Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Homélie pour le jour de Pâques (09/04/2023)

par Abbé Venceslas dia kazé

Frère et sœurs, 

L’Évangile de saint Jean nous dit qu’il faisait encore sombre lorsque Marie-Madeleine se rendit au tombeau ; comprenons bien : ce n’est pas seulement l’obscurité de la nuit. Il veut nous montrer que la lumière est en train de l’emporter sur les ténèbres. Elle chasse la nuit dans laquelle les hommes sont plongés à cause de leur péché. Jésus ressuscité est la Lumière qui luit dans les ténèbres. Cette lumière, rien ne peut l’arrêter, ni l’empêcher de briller. Arrivée devant le tombeau, Marie-Madeleine découvre que la pierre a été roulée. Elle en déduit qu’on a volé le corps de Jésus ; elle court prévenir Pierre et Jean. Tous deux arrivent devant le tombeau vide. Ils voient les linges restés sur place et bien rangés. Pierre est perplexe ; mais pour Jean, c’est différent : il se penche, « il vit et il crut ». (Jean 20, 8) Quand St Jean rapporte cet évènement dans son Évangile on estime que 40 ou 50 années se sont déjà écoulées. C’est dire toute l’importance qu’a eu ce moment  dans la vie du disciple. Et pourtant qu’a-t-il vu ? Un simple signe : le tombeau vide et les linges qui avaient enveloppé le corps laissés intacts à leur place. Le corps avait disparu. Il n’a donc pas de preuve devant lui, et pourtant : « il vit et il crut ».

       Nous aussi, nous voyons des signes, je le rappelais encore hier au cours de la Vigile pascale. Mais notre foi en la résurrection du Christ est-elle au cœur de notre vie de chrétien ? Que signifie pour moi être ressuscité avec le Christ ? Nous sommes invités à réfléchir à ces questions aujourd’hui. Cette célébration nous invite à prendre conscience que notre vie vient de Dieu et nous conduit à Dieu. Elle ne peut m’être enlevée ni même s’arrêter au moment de la mort ; avec le baptême, elle se poursuit dans l’éternité. Face à ce don : ou je l’accueille avec gratitude, ou je refuse de reconnaître d’où il vient et où il me conduit.

       Personne n’a eu à accepter la vie lorsqu’il a été appelé à l’existence, mais au fur et à mesure que nous avons pris conscience de nous-mêmes, nous nous sommes bien rendus compte que cette vie qui nous appartenait, nous n’en étions pas les maîtres absolus. Je tiens ma vie d’un Autre, c’est une évidence. Mais quel sens a ma vie ? C’est à moi qu’il revient de lui donner ce sens, de lui trouver une signification et de lui faire porter du fruit, pour moi et pour les autres. Pourquoi ma vie ne prendrait-elle pas sens en cette vie du Christ, donnée pour tous ?

        Oui, frères et sœurs, notre vie ne prend sens que lorsqu’elle s’ouvre à Dieu et aux autres. Si ma vie est un don reçu, c’est pour qu’elle devienne à son tour don pour les autres, don de soi dans l’amour. Tout ce qui m’ouvre aux autres donne naissance à une vie nouvelle, chemin d’espérance, source de communion et de joie. Tels sont les thèmes qui reviennent sans cesse dans les récits des apparitions de Jésus ressuscité : joie, espérance, liberté, confiance, rencontre, repas partagé, célébration, prière, parole libérée, force du témoignage…

       Comme le disait récemment le pape Benoît XVI : «…Il s’agit d’un changement intérieur de l’existence. Cela exige que je ne sois plus enfermé dans mon moi, considérant mon propre épanouissement comme ma principale raison de vivre. Cela exige que je me donne librement à un Autre – et le pape écrit le mot Autre avec une majuscule - pour la vérité, pour l’amour, pour Dieu qui, en Jésus Christ me précède et m’indique le chemin. Il s’agit de la décision fondamentale de ne plus considérer l’utilité et le gain, la carrière et le succès comme but ultime de ma vie, mais de reconnaître en revanche la vérité et l’amour comme critères authentiques. Il s’agit du choix entre vivre uniquement pour moi-même ou me donner… » Et il concluait en réaffirmant que « la vérité et l’amour ne sont pas des valeurs abstraites ; en Jésus Christ elles sont devenues personne. En Le suivant, j’entre au service de la vérité et de l’amour. En me perdant je me retrouve. »

       Qu’ajouter à cela sinon de vous inviter à percevoir autour de vous le témoignage de ceux et celles qui vivent cette foi en Jésus ressuscité et qui font de leur vie, avec générosité et avec joie, un don d’eux-mêmes. Oui, Christ est ressuscité et nous sommes ressuscités en Lui. Laissons cette vie nouvelle envahir et transformer nos existences pour en faire un pain rompu et partagé, un vin qui apaise toute soif et communique la joie. Il vit et il crut… Nous aussi nous voyons et nous croyons !

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article