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Changements sociétaux et évolution de l’École

par Abbé daleb mpassy

publié dans Théologie

L’Église catholique a joué un rôle important dans le développement socio-économique du Burkina Faso. Dans cette partie de l’Afrique occidentale, l’évangélisation intervient pratiquement en même temps que la conquête des territoires entre la fin du xixe et le début du xxe siècle. L’École occupe une place de choix parmi les activités menées par les pionniers de l’évangélisation. En effet, dès leur implantation dans le pays1, les missionnaires Pères Blancs se sont intéressés à l’École comme un moyen d’éducation et d’évangélisation (De Benoist 1987 ; Baudu 1956). Dans la mise en œuvre des initiatives éducatives et scolaires, ils ont été tantôt soutenus, tantôt combattus, et cela en fonction de la nature des relations entre la mission catholique et les différents gouverneurs généraux de la colonie. L’ensemble de l’œuvre scolaire missionnaire a, pour l’essentiel, évolué dans le contexte général de l’Afrique occidentale française (aof) de 1900 à 1958, puis de la République de Haute-Volta (1958-1983) et enfin du Burkina Faso depuis 1983.

En 1922, suite à la réglementation de l’enseignement privé en Afrique occidentale française, les missionnaires se sont officiellement investis dans l’éducation à travers l’École, en fonction des besoins de la mission et de la disponibilité du personnel qualifié pour assurer l’enseignement. Grâce à la Conférence de Brazzaville, des subventions ont été accordées à l’enseignement privé (Compaoré 1995 : 57-58), permettant ainsi un développement de l’œuvre scolaire missionnaire au Burkina Faso. Les difficultés apparues pendant la première décennie de l’indépendance ont plongé l’enseignement catholique dans une série de crises et ont contribué à en ralentir le développement dans sa composante primaire (Compaoré 1989). La persistance de la crise amena les évêques à renoncer à la gestion des écoles primaires catholiques dès la rentrée scolaire d’octobre 1969.

Entre 1969 et 1990, l’enseignement catholique n’a existé qu’à travers les établissements d’enseignement secondaire, essentiellement organisés par les congrégations religieuses. Dans le souci de mieux coordonner les négociations avec les structures étatiques, les chefs d’établissements ont créé en 1969 l’Union nationale des établissements catholiques secondaires (unec)2. Malgré les difficultés rencontrées, cette structure a constitué le principal interlocuteur de l’État pour toutes les questions d’ordre scolaire. À partir des années 1990, l’Église catholique a révisé sa position vis-à-vis de la pastorale scolaire et s’est réorganisée dans la perspective d’un nouveau départ. Dans le souci d’impliquer toutes les structures de base de l’Église, une réflexion a été organisée sur le plan national. Dans le même temps, des négociations se sont engagées avec l’État et avec les autres acteurs du système éducatif sur le rôle et la place de l’enseignement catholique.

Ainsi, après trente années d’absence dans l’enseignement primaire, l’Église catholique revient avec de nouvelles ambitions. Nous nous attachons ici à l’analyse des fondements de son retour. Cette analyse qui s’appuie sur des données de sources écrites et orales cherche, d’abord, à expliquer les raisons qui ont poussé l’Église catholique à se repositionner au sein du système éducatif. Nous examinons ensuite les stratégies qu’elle a mises en œuvre dans le cadre de la refondation, puis nous terminons par une présentation de la situation actuelle de l’enseignement catholique.

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