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Homélie pour la Veillée Pascale (16 Avril 2022)

par Abbé Venceslas dia kazé

Frères et Sœurs,

Sept lectures ! Sept lectures de l’Ancien Testament au lieu d’une, comme les dimanches ordinaires ! 7 lectures, c’est long ! Mais pourquoi ce chiffre ? Il représente la perfection. La Tradition chrétienne est restée fidèle à ce symbolisme, en fixant à 7 le nombre de sacrements et des dons du Saint Esprit. Ce soir, l’Église nous invite à passer une veillée au coin du feu … Et Saint Augustin appelle cette veillée pascale « la mère de toutes les saintes veillées ». Cette veillée nous invite à prendre le temps de relire les récits des anciens, pour faire mémoire.

Toutes ces lectures bibliques qui nous sont proposées en cette veillée pascale nous montrent que Dieu n’a jamais cessé d’être présent au milieu de son peuple. Il est celui qui a créé le monde avec amour et par amour. Il est encore celui qui a vu la misère de son peuple et qui veut le sauver. Tout au long des siècles, des choses ont bougées, le monde a beaucoup changé. Mais Dieu n’a pas changé, il est resté le même. Il avait fait alliance avec son peuple, et malgré les infidélités de celui-ci, Dieu reste fidèle à son alliance. Et tout au long des âges, il a envoyé des prophètes pour le lui dire. Au cours des périodes sombres, ces derniers sont intervenus pour appeler le peuple à la conversion : « Revenez à moi de tout votre cœur… »

Avec Dieu, le mal et la mort ne peuvent donc avoir le dernier mot. C’est cette bonne nouvelle qui nous est rapportée dans l’Évangile de ce soir. Il nous parle des femmes qui sont venues au tombeau de grand matin. Ce sont les mêmes qui avaient suivi Jésus jusqu’au pied de la croix. Elles ont été plus courageuses que les hommes. Car tandis que ces derniers se sont cachés par peur d’être recherchés et poursuivis par les juifs. Elles, elles ont suivi leur Maître jusqu’au pied de la croix. Et en venant au tombeau en ce matin de Pâques, elles croyaient embaumer son corps.

« Elles », ce sont les trois femmes : les deux Marie et Salomé. La veille au soir, c’étaient les hommes qui agissaient, et le dernier d’entre eux était Joseph d’Arimathie qui demandait à Pilate le corps de Jésus, achetait un linceul, déposait Jésus dans un tombeau et roulait la pierre contre l’entrée du tombeau. Les femmes, elles, ne faisaient rien : elles s’en tenaient à regarder « où on l’avait mis ». Les hommes ont donc agi : ils ont agi pour faire condamner Jésus, ils ont agi pour le mettre à mort, ils ont agi pour constater qu’il est bien mort. Et c’est alors, quand il n’y a plus rien à faire, que les femmes agissent. Quand il n’y a plus rien à faire, les femmes sont toujours là, alors que les hommes, eux, disparaissent. Elles sont là et elles agissent. Et là aussi, c’est pour un travail que les hommes peuvent juger sans signification : faire l’onction du corps de Jésus. On sent que l’évangéliste lui-même, qui est un homme, ne croit pas que cela veuille dire quelque chose. D’ailleurs, alors même qu’elles ont fait toutes sortes de préparatifs, elles ont tout simplement oublié qu’il y avait une énorme pierre qui fermait l’entrée du tombeau. Il est bien temps de se dire en chemin : « qui nous roulera la pierre ? » Elles auraient pu y penser plus tôt ! Mais voilà : y penser plus tôt, cela voulait dire en parler aux hommes, qui les auraient rabrouées à coup sûr. Elles ne l’ont donc pas fait : pas du tout parce qu’elles avaient oublié, mais parce que leur projet n’était pas communicable aux hommes. Alors, elles ont préféré se taire et entreprendre quelque chose qui pouvait paraître sans issue, ne pas fermer la porte à l’impossible. Les femmes sont les sentinelles du matin, elles sont aussi les sentinelles de l’espérance. En cette aube pascale, nous apprenons des trois femmes à continuer à agir pour le Seigneur même dans les situations humainement sans issue.

Mais rien ne se passe comme elles l’avaient prévu. Quand elles arrivent, elles trouvent un tombeau vide. Deux messagers du Seigneur interviennent. Si elles veulent trouver Jésus, ce n’est pas dans un cimetière qu’il faut le chercher. Il est sorti de son tombeau ; il est vivant. Cette bonne nouvelle, il faut l’annoncer à tous, et en premier aux disciples. Ces derniers ont eu du mal à y croire. Pour eux, c’était impensable. Mais la victoire du Christ ressuscité a été plus forte que leurs réticences.

Voilà cette bonne nouvelle qui a été transmise de génération en génération. C’est à nous maintenant de prendre le relai pour qu’elle continue à être annoncée. Dans certains pays, les chrétiens le font au péril de leur vie. Mais rien ne peut empêcher la progression de la Parole de Dieu. Nous-mêmes, nous sommes envoyés dans le monde d’aujourd’hui pour être témoins et messagers de Jésus ressuscité. Mais le principal travail, c’est Dieu qui le fait dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route. La parole que nous avons à proclamer ce n’est pas la nôtre mais celle de Jésus. C’est pourquoi nous avons sans cesse à nous ajuster à lui. C’est avec lui que notre vie pourra devenir un authentique témoignage.

La joie de la résurrection n’est pas à garder pour soi, il faut la partager. Le Christ lui-même demande aux femmes d’aller partager la joie de la résurrection : « soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront »

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