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Brazza: Une marche contre la pénurie d'eau potable.

par Abbé daleb mpassy

publié dans Actualités

Congo, (Lasemaineafricaine).
Depuis plus d’un mois, la plupart des quartiers de Brazzaville sont confrontés à une pénurie sévère d’eau potable. L’eau ne coule plus dans les robinets de la S.n.d.e (Société nationale de distribution d’eau), l’unique société opérant dans la production et la distribution d’eau potable au Congo. De nombreux ménages, qui attendent indéfiniment que l’eau coule des robinets de la S.n.d.e, sont obligés de débourser de l’argent pour s’approvisionner en eau potable, chaque jour. Jusqu’à présent, ni la direction départementale ni la direction générale de la S.n.d.e, personne n’explique à la population les raisons de cette énième pénurie qui les pénalisent.

Les pénuries d’eau potable au Congo ne sont plus des événements qui interpellent les pouvoirs publics. Quand il y a pénurie, les populations se débrouillent pour s’approvisionner en eau potable, jusqu’à ce que, par la volonté des très hauts placés, les robinets de la S.n.d.e se remettent encore à faire jaillir de l’eau. Les nantis s’arrangent à se construire des bâches à eau et autres systèmes d’adduction pouvant leur permettre d’échapper aux caprices ou aux défaillances de la S.n.d.e. Le reste de la population se débrouille et tant pis pour les maladies qui peuvent survenir. Il y a déjà eu, l’année dernière, des vagues épidémiques du choléra, la maladie des mains sales.

Pourtant, Brazzaville ressemble à une île, parce qu’elle est arrosée par d’innombrables cours d’eau. La ville est même installée sur la rive droite d’un des plus grands fleuves du monde, le fleuve Congo qui a un débit de 42.000 m3 par seconde, le deuxième après l’Amazone. Le Congo possède un très puissant réseau hydrographique. Au regard de ce potentiel, la S.n.d.e ne peut que fournir de l’eau régulièrement à ses abonnés. Malheureusement, depuis les années 80, la société présente des insuffisances à assurer ce service. Les populations sont contraintes de faire recours à l’eau des puits ou des forages souvent impropre à la consommation. Chose curieuse, malgré la pénurie d’eau, les agences de la S.n.d.e continuent de distribuer les quittances dont les montants varient selon le mode d’abonnement (plus de 11.200 francs Cfa pour le bi-pass et plus de 6.000 francs pour les abonnés possédant des compteurs). L’entreprise détenant le monopole d’adduction d’eau potable dans le pays est confrontée à de sérieuses difficultés de fonctionnement. Sa privatisation a été un échec, au début des années 2.000. Aujourd’hui, ses abonnés ne savent plus à quel saint se vouer, tant l’eau potable est devenue une denrée rare.

Selon les statistiques des Nations unies, plus de trois millions et demi de personnes qui vivent dans les pays en développement se heurtent au problème de l’eau impropre à la consommation. 80% des maladies et des états morbides dans ces pays ont pour origine la mauvaise qualité de l’eau. Quatre millions d’enfants meurent, chaque année, avant l’âge de cinq ans, à la suite des maladies diarrhéiques provoquées par la mauvaise qualité de l’eau.

A Brazzaville, la S.n.d.e compte deux usines de production d’eau potable, celle du Djoué construite en 1954, avec une capacité de 1.500 m3 par heure et celle de Djiri inaugurée en 1986, avec une capacité de 2.250 m3 par heure. D’après les renseignements recueillis auprès de l’entreprise, la demande actuelle au niveau de la capitale est de 8.000 m3 par heure. Le déficit est de près de 5.000 m3. Selon les responsables de la société, pour pallier cette difficulté, il est prévu la réalisation de quelques projets, notamment la réhabilitation de l’usine de Djiri, dans une première phase actuellement en cours, et la construction d’une deuxième usine à Djiri, dans une deuxième phase; et le projet d’installation des unités compactes de potabilisation d’eau à Brazzaville appelées «Pota-blocs». C’est un système utilisé par l’armée américaine qui consiste à capter l’eau de surface (donc des rivières) et la traiter rapidement. Cela permettra d’augmenter la production de la S.n.d.e en eau potable. Ces deux unités compactes représentent une solution intermédiaire, avec une capacité supérieure aux deux usines actuelles. Aujourd’hui, la société compte près de 150.000 abonnés à Brazzaville. Il faut signaler aussi que les coupures d’électricité sont une des causes de la rupture de livraison d’eau.

En ce qui concerne la question de l’eau potable au Congo, le seul point positif est que le pays pratique un coût bas du mètre cube vendu aux populations en Afrique. Ce prix est, en effet, de 130 francs Cfa, ce qui permet aux populations de pouvoir y accéder. Seulement, cette eau est rare et c’est là tout le problème.

Philippe BANZ (La Semaine africaine)

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