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Homélie pour le Vendredi Saint (07/04/2023)

par Abbé Venceslas dia kazé

Frère et sœurs,

Ce jour, un homme est livré à la mort dans une parodie de justice. Depuis la nuit des temps, cette scène s’est répété des milliers de fois : quelqu’un fait l’objet d’une haine féroce. Pour se débarrasser de lui, on lui fait un mauvais procès, avec de faux témoins, on l’humilie, on le torture, pour qu’il ne ressemble plus à un homme. Et enfin on le tue.

Nous vivons en sachant que tout ça a lieu chaque jour. Au sens propre et plus souvent encore au sens figuré. Il nous faudra cependant contempler le Christ sur la croix pour savoir vraiment jusqu’à quel point, tout ça est douloureux. C’est dans cette situation-là que Dieu a voulu nous révéler que la dernière place sera toujours l’endroit où le trouver. Et il montre aussi à tous ceux qui refusent de plier le genou devant l’adversité, que le seul Dieu vivant ne les a jamais abandonnés.

Depuis ce jour où à Jérusalem un homme nommé Jésus a été conduit au supplice, le sacrifice des innocents porte un autre nom, cela s’appelle un martyre, ce qui veut dire témoignage. Le procès de nos vies est donc secrètement commencé et les témoins sont appelés à la barre. Et notre procès a un point commun avec celui qu’a subi Jésus. Le juge veut que tous vivent, les assassins comme leurs victimes. Mais pas sans que la vérité soit dite. Ainsi, la toute-puissance de Dieu se manifeste dans la capacité à transformer nos injustices en occasion de grâce.

Et nous, qui avons le désir de suivre ce Jésus, nous savons bien que nous pouvons nous reconnaître dans chacun des autres visages ici présentés. Pierre, jean, Pilate, Simon de sirène, les pharisiens, Judas, ou n’importe lequel de ceux qui ont pris la fuite ou même dans ses autres accusateurs.

Prions pour nous trouver, quand même, de temps en temps parmi ceux qui sont debout au pied de la croix avec Marie sa mère. Et Jésus qui nous invite à le suivre, connaît bien les limites de nos fidélités, leurs défaillances aux moments difficiles et jamais il ne nous a demandé d’affronter à sa place la totalité de ce qu’il éprouve. Car ce qu’il affronte nous dépasse : c’est le refus viscéral, d’accueillir la vérité qu’il est lui-même et dont il n’a jamais cessé de témoigner depuis le premier jour. Cette vérité, notre humanité la désire de toutes ses fibres mais la refuse aussi de toutes ses forces. Lui seul peut faire face à l’intensité de ce refus.

Du même coup, il nous montre au moins trois choses :

* Tout d’abord que l’amour qu’il a pour cette humanité n’est comparable à rien en ce monde

* Puis, que notre vieille ennemie la mort qui nous fait trembler devient le portail qui nous mène à cette vie éternelle dont saint Jean nous dit qu’elle est la promesse de Jésus par excellence.

* En fin, il faut réviser nos idées sur Dieu : il ne ressemble pas à nos imaginations avec de l’or et des fanfares. Dieu n’est qu’humilité, obéissance, don de soi, dans son être même, dans l’intimité des relations entre le Père, le Fils et l’Esprit.

De fait, nous ne pouvions pas le voir sans que la misère de notre humanité soit dévoilée aussi.

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