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Homélie pour le Jeudi-Saint (1er avril 2021)

par Abbé Venceslas Daleb Mpassy

Chers Frères et Soeurs,

Les quatre évangélistes ont raconté cette dernière soirée, du Jeudi saint. Mais ils l'ont fait d'après des traditions différentes. Selon l'une de ces traditions, dont St Jean est le grand témoin, le dernier repas fut un repas d'adieu, au cours duquel le Maître, en un geste symbolique - lave les pieds de ses disciples. L'autre tradition, dont les évangiles synoptiques font écho, parle de cette soirée en ne mentionnant que le dernier repas comme - institution de l’eucharistie.

Sans se contredire, les deux traditions se réfèrent au même événement, à savoir le don que Jésus a fait de sa propre vie aux siens, dans le service et dans son être. En disant ces paroles : « Faites cela en mémoire de moi », Jésus ne demande pas seulement de reproduire un rite; mais il invite les siens à communier vraiment à son don, en se faisant eux-mêmes serviteurs, les uns des autres et en donnant leur vie pour leurs frères. La tradition nous rapporte qu’une discussion, en effet, s'était élevée au cours de ce repas, entre les disciples. Il s'agissait de savoir lequel d'entre eux pouvait être tenu pour le plus grand. Et Jésus qui les écoutait, leur dit enfin : « Les rois des nations leur commandent en maîtres, et ceux qui dominent sur elles se font appeler bienfaiteurs. Entre vous, rien de tel. Mais que le plus grand parmi vous prenne la place du plus jeune, et celui qui commande la place de celui qui sert. Lequel, en effet, est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Or moi, je suis au milieu de vous à la place de celui qui sert » (Lc 22, 24-27).

Ce soir-là, Jésus accomplit donc une tâche très souvent assurée par les esclaves. Aussi, en se levant de table, il « dépose ses vêtements, et prend une serviette qu’il noue autour de sa taille ». Cette tenue était celle que revêtaient les esclaves pour accomplir leur fonction. Mais voici que Pierre le regarde et réagit : « Toi, Seigneur, me laver les pieds ? » Pierre a un sens de la hiérarchie, selon lequel il y a des gens en haut et des gens en bas. (…) Il a un sens de ce que sont nos sociétés et parfois même notre Eglise: la vision d’une pyramide. Quelques personnes en haut et une foule immense en bas. Ceux qui sont en bas sont ceux qui sont inutiles, les personnes avec des handicaps, les malades mentaux peut-être, les chômeurs, les immigrés, les pauvres, ... Vu sur cet angle, Pierre ne veut pas se laisser laver les pieds par son Seigneur, car ce n’est pas dans l’ordre des choses. L’attitude de Pierre est donc une réaction normale et naturelle.

Mais ce qui est plus surprenant, c’est la réaction de Jésus : « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi ». D’où la question fondamentale à nous poser aujourd’hui : Pourquoi Jésus nous lave-t-il les pieds et pourquoi demande-t-il que nous nous lavions les pieds les uns aux autres ? Serait-ce un signe pour transmettre l’amour, ou un moyen pour enseigner le service de l’autorité, ou encore un moyen pour transformer la pyramide en un Corps.

Notons que quand il s’agenouille devant les pieds de ses disciples Jésus sait que le lendemain il sera mort. Mais il veut avoir un moment avec chaque disciple. Pas seulement pour dire au revoir. (…) Il veut les toucher, toucher leurs pieds, toucher leurs corps, les toucher avec tendresse et amour. Il dit peut-être une parole à chacun, il les regarde dans les yeux. Il y a eu là un moment de communion. Il leur révélait, d’une façon spéciale, son amour pour eux. Mais il leur révélait aussi que chacun d’eux était beau, choisi, et aimé, pour continuer cette mission, qui est la sienne : annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, la liberté aux prisonniers, redonner la vue aux aveugles, la liberté aux opprimés, et annoncer une année de grâce et de pardon. C’est dire que le lavement des pieds et l’institution de l’Eucharistie sont intimement liés. « Nous sommes appelés à manger le Corps du Christ pour pouvoir nous laver les pieds les uns aux autres ».

Lorsque Jésus lave les pieds de ses disciples, il veut montrer que c’est leurs cœurs qu’il veut purifier. Il ne juge pas, ne condamne pas ; il purifie. Il veut seulement que nous soyons un peuple de la résurrection – des personnes debout (…) qui croient au don de Jésus pour pouvoir apporter ce don à notre monde brisé ».

 

 

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