Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Homélie pour le Vendredi saint (02 avril 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

La Passion du Seigneur nous offre de méditer sur le mystère de la souffrance. Dieu souffre atrocement pour enfanter la vie. Chaque vendredi Saint, Jésus nous commande de vivre le mystère de sa Croix au centre de notre foi. Par la mort de la Croix, il a pris sur Lui les souffrances de l’homme pour nous inviter à donner un sens divin à toutes nos souffrances humaines.

En effet, cette randonnée du mont Calvaire nous mène jusqu’au pied de la Croix. Heureusement pour nous que nous ne serons pas seuls à cet endroit, car « Près de la croix de Jésus se tenait sa mère » (Jn 19, 25). Et aux côtés de Marie se trouvent « le disciple que Jésus aimait ». Il faut noter qu’il fallait beaucoup d’amour pour se retrouver là au pied de la croix. Mais nous pouvons nous y tenir aussi. Car la force de l’amour brave la souffrance et nourrit l’espérance. C’est une véritable histoire d’amour qui se vit sur la Croix. L’amour de Dieu pour l’humanité, mais aussi l’amour humain envers Dieu, en Jésus, cet être aimé. C’est dire que, le mont Calvaire est le mont des amants. Ainsi, tout amour qui ne prend pas son origine de la Passion du Sauveur est frivole et périlleux.

Célébrer la Passion du Seigneur, ce n’est pas se faire violence une fois par an pour aller assister passivement à un spectacle tragique. Mais célébrer la Passion du Seigneur, c’est essentiellement vivre une conversion. Une maman me disait un jour au Congo : « pendant les fêtes pascales, je cherche à ne plus penser à moi et à m’occuper de Jésus. Je ne veux pas lui parler de mes problèmes, j’aurais l’impression de lui en rajouter sur les épaules, lui qui souffre tant. » Cette parole touchante était, à mon sens, le signe d’une délicate amitié avec le Seigneur. Pourtant si nous venons célébrer la Passion de Jésus, ce n’est pas simplement à la manière dont on va consoler un ami. Car des consolateurs, Jésus n’en a pas besoin aujourd’hui. Ce qu’il veut, c’est que nous comprenions nous aussi, comme la foule, que ce sont nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé ; ce qu’il veut, c’est que nous fassions le lien entre sa vie et notre vie. Inutile donc de penser que nous allons lui en rajouter par nos problèmes : au contraire, notre conversion, c’est de reconnaître que nous sommes impliqués dans la Passion de Jésus. C’est pour nous que le Christ a souffert (1P 2,21). Sa Passion, c’est sa Passion d’Amour pour nous, pour chacun et chacune.

Frères et sœurs, nous sommes exactement dans la posture de Pierre hier soir, au dernier repas : « Laisserons-nous le Seigneur nous laver les pieds ? Allons-nous enfin lui présenter tous nos fardeaux et nos péchés en reconnaissant qu’il les a déjà portés par anticipation ? ». Célébrer la Passion du Seigneur, au fond, c’est se laisser sauver par Jésus. Quand nous allons venir en procession dans quelques instants pour vénérer la Croix de Jésus, ouvrons notre cœur et déposons au pied de la Croix ce qui nous empêche d’accueillir son amour. Alors la Passion d’Amour de Jésus ne sera pas vaine pour nous. Alors, oui, cette année, nous aurons pleinement célébré la Passion du Seigneur.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article