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Homélie pour le 25è dimanche du T.O A (20 Sept 2020)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Frères et Soeurs,

Normalement le salaire des ouvriers est établi en fonction du nombre d'heures de travail ou de la quantité de travail accompli. Quelle impression vous fait donc ce patron qui traite ainsi ses employés? Il paie tout le monde le même salaire sans tenir compte de l'effort fourni. Nous sommes choqués par ce qui semble être une totale injustice.

Mais attention, il n'est pas question ici de doctrine sociale ni d'équité salariale. Jésus lui-même le dit en introduction : «Le Royaume de Dieu est comparable à… » Alors, qui sont donc ces ouvriers ? Ce sont celles et ceux qui sont appelés à vivre de l'Évangile et à en témoigner. Certains sont très tôt appelés et donnent très tôt une réponse à l'appel du maître de la vigne. D'autres répondront plus tard. Certains au milieu de leur vie, d'autres à la onzième heure, comme le bon larron qui répond aux dernières minutes de sa vie. Mais nous sommes toutes et tous appelés à travailler à la vigne de Dieu. Nous sommes toutes et tous appelés à servir notre prochain selon nos capacités.

En traitant les derniers ouvriers comme les premiers, Dieu leur rend la dignité. Il voit en eux des humains capables d'aimer. Alors, quel est ce salaire qui nous attend ? Le salaire pour lequel nous sommes embauchés, c'est une place dans le Royaume de Dieu. 

Actualisant ce texte en son époque : au temps de Jésus en effet, le judaïsme était la grande religion, et donc beaucoup de juifs pratiquaient la Loi. C’était un dur labeur de contraintes et de sacrifices multiples. Pourtant, c’était pour eux une fierté et un bonheur. Mais voilà qu’avec l’arrivée de Jésus, tous sont accueillis sur le même pied d’égalité, juifs comme païens. Des prostituées et des publicains prennent même les premières places, et il n’y a plus aucun avantage à avoir été juif pieux. On comprend mieux que les ouvriers du premier groupe (ceux qui obéissent à la lettre de la Loi plutôt qu’à son esprit) n'ont pas été capables de se réjouir avec ceux qui sont heureux d'avoir obtenu un denier pour une seule heure de travail. Le bonheur des autres les a rendus plutôt amers et jaloux.

Cette parabole demeure actuelle de nos jours. Une invitation à ne pas nous laisser envahir par un sentiment de supériorité. Aujourd'hui, nous pourrions l'appliquer aux situations suivantes: les chrétiens traditionnels qui regardent d'un mauvais œil tout ce qui s'écarte des pratiques usuelles, les pratiquants de longue date qui ignorent les nouveaux convertis ou ceux venus de l’immigration. Ou bien encore, les bien-pensants qui acceptent mal que les vauriens échappent au sort qu’ils méritent. Au mieux, ils consentent à ce qu’il leur soit fait un peu miséricorde, mais qu’ils soient traités tout comme eux, cela leur est insupportable. Nous voyons trop souvent d’un mauvais œil que Dieu soit si bon. En fait, c’est là notre misère à tous, une misère dont nous avons tous besoin d’être guéris. Mais, qui d'entre nous peut se vanter d'être un ouvrier de la première heure ? Qui que nous soyons, nous ne sommes tous que des ouvriers de la onzième heure ! C'est lorsque nous l'oublions que notre regard devient mauvais.

Nos efforts, nos sacrifices, nos souffrances, nous voudrions bien les comptabiliser pour nous rassurer. Nous pensons que cela nous donne des droits sur le Royaume, et sur l'amour de Dieu.  Eh bien non. Au peuple déporté et découragé, Isaïe a rappelé  que Dieu offre sa grâce à tous. Ouvrons nos yeux, voyons avec joie que Dieu est bon pour tous. Et Pour exemple : Philippes, une toute petite communauté chrétienne, avait été la première ville d’Europe à recevoir le message chrétien durant le troisième voyage missionnaire de Paul. Et pourtant, il y en avait des grandes. Espérons seulement qu'au dernier jour, nous n'entendrons pas la question «pourquoi êtes-vous resté là, toute la journée sans rien faire ?»

 

 

 

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