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Vie consacrée : La vie communautaire: une expérience joyeuse et profonde de la miséricorde

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Un jubilé de la miséricorde, voici, une aubaine, mieux une grâce particulière à saisir pour nous enraciner davantage dans notre foi. C’est peut-être pour nous consacrés, une opportunité pour redécouvrir la miséricorde et en témoigner. La vie communautaire me paraît le lieu, le mieux indiqué, pour une expérience joyeuse et profonde de miséricorde. Ces quelques lignes se veulent une relecture personnelle, un partage modeste, à l’occasion de la clôture de l’année de la vie consacrée. J’ai choisi, en tant que consacrée, de parler de l’expérience de la miséricorde dans une vie de communauté: accueillir la miséricorde de Dieu pour une communauté, en vivre ou en témoigner.

La vie communautaire

Par la vie communautaire, je voudrais mentionner, des personnes consacrées que Dieu appelle, de manière particulière, et qui vivent ensemble dans le Christ. Cette «vie commune doit persévérer dans la prière et la communion d’un même esprit, nourrie de la même doctrine évangélique, de la Sainte liturgie et surtout de l’eucharistie, à l’exemple de la primitive Église» (Décret «Perfectae Caritatis» n°15. Cf. les textes Conciliaires Vatican II, 1962-1965). Ainsi, par la vie communautaire, les consacrés, tout en témoignant de la proximité de Dieu, vivent dans l’espérance du royaume (Cf. Jaume Pujol, «Les religieux aujourd’hui et pour demain», Desclée, 1990, p.69).
La vie communautaire est un don de Dieu. C’est Dieu Lui-même qui nous en donne la grâce. Elle est aussi réalisée par la volonté et les efforts continuels de chaque membre de la communauté.
La vie en communauté est faite de diverses expériences quotidiennes qui engagent toute la personne, à travers la vie de prière, la vie fraternelle et relationnelle, la formation, le témoignage, le loisir, et bien d’autres encore. Les personnes consacrées, à l’instar des premières communautés chrétiennes (Actes 2,42-47), partagent de manière assidue, la vie de prière, l’écoute de la parole de Dieu, la fraction du pain et la communion fraternelle, la mise en commun des biens. Dans la vie au quotidien, elles se mettent à l’école de l’amour de Dieu et au service de la charité envers le prochain. Elles partagent ensemble les joies et les peines. Les consacrés apprennent à vivre ensemble, dans un élan de fraternité, dans le respect des différences. Chacun avec son tempérament, ses fragilités et ses forces.

La vie relationnelle en communauté

La vie communautaire est faite de personnes pleinement humaines et non des anges. Chacun, chacune est unique. Les communautés sont donc constituées de personnes différentes, qui ne se sont pas choisies; des personnes qui par grâce, vivent en frères ou en sœurs, dans l’acceptation mutuelle. En communauté, les membres unissent leurs forces et mettent leurs différences au service de Dieu et du prochain. La vie en communauté c’est cette joie du vivre-ensemble, dans le Seigneur; cette complicité dans le bien-être entre membres, la vitalité. Ce sont aussi ces moments de consolation, d’entrain, de petits gestes fraternels, de gaité, de bonté, de compréhension, d’empathie… Des moments où on se sent vraiment habité par la grâce. On se sent porté par toute la communauté, apprécié, encouragé. C’est évidemment des moments agréables qui sont source d’épanouissement pour toute la communauté.
Toutefois, il me paraît important de mentionner que rien n’est définitivement acquis: la vie en communauté est un parcours jonché des roses prises ensemble avec ses épines. Il y a des moments sombres, de démotivation, de contradictions, de frustrations, d’amertume, de conflits ouverts ou latents. Des moments où le sourire disparaît, laissant place à l’amertume; où tout nous répugne. Bref des moments de désolation. C’est tout à fait naturel, normal et inévitable. Cela fait parti de nos limites, mieux de nos faiblesses. Point n’est besoin de se culpabiliser ni d’accuser le prochain, ni d’en vouloir au bon Dieu. Il n’y a pas de vie communautaire parfaite, où il ne se passe rien de désagréable. Faut-il craindre les contradictions, les incompréhensions? Ou encore faut-il s’enfermer dans la désolation, dans le mal? Evidemment non! C’est à ce moment qu’on peut se demander: «qu’est-ce qui peut nous séparer de l’amour de Dieu?» (Rm 8,35). Questionnement qui nous rappelle que notre Dieu est bon et miséricordieux.

Accueillir la miséricorde de Dieu

C’est dans ces moments sombres que Dieu se révèle à nous, comme un Père bon et miséricordieux. A l’instar du fils prodigue, le père espère notre retour. Il nous accueille les bras grands ouverts et se hâte de prendre soin de nous. S’ouvrir à la miséricorde c’est faire l’expérience de l’amour de Dieu. Cet amour qui pardonne, console, réhabilite et conforte dans la foi. S’ouvrir à la miséricorde en communauté c’est se laisser toucher par le Seigneur qui est capable de panser nos blessures; de nous désencombrer de notre fardeau, de nous procurer un nouveau dynamisme; de nous donner la paix intérieure et la joie débordante et contagieuse. La miséricorde est une force libératrice et transformatrice. Elle libère de toute forme d’esclavage et d’idolâtrie; elle transforme le cœur et nos faiblesses en source d’énergie, pour traduire autrement la pensée de Saint Paul «Lorsque je suis faible c’est alors que je suis fort» (2 Co 12,10). Fortifié par la joie du pardon de Dieu, on est désormais fier de témoigner de sa miséricorde au quotidien. On se sent en paix avec Soi-même, avec Dieu et avec l’autre et on devient capable d’en vivre ou d’en témoigner.

Témoigner de la miséricorde

Pour un consacré, témoigner de la miséricorde peut être une invitation à changer son regard sur la vie, sur le prochain; de voire autrement. C’est oser demander pardon et aussi accorder son pardon. Pour emprunter le langage du Pape François, «le pardon est un moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur» (Pape François, à l’occasion de la Journée mondiale des communications sociales 2016). Cette paix intérieure est aussi le fruit d’une sincère conversion qui consiste à se défaire des rancœurs, de la colère, de la violence, de la vengeance, de la nuisance, bref de renoncer à tout ce qui ne construit pas et qui nous aliène et nous empêche de grandir en maturité et dans la foi. Ce n’est qu’ainsi que les consacrés pourront «réveiller le monde», selon l’expression du Pape François aux consacrés: être témoins dans leur manière de faire, d’agir, de vivre et mieux dire Dieu aux hommes et femmes de ce temps.
Témoigner de la miséricorde,
c’est aussi ramener la paix et l’harmonie au sein de la communauté; réparer les relations brisées. C’est finalement retrouver la joie des premiers amours avec le Seigneur, la motivation première de notre engagement, ce premier regard qui nous avait séduit.

Sœur Thècle Saurelle BAHAMBOULA
Religieuse congolaise du Rosaire

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