Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Homélie pour les obsèques de Marie-Madeleine SANNIER

par Abbé Venceslas dia kazé

Frère et sœurs,

Devant la mort, plusieurs attitudes sont possibles :

  • Il y a ceux qui écartent systématiquement la perspective d’y penser, ceux qui sont convaincus qu’il n’y a pas de vie après la mort et que seuls demeurent les souvenirs du défunt dans l’esprit et le cœur de ceux qui l’ont connu.
  • Puis il y a ceux qui croient qu’il y a une vie après la mort et qu’il y a dans l’existence de toute personne un mystère qui ne le réduit pas à sa vie d’ici-bas.

C’est en tout cas ce qui faisait dire au philosophe Gabriel MARCEL : « Aimer quelqu’un, c’est lui dire : tu ne mourras pas ». Dans cette perspective, la mort, loin d’être un point final, est, en fait, un passage. C’est justement ce que le Christ, affirme à ses disciples : « Je pars vous préparer une place. Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi ». En effet, le Christ promet aux siens, c’est-à-dire à ses amis (Ceux qui, comme Marie-Madeleine, lui ont accordé du temps ici-bas) ; il leur promet donc de les faire participer à sa vie de ressuscité, à cette vie pleine de paix, de joie, de lumière et de communion avec Dieu. Nous aurions voulu, tous et chacun, avoir un peu plus de précisions sur ce monde de la résurrection. Mais il nous est difficile de nous en faire une image claire. Dans la tradition de l’Église, on a d’ailleurs parlé de la mort comme d’une nouvelle naissance. En effet, le bébé qui est dans le sein de sa mère ne peut pas se faire encore d’images de ce monde dans lequel il va entrer. Il faut qu’il ait vécu le passage de la naissance. Il en va de même pour nous. 

Notons que si l’Évangile est discret sur le comment du passage, il nous invite du moins, à nous y préparer. Il y a en particulier cette parabole qui devrait nous interpeller : la parabole de l’homme riche, dont le domaine avait bien rapporté.

Mais quel est ce trésor dont parle Jésus dans cette parabole, ce trésor que personne ne peut nous voler, ce trésor qui passe avec nous au-delà de la mort ? Ce trésor, c’est l’amour. Saint Paul l’affirme dans son hymne à la charité : « L’amour ne disparaît jamais » (1 Cor 13, 8). C’est dire que dans la mort, la richesse devient inutile, la réussite sociale, professionnelle ou politique s’achève. Il ne reste plus que l’amour qui a saveur d’éternité. Mais de quel amour cause-t-on ? 

Il ne s’agit pas de l’amour pour soi, égoïste ou égocentré. Nous savons en effet qu’il y a des amours ou des amitiés narcissiques, des passions dévorantes, où on pense aimer l’autre alors que c’est surtout soi-même que l’on aime. L’amour dont parle Paul est un amour beaucoup plus gratuit, décentré, la charité, l’agapè, un amour où l’on se décentre de soi pour accueillir l’autre, l’écouter, répondre à ses attentes, lui apporter son aide, se mettre à son service. Un amour qui résume parfaitement la vie de Marie-Madeleine.

Oui, Je pense que Marie-Madeleine par sa vie et ses engagements a vraiment voulu entrer dans cette dynamique de service envers tout ce qu’elle a aimé. Et c’est de cela que nous rendons grâce aussi aujourd’hui. Ce qui fait bien écho à l’invitation de Jésus: « Mettez-vous au service les uns des autres comme de bons administrateurs de la grâce de Dieu, en fonction du don que chacun a reçu » (1 Pi 4, 10).  

Que le Seigneur nous donne cet esprit de service et qu’il accueille Marie-Madeleine ainsi que tous ces bons et fidèles serviteurs dont parle l’Évangile dans la joie de sa Maison. Amen.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article