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Message du Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican lors de sa visite au Congo-Brazzaville : «Vivez dans la paix et le dialogue, cultivez la tendresse de Dieu, sa compassion et non les rancœurs et la haine»

par Abbé Wenceslas daleb mpassy

Message du Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican lors de sa visite au Congo-Brazzaville : «Vivez dans la paix et le dialogue, cultivez la tendresse de Dieu, sa compassion et non les rancœurs et la haine»

Le Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican, a célébré en la basilique Sainte Anne du Congo, samedi 4 février 2017, la messe commémorative du 40ème anniversaire des relations diplomatiques entre l’Etat du Vatican et la République du Congo. Cette messe a été concélébrée par tous les évêques du Congo, par Mgr Francisco Escalante Molina, nonce apostolique au Congo et au Gabon, et une centaine de prêtres venus des différents diocèses du pays.

Les autorités nationales, notamment le Président de la République, Denis Sassou-Nguesso, le Premier ministre, Clément Mouamba, les membres du gouvernement, du corps diplomatique et des corps constitués de la République y ont pris part, aux côtés des religieux, religieuses de différentes congrégations et plusieurs laïcs vêtus, pour certains, de l’uniforme de leurs mouvements d’apostolat respectifs.
Le mot de bienvenue de Mgr Anatole Milandou, archevêque de Brazzaville, l’homélie du Cardinal Pietro Parolin, la remise des présents au Cardinal par l’Eglise du Congo, le mot de remerciements de Mgr Daniel Mizonzo, président de la C.e.c (Conférence épiscopale du Congo) et l’ultime intervention du Cardinal secrétaire d’Etat du Vatican, couronnée par la récitation avec tout le peuple de Dieu de la prière de la consécration du Congo au cœur immaculé de Marie et au cœur sacré de Jésus, ont constitué les grands moments de cette messe solennelle. Le tout sous l’animation des chorales diocésaine Mgr Barthélémy Batantu et Père Paul Ondia de la Paroisse Notre-Dame des Victoires de Ouenzé. Voici, à la demande des lecteurs, l’homélie prononcée par le Cardinal Parolin qui a exhorté les Congolais en ces termes: «Vivez dans la paix et le dialogue, cultivez la tendresse de Dieu, sa compassion et non les rancœurs et la haine».

Homélie du Cardinal PietroParolin

Excellence Monsieur le Président de la République du Congo et Madame,
Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement,
Excellence Monseigneur le Nonce Apostolique au Congo et au Gabon,
Chers Confrères dans l’Épiscopat, membres de la Conférence Épiscopale du Congo,
Messieurs les Membres du gouvernement et du Corps diplomatique,
Chers Prêtres et personnes consacrées,
Chers frères et sœurs,
Distingués invités en vos rangs et qualités,

Nous voici rassemblés dans cette Basilique, monument symbolique dans l’histoire du Congo, pour rendre grâce au Seigneur pour ses bienfaits, pour un double événement au cœur de notre célébration eucharistique: d’abord pour les 40 ans des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l’État congolais; ensuite pour la signature de l’Accord-cadre. Un moment historique dans la vie de nos deux institutions, un moment historique dans l’histoire de l’Église locale qui est au Congo, qui totalise cette année les 134 ans de son évangélisation (1883-2017).

Nous voulons, ici et maintenant, rendre grâce au Seigneur qui par amour pour le Congo et le peuple congolais a envoyé les missionnaires qui, malgré les conditions difficiles et précaires, vous ont annoncé l’évangile du salut.  Nous disons merci au Seigneur pour les 40 ans des relations diplomatiques entre le Congo et le Saint siège. Merci pour le chemin parcouru ensemble, avec l’État congolais,  dans l’entente et la coopération mutuelle malgré la distinction de nos missions et de nos rôles dans le monde et dans la société.
Permettez-moi, de vous adresser aussi les salutations du Saint Père, le Pape François qui, à travers moi, vous envoie, sa Bénédiction Apostolique, sur votre pays, sur vos familles et  sur tout le peuple de Dieu. Il vous remercie aussi pour vos prières constantes et  fidèles à son égard. Moi aussi je vous remercie, pour la qualité de l’accueil, pour votre hospitalité légendaire,  pour la générosité et le témoignage de foi que vous donnez en participant massivement à cette célébration eucharistique. Que Dieu vous bénisse tous.

Monsieur le Président de la République,
Chers frères et Sœurs
Distingués invités,
Distingués invités,
Le 40ème anniversaire de nos relations diplomatiques coïncide providentiellement avec le 40ème anniversaire de la mort du Cardinal Emile Biayenda, bon pasteur et serviteur zélé, apôtre de la paix, mort dans des conditions jusque-là mystérieuses et dont la cause de béatification est en cours. A cette même occasion, nous avons eu la joie, hier, de signer l’Accord-cadre entre le Saint-Siège et l’État congolais.
Cher Peuple de Dieu,
Permettez-moi de vous résumer, en peu de mots, ce que signifie un «Accord-cadre». Cet Accord-cadre que nous avons signé, hier, a pour but de «sceller le cadre juridique des relations entre l’Église catholique et l’état congolais  et vise à réglementer des matières et des questions d’intérêt commun».  En effet, tout en sauvegardant, dans leur ordre, la souveraineté, l’indépendance et l’autonomie, les deux parties (le Saint-Siège et l’État congolais) s’engagent, dans leurs relations, à œuvrer ensemble pour le bien-être spirituel, social, moral et matériel de la personne humaine (et plus particulièrement pour la population congolaise que l’État et l’Église ont le devoir de servir et d’assister); elles s’engagent aussi au «respect des principes de la sacralité de la vie et de la dignité humaine, ainsi que de la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales».
Cet Accord a pour fondement «les normes constitutionnelles de la République du Congo, des Actes du Concile Vatican II, les normes du Droit canonique et des principes internationalement reconnus en matière de liberté, de croyance et de religion».
A travers cet Accord-cadre, le Saint-Siège et l’État congolais s’engagent à collaborer en faveur de la promotion du bien commun et à promouvoir et garantir la personne humaine dans ses droits, dont celui de la liberté du culte, comme dit le concile Vatican II «la personne humaine a droit à la liberté du culte» (Concile Vatican II, Gaudium et spes, n. 2).  
Comme je l’ai dit hier dans mon discours, j’espère que cet accord va renforcer davantage les bons liens de  coopération existant déjà entre nous «en considérant la place de l’Église catholique et de ses fidèles dans la vie nationale au Congo et le rôle de l’Église catholique dans le développement spirituel, socio-culturel et pédagogique du peuple congolais».
Aussi, voudrais-je éclairer que cet accord ne signifie pas l’aboutissement de nos rapports mais marque un pas décisif et une ère nouvelle dans nos relations. D’autres accords pourront  se signer, par la suite, dans les différents secteurs de la vie, toujours dans le cadre de la collaboration et coopération entre les deux institutions (Église et l’État congolais). A travers cet accord-cadre, «l’Église experte en humanité », fidèle à sa mission, pourra  se dévouer librement  à l’annonce de l’évangile, en respectant bien entendu son rôle et sa mission dans la société.
Permettez-moi, en outre, de préciser ceci: la mission de la diplomatie  vaticane n’est pas d’envahir un état, ni moins d’imposer ses idées, mais de veiller à ce que l’ordre voulu par Dieu soit respecté et suivi pour le bien de l’homme lui-même et de la société, pour le bien de la Personne humaine «créée à l’image et ressemblance de Dieu» (Gn 1, 26). Pour le Pape François, le but de la diplomatie pontificale est de «favoriser les relations amicales entre les États, malgré la diversité des orientations constitutionnelles et sociales» (Discours aux participants à la rencontre des Représentants diplomatiques pontificaux, du 17 septembre 2016).
A travers sa représentation diplomatique, le Saint-Siège, fidèle à la mission du Christ confiée à son Église, tente d’être présent dans le monde, pour rappeler et soutenir toutes les initiatives, en vue de la promotion de la personne humaine et de ses droits de justice, de vérité, de vie et de paix. En voyant, aujourd’hui, ce qui se passe dans le monde: la violence, les homicides, les crimes, les attentats terroristes, les guerres religieuses instrumentalisées nous pouvons dire, avec le Pape François, que le monde veut la paix, que le monde a besoin de paix, la «Sainte paix» et non la guerre, ni moins la guerre ou la violence au nom de Dieu qui constitue, «un péché contre Dieu lui-même».
Vous chrétiens et chrétiennes du Congo, soyez donc, à l’image de Saint François d’Assise, les artisans de paix et les messagers de paix dans vos communautés et dans vos familles, comme disent les Évêques du Congo dans le dernier message de leur Assemblée plénière (voir Message de la 45ème Assemblée plénière des Évêques du Congo).

Chers frères et sœurs,
Dans l’évangile de ce jour, Marc nous parle de la compassion de Jésus envers la foule. Sa compassion est l’expression de sa miséricorde infinie et de sa bonté (Misericordiae vultus, n°1).
Durant l’année du Jubilé extraordinaire de la miséricorde, nous avons fait l’expérience de la miséricorde de «Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité» (Ex 34, 6), à travers les gestes de pardon reçu et donné. A la conclusion de l’année jubilaire, le Pape François nous disait que le jubilé est fini, mais la miséricorde de Dieu continue, car Dieu est miséricorde (Misericordia et miseria, n°16).
Alors, à l’image de Jésus miséricordieux, soyez les bons disciples du Christ dans votre société, vivez dans la paix et le dialogue, cultivez la tendresse de Dieu, sa compassion et non les rancœurs et la haine; le partage et non l’égoïsme, la solidarité et non l’indifférence, maladie de notre temps où chacun pense à lui-même. Pour le Pape François, «le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée» (Pape François, Evangelii gaudium, n°2).
Résistez donc à la tentation de l’indifférence et de l’égoïsme. Que le bien de l’autre soit votre bien et que le malheur de l’autre soit votre malheur. D’ailleurs, la première lecture de la lettre aux Hébreux nous exhorte: «N’oubliez pas d’être généreux et de partager. C’est par de tels sacrifices que l’on plait à Dieu». La même exhortation nous est faite dans la seconde lecture centrée sur l’hymne à la charité, comme quoi tout passe, seul l’amour reste et restera.

Chers frères et sœurs, chers chrétiens catholiques du Congo,
Nous savons que votre foi est menacée par la concurrence des autres églises qui pullulent dans vos quartiers. Soyez des fervents chrétiens, des disciples fidèles du Christ. Distinguez-vous par votre conduite et par le témoignage de votre foi vécue et professée. Souvenez-vous de ce que disait le Bienheureux Paul VI: «Le monde d’aujourd’hui a plus besoin des témoins que des maîtres, s’ils sont maîtres, c’est pour avoir été des témoins». Alors, comme les premiers chrétiens de l’Église des origines, soyez exemplaires pour que votre foi soit crédible et authentique. «Fuyez le mal avec horreur et faites le bien», dit Saint-Paul. N’ayez pas peur de témoigner votre foi en Jésus, au contraire soyez les ambassadeurs du Christ dans tous vos milieux de vie. Ayez le courage de parler de Jésus, d’annoncer aux autres la joie de l’évangile (Pape François Evangelii gaudium, n°1).
Pour finir, l’histoire de votre beau pays le Congo nous enseigne que votre Premier Président de la République fut un prêtre, l’Abbé Fulbert Youlou, qui  a eu le privilège de confier le Congo à la Vierge-Marie. Ne perdez pas cette grâce, à tout moment, en toutes circonstances, dans la prospérité et dans les épreuves, confiez-vous à Marie, elle est  «la Reine de la paix (Regina pacis) et la pleine de grâces  (grazia plena)». Que Notre Dame du Congo intercède pour vous, surtout pour les malades et les personnes en difficulté; qu’elle obtienne, pour le Congo, une paix durable, la vraie paix, «la sainte paix».
Que Dieu bénisse le Congo, qu’il soutienne la mission de l’Église catholique qui est au Congo et qu’il accorde à tous les Congolais l’abondance et la plénitude de ses grâces divines. Amen!

Pietro Cardinal PAROLIN
Secrétaire d’État de la cité  du Vatican.

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