par des souches de ravageurs résistants ? Que deviendra la santé de gens lorsque les nappes phréatiques auront été contaminées par les produits chimiques ?

Il s’agit ici des questions que l²on a souvent peur de se poser mais qu’on doit pourtant continuellement se poser pour échapper à un désastre écologique, à une dégradation de la vie et du bien-être.

 

c)-L’urbanisme anarchique.

Fuyant la misère des campagnes, et attirés par le luxe apparent des centres urbains, certaines personnes affluent vers Brazzaville. Il s’y retrouvent en nombre pléthorique et deviennent très vite elles-mêmes des problèmes pour ces centres d’accueils qui n’arrivent plus à contrôler certains domaines de la vie citadine. En ville effectivement les problèmes sont nombreux, entre autre nous pouvons citer le manque d’hygiène, de bois de chauffe, d’infrastructures (approvisionnement en eau potable, évacuation des eaux de pluies, évacuation des ordures ménagères,…), qui contribuent à la dépravation de la nature.

Un seul regard sur la ville de Brazzaville montre en effet que celle-ce est sale. Les ordures ménagères sont déposées pour la plupart du temps dans les rues, espérant que les eaux ruisselantes des pluies viendront les transporter loin des foyers. Quand aux sachets en plastiques, on les retrouve un peu partout. Après usage, ils sont simplement abandonnés n’importe où sans que personne s’en émeuve. En plein quartier populaire tels que Moungali, Ouenzé,…, les ruelles sont devenus des poubelles de vidange des W.C. l’irresponsabilité et le manque de savoir vivre sont souvent poussées à l’extrême chez certains propriétaires de parcelles disposant de trous d’évacuation des eaux usées, et qui selon les moments, les ferment ou les ouvrent pour déverser les eaux puantes dans la rue, polluant ainsi tout le quartier. A côté de tout cela s’ajoute la stagnation des eaux de pluies non canalisés. Dans plusieurs ruelles on ne trouve pas de canavaux pour évacuer ces eaux, et même là où on en trouve ils sont pour la plupart bouchés, donc hors d’usage. L’ampleur de ces faits et gestes nous amène à nous interroger sur la part de responsabilité de tous ceux qui doivent veiller à la propreté des lieux et à la création des infrastructures. Pourquoi alors s’étonner de la pollution atmosphérique et hydrosphérique devenu maintenant inquiétante ?

d) la pollution hydrosphérique et atmosphérique.

On trouve à Brazzaville plusieurs éléments pollueurs physiques. Les fleuves et rivières étant des dépotoirs où chacun vient jeter tout ce qui lui est inutile, il en résulte des conséquences effroyables une fois que ces eaux sont mal traitées au niveau de la S.N.D.E (société nationale de distribution d’eau). Si à ce niveau le problème est résolu, n’empêche que par les tuyaux servant de conduit vers les consommateurs le problème se repose. En effet, ces conduits datant de l’époque post-coloniale pour la plupart, sont dans un état impraticable aujourd’hui. D’où la qualité d’une eau qui inquiète dans les robinets des abonnés. Est-ce lié à des fins commerciales ? Puisque les responsables qui devraient veiller à ces problèmes sont pour la plupart promoteurs si non actionnaires dans les compagnies privées de distribution d’eau minérale telles que Mayo, Okiessi, Cristal,…

Outre ces atteintes destructrices au milieu environnemental, les effluents liquides et gazeux (l’anhydride sulfureux, les hydrocarbures) sont aussi à l’origine de certaines maladies très connues à Brazzaville : la tuberculose, la dysenterie amibienne, la fièvre typhoïde et le cholera. Aussi nous avons la présence de certains véhicules qui à eux seuls laissent au passage un nuage de fumée sans aucun risque de représailles. L’électricité devenant capricieuse à Brazzaville, la prolifération des groupes électrogènes ne fait qu’empirer la situation. C’est donc à ces différents foyers que revient la responsabilité de la suspension de fumée opaque à laquelle se mêle tous les bruits assourdissants des klaxons et des buvettes.

Vu sur cet angle, tout laisse à croire que la crise écologique est essentiellement liée au fait de la société. Mais si nous nous en tenions au document final de l’assemblée de Bâle, nous découvrons que la crise écologique ne peut que susciter des questions morales sérieuses. Car il y ressort que : « c’est dans le cœur humain, dans les attitudes et les mentalités humaines qu’il faut chercher les véritables causes de la crise actuelle »[1].

 



[1] A.A.V.V., justice, paix et sauvegarde de la création, op. cit. p.230.

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M
Avec le champion de la planete et le CETA "make our planet great again" !
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